"Rendez-nous notre industrie pour recréer les millions d’emplois que vous avez détruits, relancer notre économie, sauver nos régimes de protection sociale et nous soustraire de l’emprise des marchés financiers"
Entrée principale du Palais de l'Elysée - Wikimedia - EX13 - CC
Nous souhaitons que la France soit réindustrialisée afin de recréer les emplois indispensables à l'équilibre de notre économie.
En effet, en adoptant une stratégie tendant à réduire les coûts, il serait tout à fait possible de produire à nouveau dans notre pays, une part importante de nos vêtements, meubles, canapés, literie, électroménager, articles de décoration et loisirs, jouets et bagages.
Un libre échange régulé et plus équitable pourrait également contribuer à la renaissance de cette industrie.
Notre mouvement s'est donné pour mission de rassembler économistes et élus de Gauche, Droite ou Centre, convaincus de la nécessité de réindustrialiser notre pays, mais aussi organisations associatives citoyennes et syndicales voulant lutter contre le chômage.
Ensemble, nous constituerons force de propositions et interpellerons les pouvoirs publics sur l'urgence de relancer notre industrie manufacturiére des biens de consommation.
Une volonté politique plus forte permettrait de sauver nos régimes de protection sociale, de réduire notre déficit public, de nous soustraire de l'emprise des marchés financiers et pourrait enfin redonner espoir à nos nombreux concitoyens sans emploi.
Paris, le 2 juillet 2012
Francis JOURNOT
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Ford, Ascoval: "Quand Macron
et Le Maire découvrent les dégats
de leur propre idéologie"
Le Figaro/Tribune par Francis Journot, publiée le 4 mars 2019 - Après le refus de Ford d'accepter l'offre de reprise de son usine de Blanquefort, Francis Journot, ardent défenseur de la cause industrielle, dénonce l'angélisme du gouvernement qui, selon lui, s'indigne des dégâts liés à une idéologie qu'il continue de chérir.
A propos de la fermeture du site de production de Blanquefort (Gironde), le gouvernement a jugé l’attitude de Ford indigne, celle de l’Etat néerlandais après sa montée à 14 % du capital d’Air France/KLM inamicale et s’est estimé trompé lors de la reprise avortée d’Ascoval. Mais les reproches et la posture protectionniste envers les Pays-Bas peuvent toutefois étonner si l’on songe à l’énergie par ailleurs déployée par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire au cours des dernières semaines pour privatiser les fleurons français très profitables Aéroports de Paris (ADP), la Française des jeux (FDJ) et ENGIE. Il est également permis de douter d’une réelle préoccupation d’Emmanuel Macron pour le patrimoine industriel. Le jeune Secrétaire général adjoint de l’Elysée qui envisageait la vente du stratégique pôle énergie du fleuron industriel Alstom (65 000 salariés) à l’américain General Electric (GE) dès 2012, commandait alors discrètement un rapport au cabinet AT Kearney de Chicago en octobre. Puis favorisait lors de son passage à Bercy en tant que ministre de l’Economie, la cession du leader mondial des télécoms et réseaux Alcatel-Lucent (62 000 salariés) au norvégien Nokia et la fusion du spécialiste de l’ingénierie pétrolière et gazière Technip (37 500 salariés) avec le texan FMC mais le siège déménageait à Londres.
Depuis le début du quinquennat de l’ancien président de la république François Hollande, 1 millier d’usines comptant souvent plusieurs centaines d’ouvriers ont fermé et laissé de nombreux territoires exsangues. 1.5 à 2 millions d’emplois industriels directs, indirects et induits ont disparu en 10 ans. La fermeture des sites de production Ford et Ascoval pourrait mettre au chômage 1 200 personnes et impacter encore trois fois plus d’emplois indirects et induits. Les 750 salariés des Fonderies du Poitou retenaient leur souffle ce jeudi 28 février en espérant un repreneur. Ces sujets s’invitent inopportunément dans l’actualité à moins de 3 mois des élections européennes mais le gouvernement ne changera pas sa politique économique pour autant. Cette dernière semble consister maintenant, à défaut de soutenir l’industrie française, à surtout encourager au moyen de subventions, une multiplication des FUSAC (fusions et acquisitions) pourtant souvent prédatrices, d’acheteurs étrangers. Certes, cela augmente l’investissement en France et permet de prétendre que l’élection d’Emmanuel Macron a généré une hausse de l’attractivité, mais ces aventures se soldent souvent par des fermetures d’usines. On peut en effet s’interroger à propos de l’angélisme de responsables politiques qui, après avoir introduit le loup dans la bergerie, s’indignent ensuite. Mais on ne peut alors empêcher les investisseurs d’estimer qu’en l’absence d’aides suffisantes, le maintien de l’activité sur le site français n’est plus économiquement justifié ou de disposer librement dans leurs pays respectifs, des brevets, marques et savoir-faire acquis dans l’hexagone.
34 plans industriels et Usine du futur pendant la campagne d’Emmanuel Macron ou aujourd’hui plan d’accompagnement du renouveau industriel local pour 124 territoires, les projets de relance de l’industrie annoncés à grand renfort médiatique s’avèrent généralement peu efficaces. Faiblement financés, ils entretiennent surtout l’illusion d’une volonté industrielle destinée à masquer l’impuissance gouvernementale. Pour exemple, le dernier programme annoncé fin 2018 qui affiche l’ambition de couvrir 30 % du territoire et 48 % des emplois industriels, est doté de 1.3 milliard d’euros quand un plan structuré d’envergure qui comprendrait un investissement annuel de 10 à 15 milliards d’euros serait indispensable pour réindustrialiser et éradiquer un chômage de masse qui touche à des degrés divers, près de 10 millions de personnes. Si l’on considère qu’un bénéficiaire de minimas sociaux et un chômeur indemnisé coûtent respectivement à la collectivité, selon les dépenses connexes prises en compte, environ 10/12 000 et 30/32 000 euros (DPE) par an en moyenne, il apparait alors certain qu’il serait plus avisé de financer massivement l’activité au lieu de l’inactivité pour ainsi renouer avec un cercle économique vertueux. Certes, nous devrions pour cela prendre quelques libertés avec les règles de Bruxelles mais la Commission européenne n’ignore pas non plus qu’un affaiblissement continu de la deuxième économie de la zone euro conduira immanquablement à une mise en danger de l’ensemble de la construction européenne.
Les déficits budgétaires, la baisse du pouvoir d’achat, le chômage de masse et l’extrême pauvreté, la désertification et le recul des services publics ainsi que l’augmentation de la dette ne sont que les conséquences de choix politiques et économiques entamés il y a plusieurs décennies, préconisant l’abandon d’une industrie pourtant hautement structurante dans les territoires au profit des services. Le Grand Débat aurait pu constituer une chance historique de générer une union nationale autour d’un nouveau projet mais Emmanuel Macron reste fidèle à cette vielle ligne idéologique.
Francis JOURNOT Associations citoyennes www.vetements-made-in-france.com, www.international-convention-for-minimum-wage.org , www.rendez-nous-notre-industrie.com , Collectivité Nationale
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Macron bradera-t-il
l'industrie et la France ?
FIGARO ECONOMIE Par Francis Journot Publié le 07/07/2017
Figaro/Tribune - Pour Francis Journot, le nouveau pouvoir en place n'a pas de véritable ambition industrielle et « l'élection d'Emmanuel Macron peut faire craindre le pire » pour l'industrie française.
Le sens de l'État et de l'intérêt général semble de moins en moins peser dans les choix politiques. Notre pays est depuis quatre décennies, progressivement privé de ses prérogatives et dépossédé d'intérêts stratégiques mais l'élection d'Emmanuel Macron peut faire craindre le pire.
Une absence de vision et d’ambition industrielle
Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron s’est peu exprimé à propos de stratégie industrielle. Aussi faut-il se référer à la période durant laquelle il occupait successivement les postes de Secrétaire général adjoint à l’Elysée et de ministre de l’Economie et de l’Industrie. Mandaté par le gouvernement, le cabinet américain McKinsey élaborait 34 plans industriels. Le programme mutait ensuite vers 10 solutions de la nouvelle France industrielle, puis l’Usine du Futur et enfin l’industrie du Futur que des start-up pourraient générer. Néanmoins, on peut penser que ces plans industriels sans lendemain, faiblement financés mais annoncés à grand renfort médiatique, étaient surtout destinés à entretenir l’illusion d’une volonté industrielle.
Les dirigeants n’ont probablement pas attendu les recommandations de l’ancien inspecteur des Finances pour envisager de moderniser leurs usines mais en suggérant un manque d’anticipation des entreprises, la responsabilité gouvernementale en matière de désindustrialisation était ainsi atténuée. Il n’est pas certain que l’homme pressé ait réellement appréhendé la complexité et le temps long du développement industriel ou les conséquences de la disparition de géants technologiques parfois centenaires.
Dans une tribune publiée en septembre 2011 dans "Marianne", nous interrogions, " Le PS veut-il vraiment réindustrialiser la France ? ". Mais au lendemain de l’élection de François Hollande, le profil des plus proches conseillers dont celui du poulain de Jacques Attali, ne nous permettait plus d’espérer raisonnablement une politique de réindustrialisation même si la nomination d’Arnaud Montebourg au ministère de l’Economie, pouvait donner le change. On observe dans le nouveau gouvernement, l’absence de ministère ou de secrétariat d’Etat dédié à l’industrie et on peut subodorer que cette dernière sera souvent oubliée.
Industries du futur contre industries d’hier ?
Le pragmatisme doit primer et Il ne semble guère pertinent d’opposer une industrie du futur certes plus compétitive mais qui ne crée que peu d’emploi, à des activités susceptibles de procurer du travail à une abondante main d’œuvre souvent peu diplômée et peu qualifiée dont le nombre croissant et le ressentiment de plus en plus difficile à contenir, aggraveront les désordres économiques. Il convient de chercher un équilibre dans un marché du travail devenant bipolaire.
La dédaigneuse et récurrente assertion selon laquelle nous devrions considérer les industries manufacturières des biens de consommation comme dépassées, est significative d’une volonté manifeste de condamner celles-ci à la disparition. Dès le début des années soixante-dix, le discours politique conseillait un abandon de la production de nos biens de consommation aux pays émergents et promettait déjà une nouvelle France industrielle. Puis la politique industrielle préconisée au début des années 2000 par le PDG d’Alcatel Serge Tchuruk faisait également école. Le dirigeant du numéro un mondial de la fibre optique et géant des télécom avec 130 sites industriels et 150 000 salariés, avait déclaré "Alcatel doit devenir une entreprise sans usine". 30 usines et 58 000 salariés étaient rescapés du naufrage industriel.
D’autres groupes industriels choisissaient aussi de confier leur production à des sous-traitants de pays à bas coûts au lieu de continuer à investir dans leurs usines. La France compte maintenant cinq fois moins de robots industriels que l’Allemagne et deux fois moins que l’Italie. Certes, les PME et ETI de l’industrie souhaitent rénover leurs installations mais les banques rechignent à financer des investissements lourds de sous-traitants qui ne peuvent garantir que les donneurs d’ordres rempliront les carnets de commandes. En 2008, les Etats généraux de l’industrie ont exclu des secteurs entiers de l’industrie manufacturière des biens de consommation dont les métiers disparaissent désormais, faute de financements publics et privés.
L’idéologie a remplacé la stratégie industrielle et la politique adoptée ne s’appuie guère sur un fondement économique sérieux. L’économie d’un pays qui ne produit plus repose sur des sables mouvants. Le secteur des services n’échappe pas non plus aux délocalisations et les startups créées ne comblent guère le déficit de croissance et d’emploi. En témoignent maintenant, le déséquilibre de notre balance commerciale, le poids croissant de l’impôt et de cotisations pesant sur un nombre de plus en plus restreint de salariés et d’entreprises qui subséquemment, sont de moins en moins compétitives, le coût d’un chômage qui plombe toute l’économie puis l’augmentation des déficits et de la dette. Le dogme du libre-échange dérégulé, invoque souvent un manque de compétitivité cependant pas toujours avéré et occulte les coûts cachés.
Il serait pourtant tout à fait possible, en usant des mécanismes de mutualisation et de péréquation que nous préconisons, de produire à nouveau en France, une part plus importante de nos biens de consommation.
Pour juguler l’hémorragie, il faut d’abord une volonté politique
Une volonté politique de protéger les entreprises françaises existantes de l’assaut de fonds prédateurs ou de groupes hostiles, est indispensable. Certes, depuis le traité de Maastricht, les restrictions relatives aux mouvements de capitaux entre états membres ou pays tiers sont interdites mais nous pourrions pourtant dans certains cas, parvenir à protéger nos entreprises ainsi qu’Arnaud Montebourg avait tenté de le faire avec le décret de mai 2014 protégeant les intérêts stratégiques.
Autre exemple, le démantèlement de l’empire Taittinger depuis son acquisition en 2005 par le fonds d’investissement américain Starwood. La famille Taittinger avait été contrainte à la vente de ses biens pour s’acquitter de l’ISF. Elle avait finalement empoché 428 millions d’euros avant impôts mais la vente par appartement aura rapporté 7 à 8 fois plus à Starwood. La cristallerie Baccarat créée sous Louis XV qui est passée sous pavillon chinois moins de trois semaines après l’investiture d’Emmanuel Macron, pourrait symboliser la politique gouvernementale passée et à venir. La vente du célèbre cristallier au fonds chinois Fortune fountain capital (FFC) clôture la liste qui comprenait déjà la marque de champagne éponyme et les parfums Annick Goutal mais aussi les palaces Le Martinez, Le Crillon, Le Palais de la Méditerranée, les cinq étoiles Concorde, l’Hôtel du Louvres et Le Lutetia, vendus pour la plupart à des investisseurs Qataris. Les 1120 hôtels du groupe Louvres Hôtels (enseignes Première Classe, Kyriad, Campanile, Tulip in, Golden et Royal) ont été cédés en mars 2015 au fonds chinois Jin Jiang, propriété de la municipalité de Shanghai, avec la bénédiction des ministres Laurent Fabius et Emmanuel Macron. Encouragé par ce succès, le fonds de Shanghai veut maintenant mettre la main sur le premier groupe hôtelier français Accor qui compte 4 100 hôtels et 240 000 collaborateurs.
Les industries high-tech ne sont pas davantage à l’abri de la vente ou de la délocalisation de leur activité. Lors de son passage à Bercy, Emmanuel Macron a également favorisé la vente du stratégique pôle énergie du fleuron industriel Alstom (65 000 salariés) à l’américain General Electric (GE), celle du leader mondial des télécoms et réseaux Alcatel-Lucent (62 000 salariés) au norvégien Nokia et la fusion du spécialiste de l’ingénierie pétrolière et gazière Technip (37 500 salariés) avec le texan FMC et le déménagement du siège à Londres.
Ces fautes stratégiques majeures apparaissent d’autant plus incompréhensibles que nous évoluons dans un climat de guerre économique mondiale particulièrement prédatrice envers l’industrie française et que nous avons déjà subi la perte de nombreux poids lourds de l’économie.
Plan d’austérité, blocage du pays puis braderie des biens de l’Etat, l’histoire pourrait se répéter
Le président Macron a promis à la chancelière Merkel de rester en dessous du plafond de 3 % de déficit budgétaire et d’appliquer les mesures d’austérité conformes aux grandes orientations de politique européenne (GOPE). Mais l’histoire se répétera-elle ? Le premier ministre Edouard Philippe sera-t-il bientôt confronté à des difficultés semblables à celles rencontrées par son mentor politique Alain Juppé, autrefois premier ministre sous la présidence de Jacques Chirac ?
En septembre 1995, le chef du gouvernement s’engageait auprès de Bruxelles à ramener en 2 ans le déficit public à 3 % du PIB mais en décembre près de 2 millions de français descendaient dans la rue pour protester contre son plan d’austérité. Afin de respecter la limite de déficit imposée par le traité de Maastricht, Il vendait des entreprises industrielles pour renflouer les caisses. Mais la privatisation du joyau Pechiney (aluminium) ne rapportait que 3,8 Mds de francs à l’État. Usinor-Sacilor n’était vendu que 10 Mds alors que le développement et les sauvetages successifs de la sidérurgie avaient couté plus de 100 Mds de francs aux contribuables français. Puis la première compagnie maritime française (CGM) était cédée pour seulement 20 millions après que l’Etat ait injecté 1,2 Md. Alain Juppé tentait en vain, la même année, de vendre au Sud-Coréen Daewoo, pour 1 franc symbolique, le fleuron technologique national Thomson après une recapitalisation de l’Etat à hauteur de 11 Mds de francs.
Gestion budgétaire à la petite semaine
La dette publique de la France s’élève à 2 200 Mds auxquels il faut rajouter les engagements hors bilan de l’Etat dont le montant dépasse 3 000 Mds d’euros. Selon une communication de la Cour des comptes au Sénat, fin 2012 un engagement de 1679 Mds concernait les pensions de retraite des fonctionnaires, personnels des armées et agents de la poste et 1 400 Mds relevaient de garanties financières à destination d’acteurs économiques. Par ailleurs, le paiement des intérêts de la dette (charge de la dette) qui avoisine 50 Mds d’euros depuis quelques années, constitue souvent le premier ou deuxième poste de dépenses de l’État. Lorsque l’on ajoute un remboursement annuel moyen de capital de 100 Mds, les annuités (service de la dette) atteignent 150 Mds d’euros soit l’équivalent de la totalité de la dotation annuelle de l’éducation, défense, santé, emploi, justice, etc.
La vente de participations de l’Etat dans les entreprises, ne désendetterait pas notre pays de façon significative, n’assurerait guère la sauvegarde de notre modèle social et ne nous exonérait pas non plus de l’austérité. Seul un changement de paradigme économique incluant une relance massive de la production de biens en France, nous permettrait de renouer avec une vraie croissance susceptible de faire reculer le chômage, le déficit public et la dette.
Mais le rythme des cessions de biens publics ne ralentit pas. La loi Macron d’aout 2015 a permis la privatisation de plusieurs aéroports. Ainsi l’Etat français a cédé au consortium chinois Casil, 49.9 % du capital de l’aéroport Toulouse - Blagnac (ATB) pour un montant de 308 millions d’euros. Désormais, conformément au pacte d’actionnaires, le conglomérat chinois contrôle le quatrième aéroport régional français dont il est maintenant accusé d’en piller les réserves et de préparer l’éviction des autres actionnaires. La privatisation des aéroports de Lyon et Nice a rapporté 1.76 Md d’euros et l’Etat a encore récolté 738 millions d’euros lors de la vente de 9.5 % des parts des Aéroports de Paris (ADP) puis à la fin de l’an dernier, Bercy avait même envisagé la cession de la moitié des 51 % encore détenus.
Après la dilapidation d’une part importante de notre patrimoine au cours des dernières années, on peut redouter que l’ancien banquier d’affaires ne vende au gré des sollicitations de la Commission européenne et à tour de bras, d’autres biens de la collectivité dont une majeure partie des 100 Mds d’euros de participations de l’état dans des entreprises parfois stratégiques, toujours plus d’immobilier, notre réserve d’or et peut être à l’instar de la Grèce, des ports maritimes, des forêts ou des sites culturels et historiques.
Francis Journot pour les Associations citoyennes www.vetements-made-in-france.com, www.international-convention-for-minimum-wage.org , www.rendez-nous-notre-industrie.com , Collectivité Nationale
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Nouvelles villes chinoises en France
deux ans plus tard,
où en est leur implantation ?
Par Francis Journot publié le 9 aoùt 2016
Capture d'écran du site 'EuroSity
Dans une tribune parue en octobre 2014 dans "Marianne", Francis Journot tirait la sonnette d’alarme à propos de projets d’implantation de milliers d’entreprises chinoises au sein des mégazones EuroSity à Châteauroux, dans l'Indre, et TerraLorraine en Moselle. Qu’en est-il deux ans plus tard ?
Châteauroux, bientôt premier entrepôt européen du "made in China" ?
Les dernières autorisations d’installation d’une au cœur de la communauté d’agglomérations de Châteauroux, sont attendues cet été. La base logistique pourrait voir le jour avant la fin de l’année. Elle serait érigée au sein d’une surface totale de 4.4 millions de mètres carrés, située à Ozans et principalement dédiée à l’importation de produits «made in China» en Europe. Une ligne directe Chine-Châteauroux desservirait l’ancien aéroport de l’OTAN implanté dans la zone.
Nous avions, lors de la rédaction de l’, mis en garde les acteurs publics contre le danger de ce projet habillé pour faire bonne figure. La promesse d’investissement en 2012 de avait déjà été divisée par deux en deux ans. Depuis le projet a été amputé et les Chinois n’apporteront pas les 200 millions qu’ils avaient promis en juin 2014. En effet, il apparait aujourd’hui, que les improbables usines et leurs emplois industriels ne verront pas le jour et que la transformation du Château d’Ozans en hôtel 4 étoiles est oubliée. Le projet de nouvelle université qui devait abriter 6 000 à 8 000 étudiants a été revu à la baisse. Les anciens bâtiments militaires de la Martinerie ont été réquisitionnés et seront décorés avec des éléments récupérés dans d’anciennes expositions. Ainsi, les 50 élèves chinois de la rentrée 2016 trouveront refuge dans cette école improvisée mais baptisée « Pôle d’enseignement supérieur international de la Martinenie ». Cependant, le centre d’innovation et de technologie (CITECH) de 3700 m2 est achevé et les plateaux sont en vente (2500 €/m2).
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Mais c’est la collectivité qui devra payer le plus lourd tribut. L’agglomération de Châteauroux a prévu d’investir 91 millions sur 15 ans en achat de terrains, voieries et rénovation. Le département de l’Indre devait mobiliser 15 millions d’euros pour les routes d’accès. Mais d’autres subventions pourraient s’ajouter dont celles concernant l’enseignement ou les R&D. Par ailleurs, les entreprises chinoises qui s’installeraient, bénéficieraient de nombreuses aides publiques dont et de crédits d’impôt. Cependant, il est à craindre qu’une simple activité d’importation probablement robotisée et peu gourmande en emplois, ne génère pour les castelroussins que quelques dizaines ou peut-être 200 ou 300 postes de travail si l’on inclut les cadres et employés chinois. Mais celle-ci pourrait détruire à terme dans l’hexagone, plusieurs milliers ou dizaines de milliers d’emplois industriels, indirects et induits avec un coût final pour le contribuable français, qui pourrait atteindre chaque année, plusieurs milliards d’euros.
Selon un article du journal , publié en décembre 2014, la vente des terrains et bureaux devaient rapporter 2 milliards d’euros à la SFECZ, société foncière chinoise qui commercialise le projet EuroSity. Cependant, les entreprises chinoises ne semblent pas encore se bousculer. Le site de vente en ligne Ali Baba souvent montré du doigt pour ses pourrait s’y installer mais interrogé en janvier 2016 par , le maire (LR) de Châteauroux, Gil Avérous déclarait : « Je n'ai pas le nom des entreprises qui doivent s'y installer. Il y a des contacts avancés, j'en ai rencontré mais il n'y a pas d'implantations signées ». Mais peut-être est-t-il prématuré d’y voir un signe d’échec. Des centaines d’entreprises importatrices chinoises pourraient, lorsque la plateforme sera construite, affluer en quelques semaines.
Abandon du projet Terra Lorraine en Moselle
Le Pharaonique projet Terra Lorraine porté par le fonds d’investissement luxembourgeois Comex Holding, a été abandonné en décembre 2015. L’émergence du e-commerce et le repli du marché chinois étaient alors évoqués.
L’installation de 2 000 et à terme 20 000 entreprises chinoises qui auraient importé 500 puis 5 000 containers soit plus de 20 millions de tonnes de marchandises par an, aurait provoqué la disparition en France et en Europe, de milliers voire de dizaines de milliers d’ateliers et d’usines.
Le double jeu d'Arnaud Montebourg
Pourtant, lorsqu’il était ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg s’était entretenu à ce sujet avec le dirigeant de Comex Holding Régis Passerieux. Cet avocat d’affaires, énarque et ancien maire (PS) d’Agde qui a marié le chantre du made in France en 1997, avait révélé en avril 2013 : «»
On aurait pu attendre du candidat à l’élection présidentielle de 2012 qui prônait la démondialisation, moins de bienveillance envers des projets mortifères pour l’industrie made in France. Nous ne pouvons désormais que partager le doute d’entrepreneurs et ouvriers de l’industrie qui le soupçonnent d’exploiter à leurs dépens, le thème du made in France, pour nourrir son ego et servir son ambition politique. Bien qu’il ait, durant son passage au ministère de l’Economie, surtout démontré son impuissance et collectionné les revers, l’amateur de coups médiatiques a malgré tout profité de sa surmédiatisation, pour associer le plus souvent son nom au patriotisme économique. Pour cela, il n’a pas hésité à dégrader sa fonction ministérielle en s’affichant en marinière ou en insultant ses interlocuteurs, forçant souvent le trait jusqu’à la caricature.
Mais les polémiques entretenues et les déclarations enflammées n’ont que brièvement ou jamais fait illusion. Il est peu certain que l’éventuel candidat à la primaire socialiste qui attend les idées des internautes pour abonder son «Projet France», soit doté d’une réelle vision économique. Celui-ci semble avoir cherché tout au long de sa carrière politique, l’axe de communication qui lui permettrait de se démarquer des autres élus du PS et le mènerait à l’Elysée. Aussi, bien qu’il soit maintenant permis, à la lumière de la déclaration de Régis Passerieux, de douter de la sincérité de son engagement pour l’industrie française, Arnaud Montebourg persiste à se raccrocher au slogan made in France dont il galvaude le sens jusqu’au ridicule. Mais on peut comprendre que l’ancien député de Saône et Loire ne soit pas prêt à prendre le risque de cesser d’exploiter ce filon médiatique sans lequel il ne représenterait plus rien.
Qui paiera la gabegie ?
Aucun des prétendus défenseurs du made in France ne s’est opposé à l’installation des megazones d’importation et nous avons alors dû combattre seuls les deux projets EuroSity et Terra Lorraine, en révélant dans la presse ces scandales financiers, en interpellant le Président de la Cour des Comptes Didier Migaud ainsi que les présidents des chambres régionales des comptes (CRC) mais aussi en contactant le président de la Commission Européenne Jean Claude Juncker et près de 700 députés européens dont l’industrie manufacturière des pays respectifs aurait été menacée.
Aujourd’hui, nous sollicitons officiellement à nouveau Pierre Van Herzele, président de la CRC de la région Centre-Val de Loire afin qu’il diligente un contrôle jugeant de l’efficience des deniers publics dépensés dans le cadre du projet EuroSity et relève, en cas de faute de gestion ou d’imprudence, la part de responsabilité des décideurs et gestionnaires publics.
Mais si l’on pense que les engagements financiers chinois n’ont pas été tenus et que les élus locaux ont été abusés, peut-être convient-il aussi de réclamer à la SFECZ, filiale du fond souverain chinois Beijing Capital Group (BCG) dont le principal actionnaire est la ville de Pékin, le remboursement des sommes indûment dépensées par notre collectivité.
Francis Journot est membre fondateur des mouvements "" et "". Il est également membre des associations "" et "".
Un projet pour reconstruire
la France après la dislocation
de l'Union européenne
Par Francis Journot Publié le 20/05/2016 dans le Figaro Economie
Pour Francis Journot, la fin de l'UE et de l'euro est inéluctable. Celle-ci pourrait permettre, selon lui un phénomène de réindustrialisation massive de la France et une création d'emplois.
La multiplication des crises de l'euro et de l'UE peut faire présager une issue inéluctable. Une explosion de la bulle monétaire, un effondrement de la monnaie unique, la crise migratoire, un Brexit ou un Grexit pourraient sonner le glas de l'Union Européenne. Mais dans une France désormais affranchie de la contrainte des traités européens, peut-être pourrions-nous enfin réindustrialiser et ainsi entreprendre l'éradication du chômage de masse. Lire la suite
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Les entreprises britanniques de plus en plus favorables au Brexit ?
A quelques semaines du référendum du 23 juin, l'écart entre le nombre d'entreprises britanniques favorables et celles opposées au Brexit se réduit, indique une enquête publiée mardi par la Chambre de commerce britannique (BCC).
Alors que plusieurs études affirment que les patrons britanniques se disent majoritairement opposés au Brexit, une nouvelle enquête publiée mardi par la Chambre de commerce britannique (BCC) vient affirmer que le nombre d'entreprises en faveur d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE) progresse.
Par la Tribune 10/05/2016
La BCC, l'une des deux plus importantes organisations patronales du pays, explique que 37% de ses membres comptent voter "non" au référendum du 23 juin sur le maintien du pays dans l'UE, selon un sondage mené début avril, pour 30% lors du précédent sondage conduit entre le 23 janvier et le 4 février. La part des entreprises favorables au maintien dans l'UE est elle tombée de 60% à 54% en avril.
"Bien qu'une claire majorité des entreprises interrogées continue d'exprimer une préférence pour le maintien dans l'Union européenne, l'écart entre le "maintien" et la "sortie" de l'UE s'est considérablement réduit dans les dernières semaines", souligne le directeur par intérim de la Chambre de commerce britannique, Adam Marshall.
Le soutien des entreprises de la BCC au "oui" est supérieur aux taux enregistrés dans l'opinion publique. Les électeurs britanniques sont quasiment équitablement répartis entre les deux camps. Un récent sondage de l'institut ICM donne 46% des personnes susceptibles d'aller voter en faveur du "non", contre près de 44% pour le maintien dans l'UE.
(Avec Reuters)
Economie mondiale : quelque chose doit craquer
Les taux d'intérêt nuls, voire négatifs, qui alimentent les bulles financières sont le symptôme d'un système économique intenable.
Par Michel Santi, économiste LA TRIBUNE 20/04/2016
La stagnation séculaire qui infecte nos économies porte en elle les germes de l'instabilité et des tourmentes financières. Comme les taux d'intérêt et comme la création monétaire sont les seules armes encore à disposition des seules institutions publiques disposant encore de quelques pouvoirs dans notre monde moderne, leur activation en vue de renflouer nos économies ne fait en réalité qu'exacerber les problèmes. C'est tout un schéma de Ponzi qui se met en effet en place dans un tel contexte de taux nuls et négatifs, qui pousse littéralement investisseurs et spéculateurs à plus de risques dans l'unique but d'y générer un différentiel favorable en termes de rentabilité.
Une politique monétaire finalement nocive pour la croissance
Nous nous retrouvons donc dans une situation paradoxale où - bien que mues par un objectif louable consistant à redresser la croissance-, les banques centrales créent une hydre qui crache bulles spéculatives et crises financières. Autrement dit, - parvenue au stade actuel des taux négatifs et des baisses de taux quantitatives - la politique monétaire des banques centrales serait finalement nocive et pour la croissance et pour l'emploi et pour la production.
Nous voilà donc dans un environnement où le processus de formation/implosion de bulles se multiplie à une cadence endiablée depuis le milieu des années 1980, soit depuis que les taux d'intérêt ont entamé leur baisse, d'un pic historique supérieur à 21% en 1981 pour sombrer sous le plancher de verre du zéro aujourd'hui ! Depuis le krach de 1987 aux subprimes de 2007, en passant par les méga bulles immobilières espagnoles et irlandaises ayant implosé à partir de 2008/2009, le constat semble limpide (et décourageant pour les banques centrales), à savoir que les taux d'intérêt très bas favorisent tout une série de comportements à risques.
Ne pas surestimer le pouvoir des banques centrales
Pour autant, ces mêmes établissements ne disposent pas du pouvoir qui leur est prêté. En d'autres termes, le niveau actuel des taux réels infimes (voire négatifs) leur est imposé par une conjugaison de facteurs échappant à leur contrôle et que ces établissements doivent à présent subir. C'est d'une part la démographie qui tire vers le bas les taux d'intérêt, comme c'est le cas au Japon et en Allemagne. C'est par ailleurs les besoins déclinants en capitaux de la part des entreprises high-tech qui exercent une pression intense à la baisse sur le loyer de l'argent.
C'est l'accentuation des inégalités qui concentre le gros des richesses en quelques mains privilégiées qui épargnent bien plus qu'elles ne dépensent qui achève enfin de comprimer les taux d'intérêt. Cet enrichissement supplémentaire des riches induit en outre une spirale malsaine car l'effondrement des taux gonfle et enfle davantage les valorisations boursières qui, à leur tour, ne profitent qu'à quelques privilégiés, lequel phénomène agit en réduisant davantage le taux d'intérêt réel du fait de l'accroissement de l'épargne. Les seules qui étaient encore à même de faire usage d'un certain levier pour amoindrir les chocs - les banques centrales -, se retrouvent désormais quasi-impuissantes.
Le système pourrit donc depuis l'intérieur.
Michel Santi est macro économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et Directeur Général d'Art Trading & Finance.
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Interview de Francis Journot Magazine Entreprendre n°293 Septembre 2015
Economie : La France,
nouvelle cible chinoise ?
Depuis plusieurs années, les investisseurs chinois montrent un intérêt manifeste pour les TPE et PME françaises, notamment celles qui développent des technologies avancées...
En 10 ans, la Chine est passée de la place de quatrième puissance économique mondiale à celle de première. Pour atteindre ce but, précise Francis Journot, animateur du mouvement associatif citoyen indépendant Rendez-nous notre industrie, elle n’avait pas le temps matériel d’inventer des technologies et a préféré les acquérir à peu de frais. Dans cette course au PIB, elle ne néglige aucun secteur d’activité et tente de s’assurer le contrôle des entreprises susceptibles de lui procurer les technologies qu’elle ne maîtrise pas. La France est riche d’un patrimoine industriel – qui certes se réduit comme une peau de chagrin - auparavant diversifié et prestigieux. Moins protectionniste que d’autres, notre pays a toujours constitué une cible de choix dotée d’un important vivier de savoirs-faire.
Francis Journot est convaincu que les ambitions chinoises ne se limiteront pas à l’industrie manufacturière : Vignobles, luxe, loisirs et chaînes d’hôtels sont maintenant les nouvelles proies qui confèreront demain le prestige à des groupes chinois en quête de notoriété, encore peu connus en Occident .
La morosité de l’économie européenne : un terrain de jeu favorable aux investissements chinois
De nombreuses entreprises occidentales, laminées par la crise et au bord de la faillite, cherchent des repreneurs. « Leur niveau de valorisation devient très accessible et le moment est donc particulièrement opportun pour les entreprises chinoises de s’offrir à moindre coût des technologies avancées, des savoir-faire et des marque connues » précise Camille Yihua Chen. Les coûts d’acquisitions sont d’autant moins élevés qu’entre novembre 2009 et juillet 2015 le RMB, la monnaie chinoise, s’est apprécié de 51 % face à l’euro.
En France, l’industrie manufacturière, notamment celle des biens de consommation, ne constitue plus une priorité depuis plusieurs décennies. Les usines qui ont survécu jusque-là au dumping social de la Chine mais qui sollicitent maintenant l’aide de l’État sont le plus souvent éconduites. Bien qu’ils soient parfaitement conscients des risques, les dirigeants n’ont guère le choix et se tournent en dernier recours vers des fonds chinois. Derrière quelques exemples très médiatisés de collaborations réussies, Francis Journot dépeint un scenario moins idyllique. Les sauveurs sont reçus en grande pompe et promettent alors maintien de l’emploi et nouveaux investissements pour pérenniser l’entreprise. L’aide financière de l’État jusque là refusée afin de ne guère contrevenir aux règles européennes relatives à la concurrence, abonde opportunément sous forme de subventions en R&D, allégements ou primes. Ingénieurs et ouvriers jouent le jeu, forment leurs homologues chinois en France, ou même parfois en Chine, afin de créer les synergies qui ne manqueront pas de hisser le groupe parmi les leaders mondiaux. Mais lorsque les transferts de technologies et de savoirs-faire sont effectués et la propriété de la marque transférée, Francis Journot indique que la fermeture se profile à nouveau. Un directeur sans pouvoir ni compétences ne s’exprimant qu’en chinois est nommé. L’usine n’a plus de projet, ne produit plus et attend la fin.
Un intérêt manifeste pour les technologies avancées malgré un tissu industriel français déclinant
Même s’il est vrai que le tissu industriel français est déclinant par rapport à l’industrie allemande, l’engouement pour l’industrie hexagonale s’explique surtout par le fait que les PME-PMI françaises possèdent un certain nombre de technologies avancées qui intéressent les Chinois. La journaliste spécialisée sur le sujet rappelle qu’il y a quelques années, « le groupe Weichai a racheté le groupe français Moteurs Baudoin, fabricant de moteurs pour la marine situé près de Marseille ».« J’ai rencontré l’acquéreur chinois et lui ai demandé la motivation de ce rachat. La technologie de pointe de cette entreprise était-elle la raison de cet investissement ? Sa réponse fut négative et il me précisa qu’ils savaient également fabriquer des moteurs marins en Chine. Néanmoins, la technologie que possède Moteurs Baudoin constituait un maillon manquant de la chaine de fabrication chinoise, d’où l’intérêt porté à l’entreprise ».Ce fut le même schéma pour le groupe chinois Yto, le plus grand fabricant de tracteurs et d’autres engins agricoles en Chine. Lorsqu’ils ont décidé de racheter l’entreprise franco-italienne McCormick situé à Saint-Dizier, la finalité était d’acquérir la technologie de fabrication de transmissions pour les tracteurs. Ce groupe chinois savait bien évidemment fabriquer des transmissions pour tracteurs, mais ne savaient pas produire des transmissions de très grosse capacité. On le constate : les Chinois témoignent d’un fort intérêt pour les complémentarités.
Les évènements clés sur le front des acquisitions
L’acquisition de 49.9% des parts de l’aéroport de Toulouse-Blagnac est sans doute la transaction qui démontre le mieux la vision stratégique à long terme de la Chine.
Pour Francis Journot, l’ambition est explicite : la Chine compte s’offrir, avec le concours des gouvernements, les infrastructures qui lui permettront de continuer à inonder l’Europe de ses produits . Certes, la vente a rapporté 308 millions d’euros à l’État français, soit un peu plus de l’équivalent d’une année de recettes fiscales mais quels sont les effets collatéraux de cette opération ?
Sur un plan essentiellement économique, Francis Journot estime qu’on peut douter de la pertinence des décisions du gouvernement. En effet, poursuit-il l’annulation de la vente des Mistrals à la Russie pourrait nous coûter une somme trois fois plus importante. La cession de parts de l’aéroport semble révélatrice d’une politique française à la petite semaine diamétralement opposée à celle de la Chine. Les choix dictés par la politique étrangère déclare-t-il s’avèrent souvent à terme peu compatibles avec les intérêts économiques . Depuis plusieurs décennie, notre pays n’a plus de vision économique ni de véritable projet industriel. Fonds prédateurs et concurrents économiques pensent maintenant que la France est prête à vendre à peu près tout ce qu’ils souhaitent acheter, même lorsque leurs investissements visent des secteurs stratégiques, pourvu qu’ils permettent à l’État français de boucler son budget annuel », surenchérit Francis Journot.
Le contexte social en question
Camille Yihua Chen invite à ne pas oublier que la main-d’œuvre française est très qualitative pour les Chinois. « Lorsque les Chinois rachètent des entreprises industrielles françaises, argue-t-elle, ils conservent généralement les équipes en place. Au cours de mon enquête de terrain qui a durée entre 6 et 8 mois, j’ai pu constater objectivement que les investisseurs chinois conservaient majoritairement l’équipe dirigeante et les salariés de l’entreprise. Les Chinois ont compris après avoir essuyé pas mal d’échecs dans d’autres pays tels que les États-Unis ou l’Angleterre, l’importance de maintenir l’équipe dirigeante en place et de leur laisser le soin de gérer l’entreprise ». Les investisseurs arrivent dans un pays occidental dont ils ne connaissent pas l’environnement socioculturel, juridique et fiscal et il leur semble donc plus prudent de laisser faire les spécialistes. Pour ce qui est de la reprise des salariés, les Chinois ont compris à leurs dépens qu’en France et même dans d’autres pays européens, la législation et le Code du travail étant très strictes, il vaut mieux respecter la loi du pays d’accueil sous peine de se heurter à de sérieux problèmes.
Les villes françaises devenue chinoises
Francis Journot a interpellé le président de la Cour des Comptes Didier Migaud ainsi que les présidents des régions Centre-Limousin (M. Pierre Van Herzele) et Champagne-Alsace –Ardenne-Lorraine, (M.Dominique Roguez) à ce sujet, peu après la publication de sa tribune du 7 octobre 2014 dans le magazine Marianne (« Nouvelles villes chinoises en France : Un scandale industriel annoncé ? »). Le militant associatif soulignait alors la responsabilité des acteurs publics qui facilitent l’aboutissement de ces projets engageant, sans visibilité et sans limite, l’argent de tous les contribuables français. Par ailleurs, il évoquait le risque de devoir payer à la Commission Européenne des amendes en cas d’aides non conformes aux entreprises chinoises. Il prenait par ailleurs soin d’ajouter qu’il n’est pas certain que la France parvienne à obtenir la restitution, alors ordonnée par Bruxelles, des sommes indument allouées à 20 000 entreprises. Les projets EuroSity, près de Châteauroux, Terralorraine ou ITEC près de Thionville font bonne figure en présentant des «hubs » de coopération franco-chinoise prévoyant la construction d’un pôle d’enseignement supérieur international, d’usines, de départements R&D, la transformation d’un Château en hôtel 4 étoiles, la création d’un 5 étoiles de 300 chambres ou la construction de tours de bureaux et de centaines de résidences.
Pour Francis Journot, on peut craindre que l’activité consiste surtout à réaliser sur des produits finis ou semi-finis, une dernière étape mineure sur le territoire français afin de pouvoir ensuite inonder le marché européen et le monde entier de produits manufacturés et high-tech, avec un label « made in France» qui augmentera la valeur ajoutée d’une fabrication pourtant souvent préalablement exécutée dans des conditions de travail proches de l’esclavage. En Lorraine, on avançait le chiffre de 500 containers journaliers importés dès l’installation des 2 000 premières entreprises. Annuellement, cela équivaudrait probablement à environ 2,5 ou 3 millions de tonnes de produits importés. Si l’on ose une projection, Francis Journot estime que les 20 000 entreprises attendues pourraient bien importer chaque année autour de 25 ou 30 millions de tonnes de marchandises. Les effets sur l’emploi dans de nombreux pays d’Europe pourraient s’avérer désastreux et l’industrie européenne pourrait connaître une nouvelle hécatombe.
Fin 2014, Francis Journot informait le président de la Commission Européenne Jean-Claude Juncker et plusieurs centaines de députés européens issus de pays en développement de l’UE dont l’industrie manufacturière des biens de consommation représente une part importante de leur PIB.
Francis Journot ajoute que même si aujourd’hui, bien qu’il soit prématuré d’y voir un signe de renoncement, les ambitions des deux projets semblent avoir été revues à la baisse et marquent un temps d’arrêt, il convient de rester vigilant .
Associations citoyennes www.vetements-made-in-france.com, www.international-convention-for-minimum-wage.org , www.rendez-nous-notre-industrie.com , Collectivité Nationale
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Il faut sortir de l'euro et de l'UE
avant un défaut de paiement
Par Francis JOURNOT Tribune du 16 mai 2015 sur MARIANNE
Francis Journot le rappelle : "les difficultés" de la Grèce "ont commencé lorsque ses créanciers ont douté de ses capacités de remboursement". Et d'expliquer que "l’importance de la dette de la France pourrait finir par faire douter de notre solvabilité.". Il en déduit donc qu'il faut prendre les devants, ne pas attendre d'être la proie du FMI et choisir, dit-il, de "sortir de l’euro et de l’UE".
La dette publique de l’État français atteint 6 000 milliards d’euros, équivaut à plus de 20 années de recettes fiscales et prés de 300 % du PIB.
Le processus de cavalerie financière de la dette publique auquel les gouvernements ont recours depuis la loi bancaire du 3 janvier 1973, expose plus que jamais la France, à la volatilité des marchés financiers et au défaut de paiement. Des engagements plus confidentiels, hors-bilan et portés par l’État, pour le paiement des pensions de retraites des fonctionnaires ou assimilés, pourraient également s’avérer, à terme, impossibles à honorer. Une sortie de l’UE pourrait s’imposer comme l’unique voie de sortie d’un système de cavalerie qui menace d’exploser.
UN SERVICE DE LA DETTE DE 150 MILLIARDS PAR AN
La dette publique de l’État, au sens de Maastricht, est, depuis 40 ans, constamment nourrie de nouveaux emprunts pour assurer le remboursement des anciens et de leurs intérêts mais aussi des nouveaux déficits. Elle atteint maintenant 2037.8 milliards d’euros et équivaut à 95.4 % du produit intérieur brut (PIB) d’un montant de 2134 milliards en 2014. Le paiement des intérêts de la dette (charge de la dette) qui avoisine 45 ou 50 milliards d’euros depuis quelques années, constitue souvent le premier ou deuxième poste de dépenses de l’État. Mais lorsque l’on ajoute un remboursement annuel moyen de capital de 100 milliards, les annuités (service de la dette) atteignent 150 milliards d’euros soit l’équivalent de plus de la moitié des ressources fiscales françaises de 278.9 milliards en 2014 ou de la totalité de la dotation annuelle de l’éducation, défense, santé, emploi, justice etc. soit ¾ du budget alloué aux ministères. Pour financer le remboursement d’un service de la dette de 150 milliards et d’un déficit annuel autour de 85 milliards, l’Agence France Trésor qui gère les dettes de l’État, émet chaque année, de nouveaux emprunts notamment sous forme d’obligations à terme (OAT).
Le montant annuel des emprunts se situait au cours des huit dernières années, entre 190 et 285 milliards soit en moyenne 230 milliards d’euros chaque an.
4 000 MILLIARDS D’ENGAGEMENTS HORS BILAN
Les engagements hors-bilan de l’État, qui, bien que portant principalement sur des sommes à payer dans le futur, n’en demeurent pas moins des dettes à comptabiliser.
Selon une communication de la Cour des Comptes au sénat, les engagements s’élevaient déjà à 3 090 milliards fin 2012. Un montant de 1 679 milliards concernait les pensions de retraite des fonctionnaires, personnels des armées et agents de la poste mais la destination de 1 412 milliards semblait plus floue. Prés de 1 000 milliards relevaient de garanties financières à destination d’acteurs économiques dont une protection du risque des épargnants qui s’élevait à prés de 400 milliards.
Si l’on considère l’importance des sommes dont les montants ont été multipliés par plus de 3 en dix ans, et si l’on tient compte de l’afflux de la génération des baby-boomers, on peut douter de la capacité future de l’État à honorer le paiement des pensions de retraites des fonctionnaires en totalité. Selon le quotidien économique les échos, le total des engagements hors bilan de l’État atteint prés de 4000 milliards d’euros. Lorsqu’il évoque la dette par habitant, l’économiste Jean Yves Archer s’interroge sur l’éventualité d’un scenario proche de celui de Chypre.
La dette publique de l’État, tous débiteurs confondus, d’un montant qui dépasse 6000 milliards d’euros, représente 22 années de recettes fiscales et prés de 300 % du PIB.
LA LOI POMPIDOU-GISCARD DE 1973
La dette au sens de Maastricht, ne représentait, à la fin des années soixante-dix, que 20 % d’un PIB annuel de 400 milliards d’euros. Elle a certes, été creusée de 670 milliards de 2007 à 2011, par les plans de sauvetage de banques, d’États en difficulté et de relance de l’économie. Mais, surtout, aucun budget de l’État n’ayant, depuis 1974, été à l’équilibre, les déficits sont, chaque année, comblés par endettement.La fin du financement à taux zéro de la dette publique par la banque centrale (Banque de France), a provoqué une accumulation des intérêts.
En effet, la loi du 3 janvier 1973 dite loi Pompidou-Giscard, présentée pour limiter la création monétaire et l’inflation, a modifié le fonctionnement de la Banque de France (BDF) et mis fin a son pouvoir de battre monnaie. Depuis, l’État français est obligé d’emprunter sur les marchés financiers au lieu de se financer à taux nul auprès de sa banque centrale. Puis cette obligation prenait la forme de l’article 104 du traité de Maastricht en 1992 et ensuite de l’article 123 du Traité de Lisbonne et interdisait dorénavant aux États membres de l’Union Européenne de se financer auprès de leurs banques centrales respectives ou de la Banque centrale européenne (BCE). Par ailleurs, le traité de Lisbonne, n’aurait jamais dû être adopté. En effet, son texte a été ratifié en 2008 par le parlement français conformément au souhait de la Commission Européenne, mais contre la volonté exprimée par 55 % des français lors du référendum de 2005.
La loi n’a évidemment pas systématiquement empêché l’inflation mais a surtout soumis notre pays à ses créanciers et transformé, au fil des années une dette raisonnée en rente ruineuse.
Il est à craindre que notre pays soit, aussi longtemps qu’il fera partie de l’UE, toujours contraint de se financer auprès de banques privées et ne puisse avoir recours à la Banque de France ou à la BCE. Certes, cette dernière rachète temporairement depuis mars 2015, de la dette publique d’État, mais en acquérant sur le marché secondaire des dettes déjà émises, celle-ci ne déroge pas au traité de Lisbonne.
Il est par ailleurs, assez peu probable que la Commission Européenne, si toutefois, le gouvernement français acceptait de lui en faire la demande, consente à abroger l’article 123 du Traité de Lisbonne. Néanmoins, compte tenu de l’importance de la dette, nous devons admettre qu’aujourd’hui, les fonds de la Banque de France ne suffiraient plus à financer les emprunts de l’État français.
BAS NIVEAU DES TAUX D’INTÉRÊTS, JUSQU'À QUAND ?
Le marché français de la dette publique a aujourd’hui les faveurs d’investisseurs qui disposent d’une surabondance de capitaux et privilégient des placements à faible taux dans des pays qui, pensent-ils, pourraient toujours lever de nouveaux impôts en cas de difficultés. Selon France Trésor, le taux moyen d’emprunt ne dépassait pas 1.54 % à fin 2013. L’injection de 60 milliards d’euros par mois depuis mars 2015 et jusqu’en septembre 2016, dans le cadre du plan de relance monétaire dit "quantitative Easing" ou QE, conduit par la Banque Centrale Européenne (BCE), a fait baisser les taux d’emprunt en Espagne, en Italie ou au Portugal. Néanmoins, le taux français des OAT à 10 ans affichait déjà 0.6 % avant l’annonce de la BCE. Aussi, la baisse et ses effets sur notre dette pourraient s’avérer moindres. Cependant, bien que la BCE ait invoqué les objectifs de rachat de la dette publique des états pour alléger leur fardeau et de lutte contre un risque de déflation générateur de récession, l’inquiétude, quant au risque de faillite de la France et d’éclatement de l’Europe, pourrait également avoir motivé le plan monétaire de 1140 milliards. Mais celui-ci ne nous préservera guère de voir malgré tout, les taux d’intérêts particulièrement bas dont nous bénéficions actuellement, s’envoler en cas de doute des investisseurs à propos de notre capacité à rembourser. La Grèce emprunte en ce moment à 10 % et nous avons-nous-même subi en France, des taux qui ont parfois culminé à 17 % en 1983, 11 % en 1990, plus de 8 % en 1995, prés de 6 % en 2000 ou 4.15 % en moyenne entre 2001 et 2007.
UN RISQUE ÉLEVÉ DE DÉFAUT DE PAIEMENT
Tout processus de cavalerie financière ayant généralement vocation à s’écrouler, il nous faut être clairvoyant. L’importance de notre dette, elle-même entretenue par ses intérêts et de nouveaux emprunts pour combler des déficits permanents, pourrait finir par faire douter de notre solvabilité. Croissance atone, augmentation continue de la dette qui s’est accrue de 112.5 milliards d’euros en 2014, de 84.4 milliards en 2013 et de 116.1 milliards en 2012. Aussi, en présence d’un risque qui augmente au rythme de l’endettement, on peut craindre deux scenarios susceptibles de mettre à bas le fragile stratagème de financement. Les taux d’emprunt remontent à des niveaux comparables à ceux que nous avons précédemment connus au cours des années quatre-vingt ou quatre-vingt-dix. Les nouveaux taux doublent ou triplent le coût des intérêts puis à terme, compte tenu de la structure de la dette, celui des annuités. Nous parvenons un temps, à assumer la charge de la dette mais ne pouvons payer le service de la dette. Ou, les investisseurs cessent d’acheter les nouvelles émissions d’emprunts. Nous ne pouvons plus faire face au remboursement des anciens emprunts ni à la totalité de nos dépenses courantes. Dans les deux cas les difficultés s’enchainent et l’effondrement menace. En trois semaines, entre le 16 avril et le 7 mai, les taux d’émission des obligations françaises à 10 ans ont plus que triplé en passant de 0.3 % à 1.1 %. Prémices d’une crise ?
La Grèce, dont les difficultés ont commencé lorsque ses créanciers ont douté de ses capacités de remboursement, avait reçu de l’UE et du FMI en 2010 et 2013, 250 milliards d’euros de prêts. Mais à l’échelle de la France, si l’on considère que notre dette, tous débiteurs compris, est vingt fois plus élevée, les besoins, en cas d’incidents de paiement en cascade, pourraient dépasser l’inimaginable. L’UE et le Fonds Monétaire International (FMI) jetteraient-ils l’éponge, même si, par ailleurs, cela devait conduire à l’éclatement de la zone euro et de l’Europe ou entreprendraient-ils de réunir les fonds colossaux nécessaires au secours de la France ?
Si l’on retient la deuxième hypothèse, le FMI apporterait plusieurs centaines de milliards. Le mécanisme Européen de Stabilité (MES) qui prévoit, en cas de crise, une levée de fonds sur les marchés, pouvant atteindre 700 milliards d’euros, interviendrait. La BCE réorienterait vers notre pays, une plus grande part des 1140 milliards du plan de relance monétaire. Un abandon d’une part de la dette par les créanciers achèverait de placer la France sous la tutelle de la Troïka et des marchés financiers. Cette opération désespérée de sauvetage ne ferait que repousser à plus tard, une issue que chacun soupçonne et le remède s’avérerait certainement pire que le mal.
En effet, les plans d’austérité plongeraient encore davantage notre pays dans la récession avant l’inévitable faillite de l’État. Celle-cipourrait avoir des conséquences extrêmement graves sur nos vies : Banques en difficulté après des retraits massifs, comptes d’épargne bloqués par l’État, épargnants ruinés, effondrement du système financier et de l’économie, fermetures d’entreprises en cascade, millions de licenciements dans le public et dans le privé, baisse des traitements de fonctionnaires, des pensions de retraite, suppression d’allocations chômage et minimas sociaux. Explosion de la misère et de l’insécurité.
La France serait décrédibilisée pour longtemps et nous aurions désormais les plus grandes difficultés à financer nos besoins. Alors peut-être ne devrions-nous pas attendre pour sortir de l’euro et de l’UE.
SORTIR DE L’EURO ET DE L’EUROPE SANS DOMMAGE
Une dette relibellée en francs pourrait occasionner un surcoût mais un effet de 5 à 10 % serait compensé. Le financement à taux nul d’une part des besoins financiers ferait diminuer les intérêts. Le pouvoir souverain de créer à nouveau monnaie et une nouvelle politique industrielle, pourraient pour la première fois depuis 40 ans, permettre d’espérer enfin une diminution de l’endettement. D’autre part, il est certain que l’Europe ne pourrait survivre à la sortie de la France de l’UE. Aussi, dés lors, la France ne connaitrait pas de fort phénomène d’inflation ou de dévaluation. D’autant que la valeur de l’euro a considérablement baissé et se trouve maintenant quasiment à parité avec le dollar.
La relance de l’industrie manufacturière des biens de consommation que nous appelons de nos vœux depuis plusieurs années, désormais possible, contribuerait à la diminution des importations et donc de l’inflation importée. Il serait également envisageable de pourvoir à l’instauration de mécanismes de rééquilibrages des échanges commerciaux, dont le déficit atteint, certaines années jusqu'à 60 milliards d’euros. En effet, quelques années après l’abolition des quotas d’importation, l’Organisation Mondiale du Commerce(OMC), a ensuite aménagé, le 7 décembre 2013 à Bali, une exemption accrue des droits de douane, signée par 157 pays. Les groupes industriels et de distribution se sont révélés être les principaux bénéficiaires de cette convention qui ne semble guère avoir permis de hausse des salaires ouvriers des pays concernés ni de baisse de nos prix a la consommation.
Les nouvelles perspectives économiques d’une France désormais débridée, pourraient davantage rassurer, qu’inquiéter des marchés financiers qui continueraient à préférer placer leur masse monétaire dans les dettes souveraines d’un pays, qui n’a pas, en tout cas pas depuis deux siècles, fait défaut et dont la crédibilité était meilleure avant le passage à l’euro.
UN NOUVEL ÉLAN ÉCONOMIQUE
La fin des quotas d’importation, imposée par l’OMC, la politique de libre-échange non régulé de l’UE et l’accompagnement à la délocalisation parfois dispensé par les gouvernements, ont provoqué la disparition de pans entiers de notre industrie. Ainsi, notre pays a sombré dans la torpeur et des régions entières sont exsangues. Mais en nous libérant des contraintes de l’UE, un nouvel élan pourrait naître. L’extraordinaire capital humain dont la France dispose, pourrait permettre la reconstruction d’un outil industriel moderne, capable de recréer en quelques années, plusieurs centaines de milliers d’emplois et deux à trois fois plus d’emplois indirects et induits.Il serait tout à fait possible de fabriquer à nouveau en France, une part importante de nos biens de consommation. Certes, nous devrions, face au dumping social, générer des synergies entre les entreprises, mutualiser des moyens de production et de commercialisation, faire des économies d’échelle pour pondérer les coûts tout en usant de modèles de gestion plus adaptés.
Le différentiel annuel entre notre contribution européenne et les subventions reversées à notre pays, approche 8.5 milliards d’euros. Pour exemple, un montant semblable, affecté à la relance de l’industrie manufacturière, permettrait le financement de 100 000 postes de travail avec un coût de création situé entre 30 000 et 1 million d’euros pour les plus automatisés ou hautement technologiques. Les nouvelles usines ainsi créées, pourraient produire, entre-autres, une part de nos biens de consommation courants ou de produits parfois subventionnés par l’argent public, mais dont l’importation participe aujourd’hui à notre déficit commercial. 500 000 emplois industriels et 1 à 1.5 million d’emplois indirects et induits créés en 5 ans pourraient ensuite rapporter chaque année, jusqu'à 30 ou 40 milliards d’euros de nouvelles recettes fiscales et cotisations. De plus, l’état économiserait probablement 15 à 20 milliards en allocations, aides diverses et dépenses d’accompagnement ou d’insertion. Un choc sur l’emploi manufacturier nous acheminerait vers un cercle vertueux économique susceptible de faire baisser mécaniquement la dépense publique. En effet, au rythme de la baisse du nombre de chômeurs et de l’augmentation du nombre de cotisants, les déficits diminueraient. Subséquemment, une baisse proportionnelle du montant des charges sociales des PME pourrait encore favoriser l’emploi et à terme, diminuer d’autant, les déficits et l’endettement.Les entreprises et l’État pourraient investir davantage, le chômage continuerait à décroître et les salaires seraient en hausse pour plus de pouvoir d’achat et une consommation de produits de meilleure qualité et respectueux de l’environnement, plus souvent fabriqués en France etc.
Raisonnement de repli sur soi et d’isolement ou au contraire, de reconquête de l’économie et de rayonnement de la France ? Citons l’excellent et regretté Bernard Maris : " L’économie c’est pas compliqué. Il faut que les gens qui travaillent, bouffent et consomment ce qu’ils produisent ". Certes, la reconstruction d’une nouvelle industrie manufacturière, si l'on tient compte de la disparition de filières entières et de leurs savoir-faire, sera difficile et pourrait prendre le temps d’une génération. Bien qu’elle remette en question la pertinence de dogmes admis et puisse inquiéter nombre d’entre-nous, l’hypothèse d’une sortie de la France de l’euro et de l’UE, devrait, compte tenu du risque élevé de défaut de paiement, être envisagée.
Francis JOURNOT Associations citoyennes www.vetements-made-in-france.com, www.international-convention-for-minimum-wage.org , www.rendez-nous-notre-industrie.com , Collectivité Nationale
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Nouvelles villes chinoises en
France :
un scandale industriel annoncé ?
Par Francis JOURNOT Tribune du 7 octobre 2014 sur MARIANNE
Francis Journot s'alarme de l'implantation prochaine de plusieurs milliers d’entreprises chinoises en Indre et en Moselle. Des "projets pharaoniques" dont le coût final, explique-t-il, pourrait se chiffrer en dizaines de milliards d’euros pour le contribuable et en millions d’emplois européens sacrifiés.
Bientot, plusieurs milliers d’entreprises chinoises et à terme plus de 20 000, pourraient s’installer en Indre et en Moselle. Des plateformes commerciales et logistiques de transport et stockage, leur permettraient d’acheminer dans l’Europe entière mais aussi d’exporter dans le monde entier, la production importée d’Asie ou assemblée en France et indument estampillée « made in France ». Mais le coût final pour le contribuable français pourrait se chiffrer en dizaines de milliards d’euros et des millions d’emplois européens pourraient à terme, être menacés. Les contours d’un scandale financier et d’une catastrophe économique semblent se dessiner.
6 MILLIONS DE MÈTRES CARRES PRÉS DE CHÂTEAUROUX
En juin dernier, trois cent invités dont des élus locaux et des représentants des états français et chinois, assistaient au Château d’Ozans, à l’inauguration d’une plateforme logistique destinée à accueillir des entreprises chinoises souhaitant se développer sur le marché européen.
Le projet, baptisé EuroSity, est developpé par Sino France economic cooperation zone (SFECZ), qui représente en France, Beijing Capital Land (BCL), filiale immobilière du fonds souverain d’investissement chinois Beijing Capital Group (BCG). Mark Bottemine, directeur général de l’aéroport de Châteauroux-Centre, ex-candidat PS pour la mairie de Châteauroux et initiateur du projet, déclarait au journal le Monde en mai 2010 « Nous sommes finalement revenus avec un projet politique du gouvernement central ».
A terme, l’activité s’étendrait sur une zone de plus de 600 hectares, située aux portes de Châteauroux et s’articulerait autour du tarmac de l’ancienne base militaire de l’OTAN, capable d’accueillir les plus gros avions porteurs en provenance de Chine.
Cette nouvelle cité économique gérée par un fonds d’état chinois, pourrait bénéficier de la classification zone franche de l’ancienne base militaire et offrir aux entreprises, bon nombre d’avantages fiscaux dont une exonération de l’impôt sur les sociétés et des charges sociales pendant cinq ans ainsi qu’une défiscalisation des investissements.
Il n’échappera à personne que le principal but poursuivi, consiste à réaliser sur des produits finis ou semi-finis, une dernière étape mineure sur le territoire français afin de pouvoir ensuite inonder le marché européen et le monde entier de produits manufacturés et high-tech, avec un label made in France qui augmenterait considérablement la valeur ajoutée d’une fabrication pourtant souvent préalablement exécutée dans des conditions de travail proches de l’esclavage.
L’ancien maire de Châteauroux et sénateur UMP de l’Indre Jean-François Mayet, avait, au cours de son mandat municipal, effectué plusieurs déplacements en Chine afin de convaincre des entrepreneurs chinois de venir s’installer dans l’agglomération et s’exprimait en 2010 sur France Info : « Certainement que la Chine est arrivée à un moment où elle a besoin de présenter une image plus vertueuse, et le choix qu’ils font, c’est d’européaniser leur production, de peut-être marquer dessus made in Europe ou made in France ».
Depuis, Gil Averous, son ancien chef de cabinet et nouveau maire, a repris le flambeau et rencontré 900 entrepreneurs chinois en juillet dernier. Il annonçait, à son retour, l’implantation d’une première entreprise en automne mais déclarait ignorer le nombre d’emplois que celle-ci compte créer.
Le concept fait bonne figure en prévoyant également la transformation du château en hôtel quatre étoiles, la construction d’un pôle d’enseignement supérieur international en lien avec l’université française et des départements R&D.
Le Conseil Général de l’Indre a investi 15 millions dans des aménagements routiers. L’Agglomération de Châteauroux présidée par Gil Averous, financerait l’achat de terrains et la création de voieries avec un investissement de 91 millions sur 15 ans. La première pierre d’un immeuble de 4 500 m2 a été posée et les premières entreprises devraient s’installer dans un an. Le président de la SFECZ, se refuse à communiquer le nombre d’emplois que la zone pourrait créer mais promet d’investir environ 200 millions d’euros sur 5 à 8 ans dont 20 millions d’euros en 2014.
Cependant, si l’on considère que le coût de construction du pôle universitaire devant accueillir 6 000 à 8 000 étudiants avoisinerait probablement 40 ou 50 millions d’euros et qu’il faudrait ensuite allouer autour de 30 ou 40 millions d’euros de frais annuels de fonctionnement, le budget entier n’y suffirait guère. Et si l’on ajoute l’hôtel 4 étoiles, tous les travaux de la zone, l’édification d’immeubles de bureaux, d’entrepôts et de toutes les infrastructures indispensables, les coûts de fonctionnement de départements R&D, d’un aéroport particulier avec sa piste de 3.5 km, comptant parmi les plus importantes de France et comportant (peut-être ?) une douane dédiée, le budget annuel annoncé de 25 à 40 millions peu laisser dubitatif.
A moins que derrière un habillage médiatique vendant un « hub » de coopération sino-française, ne subsiste finalement du projet global, que la construction de quelques immeubles de bureaux et d’immenses entrepôts. Mais quelle que soit l’option retenue, le principal bénéficiaire de cette opération de capital investissement, serait SFECZ, dont la vente des terrains et des bureaux pourrait rapporter, selon les Échos, 2 milliards d’euros.
20 000 ENTREPRISES IMPORTATRICES CHINOISES PRÉS DE THIONVILLE
Le projet Terra lorraine ou ITEC, défendu par Patrick Weiten (UMP), Président du Conseil Général de Moselle, est développé par COMEX HOLDING, société basée en Chine, fondée par des spécialistes de la finance internationale. Un investissement de 150 millions pour la création d’une plateforme commerciale qui occuperaient 240 000 m2, devrait lors de la première phase, permettre l’accueil de 2 000 à 2 500 entreprises chinoises sur la zone d’Illange. Cependant, les dirigeants de la filiale européenne COMEX EUROS DEVELOPMENTS, basée au Luxembourg, n’ont jamais révélé l’origine des fonds ni le montage financier.
A terme, la surface construite totale de la zone atteindrait 6.5 millions de mètres carrés et devrait accueillir 20 000 entreprises chinoises.Le Conseil Général de Moselle met en avant la création de 3 000 emplois dés l’ouverture du site et à terme 30 000, pour un investissement total qui selon son président, atteindrait 6 milliards d’euros.
La nouvelle ville économique qui pourrait s’étendre sur une longueur de plusieurs kilomètres, s’offrirait une halle d’exposition et s’enorgueillirait d’un hôtel de luxe 5 étoiles de 300 chambres, d’un parking de 280 000 m2, de tours de bureaux et de centaines de résidences. Les entrepôts destinés à recevoir chaque jour les centaines ou milliers de containers arrivés par route ou voie fluviale, devraient s’étaler sur plusieurs millions de mètres carrés.
Le chiffre évoqué de 500 containers journaliers importés dés l’installation des 2 000 premières entreprises, équivaudrait probablement annuellement à environ 2.5 ou 3 millions de tonnes de produits importés et si l’on ose une projection, les 20 000 entreprises attendues pourraient bien importer chaque année, autour de 25 ou 30 millions de tonnes de marchandises vendues aux professionnels et peut être directement aux particuliers.
Pour comparaison, bien que les produits concernés ne soient guère alimentaires, la superficie totale des locaux du marché de Rungis, plus grand marché de produits frais au monde, n’occupe que 230 hectares et les arrivages physiques n’excédent guère 1.5 million de tonnes de marchandises par an pour un chiffre d’affaires de 8.5 milliards d’euros mais desservant 20 millions de consommateurs.
La plateforme mosellane du commerce chinois, permettrait, selon la liste officielle, l'importation et la distribution en France et en Europe, de vêtements et textiles, accessoires de mode, articles de sport et de loisir, cadeaux et fantaisies, mobiliers et équipement de la maison, matériels de construction et de bricolage, composants électriques et électroniques, produits de télécommunication et Informatique, machine et biens d’équipements industriels, matériels de sécurité et télésurveillance, équipements d’énergie nouvelle et d’économie d’énergie et matériaux de construction. Pour exemple, le chiffre de 5 000 containers /jour équivaudrait à une importation annuelle de dizaines de milliards de vêtements et de milliards de Smartphones, ordinateurs portables ou matériels électroménagers qui pourraient être réexpédiés avec le label « made in France » vers les autre pays d’Europe mais aussi vers les autres continents.
PERSPECTIVES D’EMPLOIS POUR LES MOSELLANS
L’activité générée par l’installation de 2 000 puis 20 000 sociétés importatrices de 500 à 5000 containers par jour pourrait effectivement créer de nombreux emplois. Mais qui peut croire que celles-ci choisiront de travailler avec des transporteurs acquittant leurs cotisations sur le sol français.
Il est également à craindre, que les entreprises, installées à proximité d’une zone géographique abondante en main d’œuvre des pays à bas coûts d’Europe, choisissent d’économiser 30 à 40 % sur leurs coûts salariaux (L’Allemagne, distante de 30 kilomètres d’Illange, emploie plus d’un demi-million de salariés détachés et notre pays en rétribue prés de 350 000).
De même, il est peu certain, que bien qu’ayant, dans le cadre de leur installation, des facilités d’obtention de visas pour recruter des personnels chinois, les dirigeants nouvellement installés, accordent leur préférence à des travailleurs mosellans aux exigences salariales plus élevées que leurs compatriotes.
Faible pouvoir d’achat d’employés sous-payés, modèle autarcique, il est peu certain que nous assistions au formidable essor économique régional et à la création des emplois que le Conseil General promet aux chômeurs mosellans. Il eut été plus efficient de consacrer une part des investissements et de l’énergie déployée par les élus, à la réalisation de vrais projets industriels créateurs d’emplois.
ESPIONNAGE, DUMPING ET CONSÉQUENCES SUR L’EMPLOI
Les effets sur l’emploi dans de nombreux pays d’Europe, pourraient s’avérer désastreux et l’industrie européenne pourrait connaitre une nouvelle hécatombe. Parmi les 20 000 ou 22 000 sociétés qui devraient s’installer, certaines ne comptent que quelques milliers d’employés en Chine mais d’autres en comptent plusieurs dizaines de milliers. Ainsi, le nombre cumulé du personnel de ces entreprises pourrait représenter en Asie, plusieurs millions d’emplois.
Alors nul ne doute que les exigences de croissance de ces entreprises nécessiteraient une politique commerciale agressive fondée sur le dumping et à laquelle les entreprises industrielles européennes ne pourraient guère résister. HUAWEI, géant des TIC qui devrait s’installer bientôt à Châteauroux, emploie 150 000 personnes et réalise 30 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel mais l’Union Européenne l’accuse de dumping de ses produits sur le marché européen et reproche au gouvernement chinois de lui avoir versé des aides illégales.
Par ailleurs, ce groupe né en 1988 au sein de l’armée populaire de libération chinoise a dépensé l’an dernier 3 millions d’euros en lobbying à Bruxelles pour notamment, tenter de faire oublier les accusations d’espionnage qui pèsent sur lui. Le 29 septembre 2014, lors d’un entretien avec Manuel Valls, les promesses d’investissement et de création d’emplois de son fondateur Ren Zhengfei, ont semble t-il, convaincu le Premier ministre, de soutenir l’implantation du géant des télécom.
Mais le gouvernement peut-il ignorer les recommandations du rapport du sénateur Jean Marie Bockel, et décider de faciliter l’implantation d’un groupe suspecté d’espionnage et déjà jugé indésirable par l’UE, les USA et l’Australie.
Des élus locaux, nationaux et membres du gouvernement ont-ils vocation, sans une consultation préalable de l’ensemble des partenaires européens, à décider de l’avenir de l’industrie manufacturière européenne au moment où certains pays comptent 40 % ou 50 % de jeunes chômeurs. Bon nombre de pays membres de l’UE bâtissent une grande part de leur développement avec une industrie manufacturière pouvant représenter jusqu’à 35 % de l’emploi pour certains d’entre-eux. Les pays de l’UE seraient parfaitement fondés à s’opposer à des projets qui modifieraient leurs orientations économiques, feraient bondir leur chômage et lamineraient ce qu’il reste de l’industrie européenne.
QUI PAIERA ?
On peut se demander comment les mises de base des fonds d’investissement, de 20 millions pour le projet de Châteauroux ou 150 millions d’euros pour celui d’Illange, pourraient permettre d’ériger ces véritables villes. Il convient de comptabiliser toutes les dépenses dont celles générées par la construction des infrastructures publiques indispensables.
Alors comment seront réellement financés ces deux projets pharaoniques ? Quel sera le montant des subventions distribuées aux entreprises ? En cas d’aides jugées non conformes, l’État français sera ensuite tenu de payer des amendes à la commission Européenne mais parviendra t-il à obtenir des entreprises chinoises, la restitution des aides, ordonnée par Bruxelles ?
Combien d’usines françaises fermeront ? La perte de 100 000 ou 200 000 emplois ouvriers, estimation basse, pourrait représenter, si l’on tient compte des emplois indirects et induits, une perte de 300 000 à 800 000 emplois dont le coût annuel en dépenses pour l’emploi (DPE) et dépenses connexes, pourrait atteindre 7.5 à 20 milliards. Par ailleurs, il nous faudra aussi appréhender les effets en cascade. L’aggravation du déficit de la balance commerciale et des comptes publics dont celui des régimes de protection sociale due à la baisse du nombre de cotisants. Et si l’on ajoute les effets d’une accentuation de la désertification dans de nombreux territoires, les préjudices seraient multiples. Aussi, le coût total pour le contribuable français, pourrait à terme, atteindre plusieurs dizaines de milliards d’euros.
Les gaspillages ou scandales de l’argent public sont certes légion, néanmoins, bon nombre de contribuables pourraient juger intolérable que l’État français cofinance des projets émanant du gouvernement central de la République Populaire de Chine, dictature qui continue à exécuter chaque année plusieurs milliers de ses opposants politiques, ou de fonds d’investissement basés dans des paradis fiscaux dont le souci n’est certainement pas la création d’emploi et dont l’opacité des capitaux devrait interpeller.
BIENVEILLANCE DES MINISTRES ?
Ces projets mortifères pour la fabrication française, sont connus depuis plus de 4 ans, pourtant les ténors des gouvernements n’ont jamais protesté. L’ancien ministre du Redressement Productif connait le porteur du projet d’illange, Régis Passerieux, depuis la fin des années 80. Cet énarque, avocat, et ancien maire PS qui à milité aux cotés de l’actuel ministre du travail François Rebsamen, aurait déclaré en 2013, a la suite d’une entrevue avec Arnaud Montebourg «Bien sur que je lui en ai parlé. Il m’a écouté attentivement et n’a semblé ne rien avoir contre.» Pourtant, qui peut nier que ces concepts sont susceptibles de galvauder définitivement l’image de la fabrication française et de provoquer la fermeture de nombreuses usines sur le territoire français. Alors cela interroge encore : Est-il acceptable que des ministres, pourtant rémunérés pour protéger l’économie et l’emploi, aient fermé les yeux.
Maintenant, notre association, bien que non subventionnée, doit s’ériger pour palier leur manquement et constituer une opposition à ces deux projets éminemment dangereux pour notre pays.
Souhaitons que notre article alerte le premier Président de la Cour des Comptes Didier Migaud et que celui-ci tire la sonnette d’alarme avant un désastre industriel. Le gouvernement pourrait également se raviser avant un scandale qui éclabousserait la classe politique. Il est en effet probable que la justice devra un jour déterminer la responsabilité de chacun des acteurs publics qui auront facilité l’aboutissement de projets engageant sans visibilité et sans limite, l’argent de tous les contribuables français. Pourquoi ne pas créer une commission d’enquête parlementaire. Aujourd’hui, les pouvoirs publics ne semblent pas encore avoir pris toute la mesure de scandales certes, en devenir mais déjà manifestes de l’argent public.
Des députés des 28 pays membres de l’UE pourraient également se révéler soucieux de la sauvegarde de leurs industries manufacturières et décider de faire valoir auprès de la Commission Européenne, une légitime opposition à ces implantations, justifiée, entre autres, par des aides disproportionnées, des accusations d’espionnage et une distorsion accrue de la concurrence, basée notamment sur le dumping.
Francis JOURNOT Associations citoyennes www.vetements-made-in-france.com, www.international-convention-for-minimum-wage.org , www.rendez-nous-notre-industrie.com , Collectivité Nationale
Alstom ou le symbole du
renoncement industriel
Par Francis JOURNOT Tribune du 14 mai 2014 sur MARIANNE
Pour Francis Journot, le cas Alstom est éclairant. Il révèle les inepties des politiques passées de soutien à l'industrie. Les récentes initiatives gouvernementales en la matière, écrit-il, « ont créé peu d’emploi, surtout bénéficié aux grands groupes » et, comble du comble, « accéléré la désindustrialisation » !
Une étude commandée par Arnaud Montebourg au réputé et très libéral cabinet anglo-saxon de conseil en stratégie McKinsey, a donné naissance aux « 34 plans de reconquête pour dessiner la France de demain » au rang desquels le domaine des énergies occupait la première place. En septembre 2013, François Hollande en annonçait fièrement la mise en œuvre et clamait sa foi en la transition énergétique, le TGV du futur ou les inévitables nouvelles technologies, pour sauver l’industrie. Le 6 mai 2014, une semaine après la décision des administrateurs d’Alstom, en faveur d’une cession à General Electric, le président faisait part de son empressement de reconstruire la France de demain : « Je veux que ça aille vite, nous n’avons plus de temps à perdre ». Mais celui-ci ne semble pas avoir appréhendé toute la complexité et le coût de chantiers industriels nationaux.
DES FLEURONS BRADÉS
En effet, la plupart des fleurons nationaux que les gouvernements successifs ont eu la faiblesse d’abandonner depuis trente ans, ont été patiemment construits durant des décennies et parfois plus d’un siècle fût nécessaire. Autrefois, les intérêts nationaux et ceux de ces géants convergeaient. Aussi, ces joyaux de l’industrie française ont bénéficié d’allégements fiscaux et de dizaines de milliards d’euros d’aides de l’Etat pour assurer leur développement, leur R&D et parfois leur sauvetage.
Pour exemple, la privatisation d’Usinor-Sacilor, troisième groupe sidérurgiste mondial en 1995, qui réalisait un chiffre d’affaire de près de 80 milliards de francs et 4,4 milliards de résultat net, n’a rapporté à l’État que 10 milliards de francs. Mais le sauvetage de la sidérurgie aura couté, jusqu'à sa vente en 1995, plus de 100 milliards de francs aux contribuables français.
Aujourd’hui, les propriétaires de ces symboles français ont souvent acquis à peu de frais au regard du coût réel pour la collectivité, des édifices pour lesquels des générations de Français ont travaillé et apporté leur contribution fiscale afin de construire la France dont ils seraient fiers et qui offrirait un avenir meilleur à leurs enfants. Car, bien qu’appartenant à leurs actionnaires, ces entreprises utilisent des équipements que la collectivité a parfois financés et sont dépositaires de savoir-faire et de brevets dont les R&D ont été quelquefois subventionnés par l’agent public, mais nous devrons à nouveau payer pour leur exploitation ou l’achat de matériels hautement technologiques indispensables.
QUELLE EFFICIENCE SUR L’EMPLOI ?
Le gouvernement, lui, table désormais sur un objectif de 45 milliards d’euros de valeur ajoutée au bout de dix ans, 18 milliards d’exportation en plus et la création ou la consolidation de 480 000 emplois au terme de dix ans. Cependant, même si l’on escompte un effet de levier sur l’investissement privé, le budget consacré de 3,7 milliards de prêts, selon Arnaud Montebourg, saupoudré sur 34 chantiers et sur une décennie, peut laisser dubitatif. Le plan de relance de Nicolas Sarkozy de 2009, d’un montant de 34 milliards d’euros, devait, en 2009 et 2010, créer ou préserver 400 000 emplois, mais selon les sages de la Cour des comptes, le nombre d’emplois finalement créés oscillait entre 18 000 à 72 000.
Aussi, on peut se demander si le gouvernement a réellement élaboré une stratégie ou si les 34 plans ne constituent qu’une opération de communication vouée à donner l’illusion d’une vision industrielle pour la France. Posture politicienne ? Jeu de rôles ? Le discours maintenant patriotique de personnalités dont les partis politiques préconisent la délocalisation de l’industrie française depuis quarante années, peut surprendre.
Par ailleurs, les récentes initiatives gouvernementales en matière d’industrie dont les « États généraux de l’Industrie » de 2010, le « grand emprunt » ou le « plan de relance »
, ont créé peu d’emploi, ont surtout bénéficié aux grands groupes et accéléré la désindustrialisation. En effet, la « priorisation » de nouveaux projets, décrétée par l’État, contribue souvent à l’exclusion des outils de financement publics ou privés de l’économie des industries manufacturières souvent viables mais dès lors jugées dépassées. Ainsi, des pans entiers d’industrie ont été détruits.
En 2013, le nombre de défaillances d’entreprises était en hausse de 3 % et on déplorait 63 000 dépôts de bilan dont ceux de nombreuses usines, ateliers et entreprises aux activités directement ou indirectement liées à l’artisanat et à l’industrie française. Bien souvent, celles-ci ne disposaient pas des financements qui leur auraient permis d’évoluer et de survivre. Le pilotage des 34 plans est majoritairement confié à des multinationales et il n’est pas acquis que la relance de l’industrie française et la préservation du patrimoine industriel ou de l’emploi ouvrier en France, constituent pour celles-ci, une réelle préoccupation.
On peut donc craindre que les « plans de reconquête » ne compensent jamais l’incessante disparition de leaders industriels français. Comme il n'empêcheront pas plus la disparition de multiples entreprises réputées, pourtant innovantes ou détentrices de savoir-faire uniques. Le pouvoir politique semble impuissant à sauver ces dernières.
Cependant, l’absence d’implication de l’Etat dans la préservation d’une entreprise dont les activités sont pourtant tellement stratégiques pour la filière de l’énergie, n’est pas si étonnante si l’on se réfère aux sollicitations du président français à destination de tous les potentiels investisseurs à travers le monde. Un dîner organisé le dimanche 23 février 2014 à l’Élysée, regroupait les dirigeants des grands groupes internationaux,
au premier rang desquels figuraient ceux de General electric et de Siemens qui, 2 mois plus tard, ont semble-t-il, répondu aux prières de François Hollande.
Francis Journot
Associations citoyennes www.vetements-made-in-france.com, www.international-convention-for-minimum-wage.org , www.rendez-nous-notre-industrie.com , Collectivité Nationale
Les scenarii de dissolution de l'euro
Par Jacques Sapir et Philippe Murer
L’étude détaille l’impact sur l’économie de la France et celle des principaux pays de la zone Euro, de différents scénarios de dissolution de la zone Euro procédant de différentes hypothèses de coopération monétaires et de différentes options de politique économique pour la France.
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Elections européennes par Jacques Sapir
Avec la formation du nouveau gouvernement, nous sommes d’ores et déjà entrés de plain-pied dans la campagne pour les élections européennes. Ces dernières ne suscitent, en général, que peu d’intérêt. C’est un tort, et il serait particulièrement dommageable qu’il en soit ainsi pour cette nouvelle échéance. L’enjeu de ces élections n’est pas mince. Cet enjeu va déterminer des choix électoraux qui seront, sans conteste, difficiles et délicats. Il convient ici de rappeler que ces élections concernent en réalité l’Union européenne et non l’Europe elle-même. On peut se sentir culturellement et historiquement européen et récuser l’institution qui s’est appropriée le nom “d’Europe” mais qui est loin d’y correspondre.
Une Union Européenne à la dérive
Aujourd’hui, même les plus fervents défenseurs de l’Union Européenne admettent que cette dernière est à la dérive, et qu’elle sert, de plus en plus, de couverture aux seuls intérêts de l’Allemagne[1]. La poursuite de la politique d’austérité, mise en place explicitement pour « sauver l’Euro » sans imposer des coûts trop importants à l’Allemagne le souligne. Cette politique conduit aujourd’hui les pays d’Europe du Sud à la ruine et à la misère. Mais, d’une manière plus générale, l’UE souffre aussi de multiples défauts, qui sont devenus de plus en plus évidents avec le temps. Elle est obèse politiquement, elle est trop ouverte et sans autre ligne de politique industrielle que la fameuse « concurrence libre et non faussée », dont tout économiste un peu honnête doit reconnaître qu’il s’agit d’une contradiction dans les termes. Elle n’assure ni la sécurité économique aux peuples des pays membres, ni même la sécurité politique ; ayant été capturée par des intérêts qui poussent désormais à un affrontement avec la Russie, comme on a pu le voir à propos de la crise ukrainienne. À cette occasion, les dirigeants de l’UE, qui se targuent de respecter les droits de l’homme, n’ont pas hésité à apporter leur soutien à des groupes fascisants comme « Pravy Sektory » ou SVOBODA. Rappelons aussi que cette UE fut parfaitement incapable de nous éviter la crise financière de 2007-2008, et ceci en dépit de tous les discours sur « l’Europe protège ». Cette politique veut se continuer dans la signature prochaine du « Traité Transatlantique », qui établit les conditions d’un libre-échange généralisé avec les Etats-Unis et qui, de fait, impose que nos normes sociales et sanitaires s’alignent sur celles des Etats-Unis. On ne voit plus, alors, ce qui pourrait justifier le maintien d’une « Union Européenne » devant cette nouvelle abdication face à Washington.
L’Union Européenne peut par ailleurs être qualifiée d’organisation criminelle par la politique qui est menée par ce que l’on appelle la « Troïka » en Grèce et dans d’autres pays. Assurément, elle n’est pas seule. La « Troïka » est constituée de la BCE, de la Commission européenne et du FMI. Mais on doit reconnaître que le FMI s’est régulièrement opposé aux politiques menées par cette « Troïka », parce qu’il en prévoyait et en mesurait les conséquences. La responsabilité des malheurs immenses de ces politiques, qui se sont traduites par une forte augmentation de la mortalité en Grèce, et depuis quelques mois au Portugal, – et c’est pour cela que nous utilisons le qualificatif de criminel – sont de la seule et unique responsabilité de la Commission et de la BCE. L’UE porte aussi la responsabilité d’avoir fait entrer un mouvement néo-Nazi, Aube Dorée au Parlement Grec. C’est cela aussi qu’il faudra sanctionner dans ces élections.
L’inanité du discours « changeons l’Europe »
Dans ce contexte, il est clair que personne ne défendra l’UE « telle qu’elle est » et que les discours sur la nécessité de « changer l’Europe » vont se multiplier. Mais quelle peut être leur réalité ?
L’Union Européenne fonctionne avec trop de membres pour que des projets intéressants puissent voir le jour. C’est une réalité qu’une alliance est toujours plus lente et plus faible qu’un seul pays. Par ailleurs, la nature libérale de l’Union Européenne n’est pas seulement inscrite dans le projet européen dès le départ, mais correspond à la pente logique des négociations. Quand vous cherchez un compromis, il est toujours plus facile de le trouver sur une position de non-intervention, que ce soit dans le domaine économique ou social. Tout acte positif donne naissance à d’infinis marchandages qui, en retour, donnent lieu à de nouveaux contentieux. Outre le poids de l’idéologie libérale, le poids des intérêts particuliers des grandes firmes qui sont bien représentées à Bruxelles, il faut savoir que dans la logique d’une négociation le « point focal[2] » de cette dernière est très souvent trouvé dans la mesure la plus « libérale ».
L’Union Européenne n’est pas une institution hors contexte. Elle se meut dans un univers ou, par intérêt personnel comme par idéologie, les fonctionnaires qui la composent, et qui dans une large mesure décident des ordres du jour des réunions, sont acquis à l’idéologie la plus libérale. On rappellera que ces personnes vivent avec des salaires des plus confortables (qu’il ne leur est pas venu dans l’idée de baisser en solidarité avec les peuples qu’ils opprimaient). Prétendre changer l’Union Européenne revient à prétendre vouloir établir un autre contexte, et implique la volonté coordonnée d’une majorité de pays. Il est très clair qu’en raison de l’asynchronie des rythmes politiques dans les principaux pays, ceci est à l’heure actuelle complètement impossible.
On dira alors que ceci tient à la nature intergouvernementale de l’UE et que c’est la raison pour laquelle il faut aller vers une Europe fédérale. Mais ce raisonnement repose sur des bases erronées. Tout d’abord, il n’y a pas de peuple européen, que ce soit du fait de représentations politiques trop divergentes ou du poids des histoires trop enracinées. Seule la solution de l’inter-gouvernementabilité est possible si l’on veut préserver un minimum de démocratie. Par ailleurs, la solution fédérale exigerait aujourd’hui que l’on prélève massivement sur le revenu des plus riches (des Allemands pour faire simple[3]) pour alimenter ce « budget fédéral » que d’aucuns appellent de leurs vœux. La fédéralisation de l’Europe est un non-sens tant politique qu’économique.
Enfin, regardons qui prétend « changer l’Europe ». Ce discours va être tenu tant par l’UMP que par le PS. Or, aucun de ces partis n’a montré depuis plus de vingt ans une quelconque volonté en la matière. La seule manière de réellement « changer l’Europe » serait de provoquer une crise grave, en bloquant le processus décisionnel, que ce soit la France seule ou avec d’autres pays, jusqu’à ce que nous ayons obtenu satisfaction, du moins en partie. C’est ce que fit le Général De Gaulle dans les années 1960 avec la « politique de la chaise vide ». Or, ni l’UMP ni le PS ne prônent une telle politique, ce qui établit un doute radical sur leur volonté réelle de « changer l’Europe ». On peut faire la même remarque avec le parti centriste UDI, les dissidents socialistes de “Nouvelle donne” ou avec les écologistes de EELV. Ajoutons que ces partis sont faiblement structurés, la proie du choc des ambitions personnelles et des conflits d’ego. Il faudrait être fou pour croire qu’une possibilité de changement puisse en émerger.
En réalité, le discours sur « changer l’Europe » se révèle être, que ce soit par dessein ou la conséquence des moyens proposés, un discours mystificateur. On ne change rien, mais l’on prétend vouloir changer pour légitimer des positions qui dans les faits ne changeront rien. Ce n’est même pas comme dans Il Gattopardo de Giuseppe Tomasi di Lampedusa « tout changer pour que rien ne change ». En fait ce n’est pas « changer l’Europe » qu’il faut, mais bien changer d’Europe. Et pour cela, il faut commencer par détruire ce qui dans l’UE empêche tout mouvement.
Suite sur Manifeste pour un débat sur le libre échange
9 millions de chômeurs, et maintenant ?
Par Francis JOURNOT Tribune du 11 mars 2014 sur MARIANNE
Le chômage en France atteint aujourd’hui un niveau inégalé. Mais la classe politique se focalise sur la courbe du chômage de la catégorie A de Pole Emploi qui pourtant, selon plusieurs études, ne représenterait que le tiers du nombre réel de demandeurs d’emploi.
Il nous faut aujourd’hui affronter la réalité des chiffres pour enfin penser des solutions à la mesure de ce fléau.
Le nombre de chômeurs pourrait, au rythme ininterrompu des fermetures d’usines, encore augmenter et à terme, compromettre, faute de cotisants, jusqu'à l’existence même de notre protection sociale. Peut-être s’avère t-il maintenant indispensable, après quatre décennies de politique économique néolibérale mondialiste de libre échange prônant la délocalisation, de relancer l’industrie manufacturière des biens de consommation.
DEMANDEURS D’EMPLOI OU CHÔMEURS ?
La définition du chômeur au sens du Bureau International du Travail (BIT) ne reconnait que la catégorie A de Pole Emploi qui comptabilise exclusivement les 3.3 millions de chômeurs sans aucune activité inscrits en métropole et constitue 10.8 % de la population active. Citons l’exemple des contrats aidés : lorsqu’un chômeur inscrit en catégorie A signe un contrat d’Avenir ou de Génération, celui-ci, bien qu’il soit toujours demandeur d’emploi, intègre la catégorie E et sort des statistiques du chômage.
Quelque soit la définition adoptée, demandeurs d’emploi ou chômeurs, la lutte contre le chômage n’est pas affaire de sémantique.
Pole Emploi, recensait en janvier 2014, toutes catégories et territoires confondus, 5 972 000 inscrits, auxquels il faut ajouter les chômeurs invisibles dont une part importante des 2.2 millions d’allocataires du RSA, les non inscrits découragés et les temps partiels subis.Selon une enquête récente de l’émission Envoyé Spécial sur "les chiffres de Pole Emploi", 7.5 millions de femmes et hommes rechercheraient un travail mais ne seraient pas toujours inscrits. Des associations de chômeurs, syndicats ou formations politiques contestent également les chiffres officiels. Certains avancent un chiffre officieux de 8 millions quand d’autres affirment que notre pays compterait plus de 9 millions de demandeurs d’emploi.
Une enquête du Parisien/Aujourd’hui, "Le chiffre noir des chômeurs invisibles", semble donner raison à ces derniers : Celle-ci s’appuyait sur les données de l’INSEE et de la DARES et dévoilait déjà en décembre 2012 un chiffre de 9 211 800 personnes touchées par le chômage. La chaine publique France 3 corroborait un chiffre de 9 millions dans son dossier "Les vrais chiffres du chômage" au cours de son journal télévisé du 27/12/2012.
Depuis la révélation de ces chiffres, 63 000 entreprises ont fermé leurs portes et selon la DARES (direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques), la hausse du chômage sur un an s’élève à 5.7 %.
LE LEURRE DU BASCULEMENT VERS UN AUTRE MONDE
Le basculement vers une nouvelle économie génératrice d’emploi pour chacun d’entre-nous, promis par les gouvernements français depuis 40 ans n’a pas eu lieu et n’aura, sans doute pas lieu. L’antienne des produits innovants ou hautement technologiques, et plus récemment, de transition énergétique et à haute valeur ajoutée, qui devaient compenser les millions d’emplois industriels délocalisés, est rabâché chaque jour depuis des décennies.
La dédaigneuse et récurrente assertion selon laquelle nous devrions considérer les industries manufacturières qui produisent les biens courants que nous consommons chaque jour, comme des industries d’hier, est significative d’une volonté obstinée de condamner celles-ci à la disparition. Ce postulat idéologique invoque généralement un manque de compétitivité, qui par ailleurs n’est pas toujours avéré si l’on tient compte des coûts cachés. Il ne repose guère sur un fondement économique sérieux si l’on considère également le déficit de notre balance commerciale ou les ravages d’un chômage qui plombe maintenant toute l’économie. Ce discours est associé au dogme néolibéral du libre échange qui depuis toujours, a préconisé la délocalisation de l’industriel française. Depuis les États Généraux de l’Industrie de 2009, bon nombre d’industries manufacturières traditionnelles sont maintenant exclues des dispositifs de financement de l’économie sans lesquels il est impossible pour une PME industrielle de s’adapter et de survivre.
Nicolas Sarkozy et François Hollande, sont d’ardents partisans de cette politique économique qui a pour effet de dévaster notre pays tout en esclavagisant les populations des pays émergents. De nombreuses régions françaises sont aujourd’hui exsangues et la paupérisation gagne du terrain. L’explosion du nombre d’allocataires de minimas sociaux, de repas servis par les restos du cœur ou le chiffre croissant de SDF, nous rappelle chaque jour la trahison des élus envers le peuple.
PACTE DE RESPONSABILITE, QUE PEUT ON ESPERER ?
Le plan de relance de Nicolas Sarkozy en 2009, d’un montant de 34 milliards d’euros n’à créé selon les sages de la cour des comptes, que 18 000 à 72 000 postes soit un coût par emploi entre 472 000 et 1900 000 euros. Selon plusieurs économistes, le Grand emprunt de 35 milliards lancé en 2010, n’en a pas généré davantage. Le chiffre de 1 million d’emplois, slogan du patron du MEDEF Pierre Gattaz et celui de 300 000 emplois, estimé par le Haut conseil de la protection sociale, peuvent paraitre très optimistes et pourraient décevoir.
Le pacte de responsabilité ne semble guère plus contraignant en termes de création d’emploi que les deux précédents plans gouvernementaux et il est peu certain qu’il crée davantage d’emploi en France. Le crédit d’impôt compétitivité/emploi (CICE)) d’un montant de 20 milliards d’euros est maintenant inclus dans le pacte de responsabilitéde 35 milliards d’euros. Il a été inspiré par le rapport Gallois et était initialement pensé pour alléger les charges de l’industrie. Finalement, 16 milliards d’euros iront aux services et à la distribution et 4 milliards d’euros seulement iront aux entreprises industrielles.
Pourtant, si l’on considère que les emplois industriels génèrent d’autres emplois, il aurait été, d’un point de vue purement économique, plus efficient pour l’emploi, d’encourager l’industrie. Par ailleurs, les entreprises peuvent bénéficier des allégements de charges sans recruter de nouveaux salariés : « Le CICE a pour objet de financer les efforts de l'entreprise en matière d'investissement, de recherche, d'innovation, de formation, de recrutement, de prospection de nouveaux marchés, de transition écologique ou énergétique et de reconstitution de leur fonds de roulement ».
RÉINVENTER L’INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE DES BIENS DE CONSOMMATION
On peut toujours continuer à déplorer l’augmentation du chômage, attendre le retour d’une croissance qui crée peu d’emplois industriels depuis que nous importons la plupart des produits que nous consommons, invoquer une baisse de l’euro que l’Allemagne ne souhaite pas ou parier sur une sortie de la zone euro pour retrouver notre indépendance budgétaire, attendre que les salaires des pays émergents rejoignent notre salaire minimum ou même croire que le Pacte de Responsabilité impactera le taux de chômage, mais pour l’heure, il convient de penser et mettre en œuvre rapidement, quelles que soient les oppositions, des solutions pragmatiques susceptibles de faire baisser significativement le taux de chômage sans que cela ne coûte de l’argent à la collectivité.
L’industrie manufacturière des biens de consommation pourrait bien constituer l’un des rares leviers majeurs dont nous disposons pour recréer à terme plusieurs centaines de milliers d’emplois, auxquels s’ajouteraient par effet mécanique, deux à trois fois plus d’emplois indirects et induits. L’implantation d’usines dans des régions exsangues redonnerait vie à des territoires entiers. Certes, face au dumping salarial, fiscal, social, environnemental ou monétaire des pays à bas coûts, la fabrication française est souvent peu compétitive. Néanmoins, en modifiant les modes de gestion et les processus de production, il serait tout à fait possible de fabriquer à nouveau en France, une part importante de nos biens de consommation moyen/haut de gamme. Un outil de production plus automatisé corrigerait les coûts de produits exigeant davantage de main d’œuvre et de savoir-faire artisanal. Parfois, un raccourcissement du circuit de distribution, sur le modèle économique de l’intégration verticale, augmenterait considérablement la compétitivité.
Pour financer cette relance, Il suffirait de réorienter chaque année, parmi les aides les moins efficientes pour l’emploi, 1 à 2 % des 220 milliards d’euros annuels de subventions aux entreprises et dépenses pour l’emploi, pour recréer plusieurs centaines de milliers d’emplois industriels en quelques années. Il conviendrait en outre, de mutualiser des outils de distribution et de commercialisation qui optimiseraient la compétitivité des produits, permettraient de juguler la disparition d’entreprises industrielles et favoriseraient la reconstitution d’écosystèmes. Un plan d’un montant total de 15 à 20 milliards d’euros sur 5 à 10 ans, permettrait de se fixer un objectif de 300 000 emplois industriels. L’activité et les emplois industriels, généreraient mécaniquement, 600 000 à 900 000 emplois indirects et induits. Ceux-ci, il faut l’admettre, ne compenseraient pas totalement la perte de 2.5 millions d’emplois industriels en un peu plus de deux décennies. Cependant, au terme du plan, plus de 20 milliards d’euros de nouvelles cotisations salariales et patronales, pourraient abonder chaque année les caisses des régimes de protection sociale. L’augmentation progressive du nombre de cotisants réduirait d’autant les déficits et permettrait d’envisager une baisse durable du montant des cotisations. Par ailleurs, l’économie pour la collectivité en dépenses pour l’emploi (DPE) et dépenses connexes pourrait dépasser chaque année, 22 milliards d’euros.
Une relance de l’industrie manufacturière, même si celle-ci s’avérait longue et difficile, démontrerait une volonté nouvelle du gouvernement, indiquerait une remise en question du dogme et enverrait un signal fort et positif aux français qui, en majorité, s’inquiètent de la délocalisation de l’emploi. Elle rassurerait et insufflerait une dynamique pouvant s’étendre à l’ensemble de l’économie française.
Le gouvernement devra, pour fixer un cap économique à notre pays, renoncer a sa politique dogmatique et peut-être tiendra-t-il compte de nos propositions : A l’invitation des Rencontres parlementaires sur le Travail et l’Emploi qui auront lieu le 21 mai 2014 à Paris, j’interviendrai au nom de notre mouvement sur le thème "Quelles idées pour créer plus d’emploi ?" Le colloque réunira plusieurs autres conférenciers, directeurs d’étude et de recherche, économistes, universitaires et rapporteurs de budgets et projets de loi sur le travail et l’emploi, et devrait se dérouler en présence de Pierre Moscovici, ministre de l'Économie et des Finances et de Michel Sapin, ministre du Travail et de l’Emploi.
Francis JOURNOT
Associations citoyennes www.vetements-made-in-france.com, www.international-convention-for-minimum-wage.org , www.rendez-nous-notre-industrie.com , Collectivité Nationale
Emmanuel Todd: "L'euro, un veau d'or français"
Marianne : A quel moment s'est formée votre conviction selon laquelle nous devions sortir de l'euro ?
Emmanuel Todd : J'ai commencé par dire qu'il ne fallait pas y entrer. Quand débute le débat sur Maastricht en 1992, je suis en train d'étudier la divergence des sociétés industrielles sur l'immigration - France, Allemagne, Grande-Bretagne -, où je mesure des taux de mariages mixtes très différents. Je n'imagine pas ces nations dans une monnaie unique, je vote non. Le oui l'emporte. Je m'intéresse alors à la façon dont l'euro dysfonctionne, et, bon citoyen, je milite pour un protectionnisme européen capable de sauver cette monnaie mal pensée. Dans Après l'Empire (2002), j'ai de grands projets d'unité franco-allemande, j'écris que la France devrait partager avec l'Allemagne son siège au Conseil de sécurité. Enfin, vers 2009, influencé par la lecture d'économistes mainstream comme Xavier Timbeau et Patrick Artus, j'admets que l'Allemagne est sur une trajectoire nationaliste et utilise l'euro pour détruire ses partenaires. Nous devons sortir de ce rapport monétaire sadomasochiste avec l'Allemagne.
Même les économistes qui souhaitent la sortie de l'euro évoquent un recul provisoire du niveau de vie et une grosse déstabilisation... Pensez-vous que les peuples soient prêts à accepter cela, même transitoirement ?
E.T. : Jusqu'ici les peuples étaient tenus par la peur, celle de perdre leurs économies, notamment. Beaucoup de gens s'imaginaient jusqu'à il y a très peu de temps qu'ils avaient plus à perdre qu'à gagner à un choc chirurgical monétaire. Mais les choses changent car le niveau de vie a commencé à baisser. Il y a un élément magique dans la monnaie. Les gouvernants français, intellectuellement, ne sont pas au niveau. Ils n'ont pas lu Knapp, indispensable auteur allemand d'une Théorie étatique de la monnaie (1905), que Keynes avait fait traduire. Nos benêts d'énarques n'ont jamais envisagé les conséquences concrètes du transfert de souveraineté monétaire en Allemagne. Une sortie de l'euro provoquerait certes une désorganisation temporaire mais, surtout, des effets économiques bénéfiques et rapides, avec en prime une révolution sociale, le nettoyage d'élites mal formées, vieillissantes, archaïques, quelque chose de comparable à ce qui s'est passé en 1945.
Pourquoi le débat sur la sortie de l'euro prend-il aussi peu chez les politiques, notamment au PS ou au Front de gauche ?
E.T. : L'euro ne marchera jamais. Il n'y a guère qu'en France qu'on ne s'en rend pas compte. Les non-débats hexagonaux sont fastidieux, les dirigeants français sont fades (Hollande, Moscovici, Fabius, Mélenchon, Juppé, Bayrou, etc.), et je me suis remis à voyager. Vu de Washington, de Tokyo ou de Berne, la zone euro est le trou noir de l'économie mondiale, l'un des deux grands facteurs dépressifs planétaires, l'autre étant l'excédent commercial chinois. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Japon font des politiques de relance monétaire et regardent d'un air navré l'euro, cette construction archaïque, qui interdit toute relance monétaire à la France. La Suisse, quant à elle, achète à n'importe quel taux des bons du Trésor français libellés en euros pour empêcher la hausse du franc Suisse. Eh oui, c'est cela que nos dirigeants appellent «la confiance des marchés» ! Quels cons ! De véritables cocus monétaires !
L'échec de l'euro a déjà des effets géopolitiques. Pas seulement l'effondrement de l'influence française à l'intérieur et à l'extérieur de la zone, mais aussi une perte d'influence de l'Europe entière. La Russie se sent assez forte pour tenter de reprendre le contrôle de l'Ukraine parce que l'Europe, ravagée par l'austérité germanophile, n'exerce plus une force d'attraction suffisante.
Mais alors, je vous repose la question : pourquoi cette paralysie de la classe politique française sur la question ?
E.T. : Je relis Astérix en ce moment. C'est excellent pour comprendre l'attachement à l'euro des élites françaises. Il s'agit tout simplement d'un provincialisme de petit village gaulois. Des Gaulois qui auraient choisi de se soumettre aux Goths ! [Rires]
Le discours sur l'euro se teinte désormais bizarrement d'une nuance franchouillarde. Ce qui m'a frappé, et choqué, je dois le dire, dans la conférence de presse du vice-chancelier Hollande, c'est son appel inattendu et incongru au patriotisme français. Il a du reste associé ce patriotisme à la nécessaire collaboration avec l'Allemagne. Question pour jeu télévisé : qui a déjà fait ça dans l'histoire ? Pourtant, la conférence de Hollande m'a rempli d'espoir. Bon, on voyait qu'il se sentait bien, heureux de son nouveau statut de sex-symbol, mais j'ai senti une tension, du pathos, quand il s'en est pris aux «extrémistes» qui veulent la fin de l'euro. Pour comprendre cette émotion, il faut voir la nature religieuse de l'euro, veau d'or, monnaie sacrificielle. L'ébranlement d'une croyance religieuse s'accompagne toujours d'une résistance intérieure qui engendre des fondamentalismes de transition : jansénisme, islamisme, intégrisme monétaire hollandiste. Je sens chez Hollande un ébranlement dans les couches profondes, préconscientes. Son inconscient sait, et il a peur. Peur de perdre sa foi, peur peut-être d'être un jour accusé de non-assistance à nation en danger. Le concept d'immunité semblait aussi le passionner.
En matière d'ultime argument, les partisans du TCE s'étaient appuyés, lors du référendum de 2005, sur la nécessaire sauvegarde de la paix entre les peuples européens. Aujourd'hui, on voit la haine monter partout, notamment entre la Grèce et l'Allemagne...
E.T. : Durant un symposium sur le libre-échange à Kyoto, écoutant un économiste japonais, j'ai admis la simplicité de ce qui nous arrivait. Celui-ci voyait l'étalon-or et la fixité des changes comme la condition d'une compétition maximale entre nations. On nous vend l'euro comme un espace de protection contre la mondialisation. Mais la monnaie unique, en interdisant, comme l'étalon-or, la dévaluation, définit une zone d'affrontement maximal, une guerre économique. Sortir de l'euro, c'est la paix. Cessons cette guerre ridicule avec l'Allemagne.
Propos recueillis par Aude Lancelin
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Monsieur Hollande, la relance de l'industrie et de l'emploi ouvrier, c'est pour quand ?
Par Francis JOURNOT
Lorsque l’on inventorie les aides de l’État français aux entreprises, les dépenses pour l’emploi et les plans de relance, il apparait que le montant annuel dépasse 220 milliards d’euros.
Ce colossal volume d’aides pourrait très certainement permettre la création d’un grand nombre d’emplois industriels manufacturiers. Alors, incompétence ou manque de volonté politique et fidélité au dogme du libre échange ?
ROMPRE AVEC LE DOGME POUR RECRÉER DES EMPLOIS OUVRIERS
L’industrie manufacturière pourrait offrir d’importantes perspectives d’emploi à des populations paupérisées et particulièrement touchées par le chômage dont un nombre très important d’ouvriers et de jeunes adultes peu diplômés mais aussi des personnels très qualifiés, techniciens ,cadres, ingénieurs.
Les déclarations d’intention du gouvernement ne suffiront pas à enrayer le chômage et il incombe maintenant au chef de l’État d’avoir la volonté de relancer ce secteur industriel porteur d’emploi mais délaissé depuis plus de trente ans au nom de l’idéologie néolibérale du libre échange.
Peut-on encore croire à l’antienne des services, R&D et produits innovants ou hautement technologiques qui devaient nous assurer le plein emploi et permettre aux ouvriers d’accéder à des emplois revalorisés après des formations transformant ceux-ci en techniciens qualifiés.
En effet, comparativement à ses voisins européens, l’industrie française n’a que très peu automatisé son outil productif.
Pour exemple, la France compte à peine 34 000 robots, l’Italie en possède deux fois plus et prés de 150 000 robots industriels œuvrent outre Rhin.
Bon nombre de grandes entreprises ont, semble t-il, jugé peu intéressant de moderniser l’outil productif et ont préféré opter pour une délocalisation totale ou partielle de leur production dans les pays à bas coûts, y compris lorsque la fabrication en France s’avérait compétitive.
Les produits à forte valeur ajoutée, innovants, hautement technologiques et dits de « transition énergétique et écologique », désignés par les gouvernements successifs pour sauver l’industrie et créer des centaines de milliers d’emplois, sont de plus en plus fabriqués dans les usines des pays émergents, et cela, même lorsque l’État français finance une partie de leur conception avec des crédits d’impôts en R&D (recherche et développement).
On peut raisonnablement penser que l’optimisation des profits constitue souvent la principale motivation lors de la prise de décision de délocalisation. Citons deux exemples d’industries manufacturières dont la production en France est très rentable.
L’industrie du luxe délocalise malgré des marges importantes. Le coût de la façon en France d’un vêtement féminin de luxe se situe entre 5 et 8 % du prix de vente final et le coût d’un costume pour homme auparavant confectionné en France et revendu au client 700 ou plus de 1 000 euros, excédait rarement 120 euros. Les 2 leaders français du secteur se partageaient en 2012, prés de 5 milliards d’euros de bénéfices pour 38 milliards de chiffre d’affaires.
- Le champion de l’industrie pharmaceutique française a réalisé plus de 8 milliards d’euros de bénéfices en 2012 pour un chiffre d’affaires de 35 milliards d’euros et doit sa prospérité aux médicaments remboursés par la Sécurité Sociale, qui constituent 74 % de ses ressources. Pourtant, une part croissante de son activité est délocalisée en Asie et prés de 5 000 emplois ont été supprimés en France depuis 2008.
Par ailleurs, le prétexte de la rentabilité insuffisante ou inexistante qui menacerait jusqu'à la survie de l’entreprise est souvent invoqué pour justifier la délocalisation de la production, Pourtant, dans bon nombre de cas, la poursuite de l’activité en France aurait été possible.
Après l’industrie, les métiers de services, qui, selon tous les gouvernements depuis les années soixante-dix, devaient compenser une grande part des pertes d’emplois industriels, sont depuis quelques années délocalisés à leur tour.
La croissance est en baisse continue depuis plusieurs décennies et il n’est pas acquis que nous parvenions à renouer prochainement avec des taux supérieurs à 1.5 ou 2 %, seuils à partir desquels la croissance pourrait, selon plusieurs économistes, recréer de l’emploi.
En délocalisant notre industrie nous avons aussi délocalisé notre croissance et nombreux sont les français qui comprennent maintenant que nous nous sommes fourvoyés et que nous devrons tôt ou tard, produire une plus grande part des biens que nous consommons pour lutter conte le chômage, sauver nos régimes de protection sociale et rééquilibrer notre balance commerciale.
Les chiffres du chômage et de tous les indicateurs économiques soulignent chaque jour les ravages causés par la politique de désindustrialisation et de libre échange non protégé des gouvernements nationaux et de la Commission Européenne à travers les traités de fonctionnement de l’Union Européenne (articles 28, 32 et 63 du TFUE).
Peut-être convient-il dès maintenant d’en tirer des enseignements afin d’abandonner une politique dogmatique qui plonge la France et son industrie dans le déclin.
LES ACTIONS EN FAVEUR DE L’EMPLOI PEU PROMETTEUSES
Les sondages portant sur la politique gouvernementale nous enseignent que la majorité des français n’est guère convaincue de l’efficacité des mesures pour l’emploi annoncées. Celles-ci ne sont, certes, pas inutiles, mais pourraient cependant, s’avérer très insuffisantes. Le rapporteur général du budget Christian Eckert (PS) estimait le 17 avril 2013, que celles-ci « tardent à donner les effets escomptés »
- Les contrats aidés comme les « emplois d’avenir » ont été maintes fois utilisés par des gouvernements. Principalement destinés au secteur public et aux associations, ces emplois subventionnés peuvent constituer une première étape vers l’emploi, mais ne préparent que peu les jeunes bénéficiaires à travailler dans le secteur privé. Le dispositif peine à trouver des partenaires. Seulement 19 000 contrats ont été signés depuis novembre 2012. L’objectif, d’abord fixé par François Hollande à 150 000 emplois d’ici la fin de l’année bien que maintenant abaissé à 100 000 emplois, pourrait s’avérer difficile à atteindre.
- L’objectif de 500 000 « contrats de génération » (CG) peut également sembler très optimiste. Ce contrat devrait surtout intéresser les entreprises qui ont déjà un projet de recrutement. Est-ce que des dirigeants de PME, qui n’avaient pas envisagé d’embauche, estimeront qu’une prime annuelle de 4 000 euros par binôme, parfois remboursable en cas d’échec, compensera la contrainte et le risque de s’engager sur le versement de 2 salaires sur au moins 3 ans, soit le versement de 200 000 ou 250 000 euros de salaires chargés ? Il n’est pas certain qu’en période de croissance atone et sans visibilité, que beaucoup de chefs d’entreprises se précipitent pour signer un contrat qui les liera à 2 salariés (junior et senior) pour cette durée et au-delà, avec la signature obligatoire d’un CDI). Il est à craindre que la plupart des emplois qui seront créés l’auraient été sans le contrat de génération.
- La promesse d’offrir une formation professionnelle à un chômeur sur deux dans les deux mois, peut sembler très ambitieuse. Bien que 31 milliards d’euros soient chaque année, déjà consacrés à la formation, la plupart des demandes formulées auprès de Pole Emploi ne sont pas satisfaites. Aussi, on peut douter qu’il soit possible d’organiser rapidement 1.5 ou 2.5 millions de formations susceptibles de déboucher sur un emploi.
D’autre part, il convient d’écouter avec prudence le discours récurent qui tend à justifier une part importante du chômage par le manque de formation et d’adéquation des chômeurs avec les besoins du marché de l’emploi. La carence globale d’offres semble davantage responsable de l’augmentation du taux de chômage et de plus en plus de demandeurs d’emploi déjà parfaitement formés, qualifiés, diplômés ou surdiplômés ne trouvent guère d’emploi.
- Le crédit d’impôt compétitivité/emploi (CICE)) d’un montant de 20 milliards d’euros, à été inspiré par le rapport Gallois et était initialement pensé pour alléger les charges de l’industrie. Finalement, 16 milliards d’euros iront aux services et à la distribution et 4 milliards d’euros seulement iront aux entreprises industrielles. Pourtant, si l’on considère que les emplois industriels génèrent des emplois de service et de commerce, il aurait été, d’un point de vue purement économique, plus efficient d’encourager l’industrie pour créer un plus grand nombre d’emplois.
Par ailleurs, il n’est pas certain que ce dispositif génère beaucoup d’emploi car les entreprises peuvent bénéficier des allégements de charges sans recruter de nouveaux salariés : « Le CICE a pour objet de financer les efforts de l'entreprise en matière d'investissement, de recherche, d'innovation, de formation, de recrutement, de prospection de nouveaux marchés, de transition écologique ou énergétique et de reconstitution de leur fonds de roulement ».
PENSER UNE STRATÉGIE PRAGMATIQUE ET EFFICIENTE
En modifiant parfois les modes de gestion et les processus de production notamment en modernisant l’outil productif, il serait tout à fait possible de fabriquer à nouveau en France la plupart de nos biens de consommation moyen/haut de gamme.
En outre, il conviendrait de créer des structures de commercialisation et de distribution des produits réalisés par des ateliers ou des usines qui ne disposent que très rarement de structures appropriées.
Supposons que le gouvernement consente à relancer l’activité manufacturière : il suffirait de réorienter 1.5 à 2 % des 220 milliards d’euros annuels d’aides aux entreprises et dépenses pour l’emploi, pour recréer plusieurs centaines de milliers d’emplois en quelques années.
L’État pourrait accorder en priorité et sous conditions, des aides d’un montant de 25 000 à 50 000 euros, à des PME éligibles, à chaque fois qu’elles s’engageraient à créer un emploi de production en France. Une part de ces aides permettrait également de mutualiser un outil de distribution et de commercialisation qui optimiserait la compétitivité des produits.
Un budget total de 10 à 12 milliards d’euros sur 3 à 5 ans permettrait de se fixer un objectif de 250 000 créations d’emplois industriels, qui, il faut l’admettre, ne compenseraient pas la perte des 2.5 millions d’emplois industriels disparus en un peu plus de deux décennies.
Cependant, la mise en place d’un tel dispositif démontrerait une volonté nouvelle du gouvernement, indiquerait une remise en question du dogme et enverrait un signal fort et positif aux français qui, en majorité, s’inquiètent de la délocalisation de l’emploi.
Cette relance de l’industrie manufacturière des biens de consommation rassurerait et pourrait également insuffler une dynamique pouvant s’étendre à l’ensemble de l’économie française.
La création d’un emploi industriel génère habituellement 2 à 3 emplois indirects et induits. Ainsi le coût de création de chaque emploi industriel serait à terme divisé par 3 et peut-être 4. A terme, prés d’un million d’emplois directs, indirects et induits pourraient se créer dans des régions souvent désertées.
La collectivité pourrait économiser ensuite le coût d’un nombre considérable de chômeurs. L’État encaisserait davantage de cotisations sociales et cela contribuerait à la sauvegarde de nos régimes de protection sociale. De plus, une importante partie des aides serait ultérieurement remboursée par les entreprises bénéficiaires.
Chaque année, une économie totale au moins équivalente à la totalité des subventions serait réalisée et à terme, chaque euro de dépense publique permettrait d’économiser plusieurs euros sur les futurs budgets, contribuant alors à réduire le déficit public.
Les entreprises industrielles françaises réalisent généralement une part importante de leur chiffre d’affaires à l’intérieur de l’hexagone et lorsqu’un emploi est crée, c’est le pouvoir d’achat d’un consommateur potentiel de produits fabriqués en France qui augmente et le déficit commercial français qui diminue.
DES INVESTISSEMENTS DE FONDS PUBLICS MAL CIBLÉS ET PEU OPÉRANTS SUR L’EMPLOI
Les aides de l’État français aux entreprises, du plan de relance de 34 milliards d’euros, du grand emprunt de 35 milliards, des 100 milliards d’euros de subventions accordées chaque année aux entreprises, du crédit impôt « Compétitivité Emploi » de 20 milliards ou des 100 milliards d’euros annuels de dépenses pour l’emploi (DPE) dont dépenses connexes, n’ont pas permis de faire reculer le chômage.
Selon les sages de la cour des comptes, les 34 milliards du plan de relance de 2008/2009, n’ont permis la création ou le maintien de seulement 20 000 à 70 000 emplois coûtant donc entre 600 000 et 2 millions d’euros chacun et selon plusieurs économistes, le grand emprunt de 35 milliards d’euros, rebaptisé « Investissements d’avenir » en 2012, ne semble pas avoir créé davantage d’emplois.
Il convient donc de s’interroger sur le manque d’efficacité de la politique de relance de l’industrie exécutée par le Fonds stratégique d’investissement (FSI) et la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC).
En effet, afin de créer un effet de levier, ceux-ci placent directement ou indirectement une part importante des deniers du contribuable dans de nombreux fonds d’investissement français ou étrangers qui, généralement, recherchent un TRI (taux de rentabilité interne) d’au moins 12 ou 15 % annuel, et ciblent donc des placements dans des entreprises ou des projets R&D prévoyant leur production le plus souvent dans les pays à bas coûts.
Aussi, les résultats en termes de coût et de création d’emploi semblent indiquer que cette méthode va à l’encontre de l’intérêt de la collectivité.
Il est à craindre que la Banque Publique d’Investissement (BPI) qui réunit ces deux acteurs majeurs de la finance de l’économie, ne parvienne guère à créer plus d’emploi si elle ne modifie pas une politique d’investissement plutôt influencée par le dogme néolibéral du libre-échange.
Quelques grandes entreprises dont certaines appartenant au CAC 40 ont recueilli la plus grande part en montant, des aides aux entreprises sans pour autant cesser de délocaliser et peut-être devons-nous douter de la pertinence des conditions d’attribution de la plus grande part des subsides de la collectivité. Une étude du cabinet Ernst & Young révélait récemment que la catégorie la plus créatrice d’emploi, représentée par les PME, ne percevait que 9 % du montant total annuel des subventions !
Dans un article publié en septembre 2011 sur Marianne2 nous nous interrogions :
Le PS veut-il vraiment réindustrialiser la France?
Francis JOURNOT
Associations citoyennes www.vetements-made-in-france.com, www.international-convention-for-minimum-wage.org , www.rendez-nous-notre-industrie.com , Collectivité Nationale
Pourquoi les bourses mondiales montent-elles alors que l'économie réelle est à terre ?
Alors que l’économie mondiale s’enfonce dans une crise de la demande de plus en plus forte, les bourses s’envolent.
Bien que les journaux en parlent peu, la croissance dans les grands pays émergents est de plus en plus faible : Croissance d’à peine 1% au Brésil, Croissance de 3% mais en fort ralentissement en Russie, Croissance de 4,5% en Inde contre 8% dans les années 2000, Croissance de 2% en Corée du Sud, de 1% à Taïwan et nulle à Hong Kong, Croissance réelle autour de 5% en Chine si l’on extrapole la croissance de la consommation de matières premières par la Chine (les chiffres ne sont plus cohérents et même Goldman Sachs et UBS s’en étonnent dans cet article).
Si certains des lecteurs peuvent rêver d’une telle croissance en France, n’oublions pas que ces pays ont un grand retard économique à rattraper. L’Europe est en moyenne en récession de 1% .
Les Etats-Unis sont le seul pays qui continue à avoir une croissance en adéquation relative avec son potentiel autour de 2% sur l’année écoulée. Mais ceci est dû à une spécificité américaine : le crédit à la consommation. En effet, le salaire moyen n’augmente pas ou très peu comme on le voit sur ce graphique : à peine 0,3% chaque année (chiffre du bureau pour l’emploi américain BLS).
Mais le crédit à la consommation a une toute autre dynamique ! A l’exception de la crise de 2008, sa hausse génère directement 1% de croissance par an (sans compter les effets indirects)
Grâce au crédit, les américains génèrent donc un peu de croissance économique malgré la faiblesse des salaires. On rappelle ici la règle économique de base qu’on a un peu tendance à oublier : sans hausse des salaires, pas de croissance économique viable ! N’est-ce pas Messieurs les économistes « il faut baisser les coûts du travail»
Evidemment, cette hausse du crédit a l'inconvenient de faire baisser le taux d'épargne à des niveaux proches de 0 comme en 2007-2008 mais cela compense la faible hausse des salaires»
Suite de l'article sur le Forum démocratique
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par Francis JOURNOT TRIBUNE SUR MARIANNE 2
La trahison de nos dirigeants
Parmi tous les pays d’Europe, la France est le pays qui s’est le plus vite désindustrialisé car depuis 35 ans, nos gouvernements successifs ont volontairement détruit l’industrie française par allégeance économique au dogme néolibéral du libre-échange et pour servir les intérêts de grands groupes.
La délocalisation de l’industrie n’est pas une fatalité et plusieurs articles du traité de fonctionnement de l’Union Européenne dont les articles 32 et 63 du TFUE, encouragent la désindustrialisation de la France.
L’article 32 préconise plus d’échanges commerciaux et de compétitivité et, conformément à cette recommandation, les entreprises ont pu délocaliser leur production dans les pays à bas coûts avec la bénédiction de l’Europe et de l’Etat français. L’article 63 interdit les restrictions de capitaux et de paiements entre les pays membres mais aussi les pays tiers comme la Chine ou l’Inde. En libérant les mouvements de capitaux à destination et en provenance de la Chine ou de l’Inde, l’Union Européenne a largement contribué au démembrement de l’industrie française, à l’augmentation de la dette publique de la France et au déclin de notre pays.
Nos dirigeants nous ont contraints à obéir aux directives européennes sans tenir compte de notre rejet du traité de Lisbonne lors du referendum de 2005. Ils sont aujourd’hui responsables de notre appauvrissement et de notre endettement.
Nicolas Sarkozy nous a trahi en bradant notre indépendance et en nous imposant plus de soumission à une politique Européenne qui ruine de plus en plus de travailleurs mais enrichi toujours davantage les financiers et les grands groupes.
En endettant et en désindustrialisant la France plus rapidement qu’aucun chef d’état ne l’avait fait avant lui, Nicolas Sarkozy nous a livré pieds et mains liés au pouvoir de la finance et au bon vouloir des pays émergents. François Hollande emboite les pas de son prédécesseur en conduisant la même politique européiste et modialiste qui a ruiné notre pays tout en affirmant vouloir protéger l’industrie et l’emploi.
Dans un article publié en septembre 2011, nous nous interrogions : "Le PS veut-il vraiment réindustrialiser la France ? " mais n’avons, hélas, plus de doutes : nous avons, lors des primaires socialistes, écrit aux 6 candidats dont Arnaud Montebourg mais aucun des candidats n'a répondu. Le PS a certainement jugé ce sujet trés embarassant et n’a probablement pas l’intention de relancer l’industrie manufacturière des biens de consommation. L'ancien gouvernement, également embarrassé par ce sujet, a certes toujours botté en touche, mais a toujours eu au moins la courtoisie de répondre.
Francois Hollande, conseillé pendant la campagne par des économistes tous rétribués par des banques ou assurances : Jean Hervé Lorenzi (Rothschild), Stéphane Boujnah (Deutsche-Bank), Emmanuel Macron (Rothschild), Elie Cohen (Société Générale) Karine Berger (assurances-crédits Euler-Hermes), continue à prôner le libre échange et se contente de nous servir la même rhétorique que Nicolas Sarkozy selon laquelle, les produits innovants et technologiques assureront l’avenir de l’industrie et remplaceront les emplois délocalisés. Evidemment François Hollande n’ignore pas que les produits technologiques et innovants de masse sont pour la plupart, produits en Chine et que la création de quelques emplois hautement qualifiés en bureaux d’études n’apportera pas de solutions d’emplois aux millions de chômeurs qui sont rarement ingénieurs ou chercheurs. De plus, un haut niveau de qualification ne garanti plus un emploi : citons pour exemple le constructeur automobile PSA qui n’hésite plus à délocaliser en Chine ou en Inde des milliers d’emplois de R&D (recherche & développement) après avoir emprunté plusieurs milliards d’euros au contribuable français justement pour financer l’innovation !
Il est probable que la France soit aujourd’hui plus en danger de perdre son indépendance qu’elle ne l’a jamais été au cours de son histoire et peut-être conviendra t-il de juger un jour nos dirigeants pour leurs infractions politiques, lourdes de conséquences pour l’avenir de notre pays.
Francis JOURNOT
Mouvement associatif "Rendez-nous notre industrie !"
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L'État est au service d'une oligarchie liée aux marchés, assure Todd
Le Point : Les États sont-ils en guerre contre "les marchés" ?
Emmanuel Todd : Ne soyons pas dupes de ces concepts mystificateurs, Bruxelles, les marchés, les banques, les agences de notation américaines : ces faux nez camouflent la prise du pouvoir politique, à l'échelle mondiale, par les plus riches. Sous couvert de protéger l'argent des petits épargnants, les marchés, ce sont tout simplement les plus riches jouant avec les États. Les riches ne se battent pas contre les États, ils se battent pour les contrôler encore mieux (voir "L'État prédateur", de James Galbraith). Il suffit d'observer les parcours de certains individus entre la haute administration, les firmes américaines, Bruxelles et, désormais, les gouvernements pour comprendre qu'ils y parviennent. Si une même caste contrôle les marchés et les États, l'opposition entre les uns et les autres n'a plus aucun sens.
Vous êtes bien léger avec l'argent des petits épargnants !
Je refuse de céder au chantage. Lorsqu'ils partaient à la conquête de villes, les Mongols utilisaient des otages comme boucliers humains. Le groupe des plus riches fait exactement la même chose : ses otages, ce sont les petits épargnants.
"La faute aux riches !" : n'est-ce pas sommaire ?
Que cela vous plaise ou non, l'accumulation excessive d'argent dans les strates supérieures de la société est l'une des caractéristiques de la période. La baisse, ou la stagnation, des revenus des gens ordinaires est allée de pair avec la hausse des revenus des 1 % les plus riches et, à l'intérieur de ce petit groupe, des 0,01 % les plus riches. Quant à l'État, il faut reconnaître son ambivalence et s'appuyer sur la partie raisonnable du marxisme pour comprendre ce qui se passe. L'État est à la fois l'incarnation de l'intérêt général et l'expression de la classe dominante. L'État social d'après-guerre, l'État gaulliste, et quoi qu'en ait dit le Parti communiste, agissait surtout au nom de l'intérêt général, il gérait une croissance pour tous. Aujourd'hui, l'État est prioritairement un État de classe. Le capitalisme financier contrôle à nouveau les États.
La situation serait-elle meilleure si les riches étaient moins riches ? Autrement dit, le problème est-il moral ou économique ?
Mon analyse n'a aucune visée morale. Depuis 1990, l'ouverture des échanges et la libéralisation des flux financiers ont effectivement provoqué un fantastique accroissement des inégalités. À ce sujet, je rends hommage à l'école Piketty, dont il semble que les travaux comparatifs à l'échelle mondiale aient été décisifs dans l'émergence actuelle de la thématique des 1 % aux États-Unis et au Royaume-Uni. Aussi opaque que puisse paraître le système, on peut approcher sa réalité en analysant la façon dont un groupe social contrôle une partie importante des ressources. Dans ces conditions, la question essentielle n'est pas celle des marchés en tant que tels, mais celle de l'oligarchie et de son rapport à l'État. Il faut donc identifier cette oligarchie et analyser sa structure, son mode de vie, sa composition.
S'agit-il d'un groupe hors sol, d'"élites mondialisées", expression qui faisait bondir tout le monde il y a dix ans ?
Encore une fantasmagorie de l'époque ! On croit que le libre-échange globalisé a engendré une oligarchie transnationale. Parce qu'on fait abstraction des facteurs culturels, on ne voit pas qu'il existe plusieurs oligarchies dont les relations sont structurées par d'implacables rapports de forces. La spécificité de l'oligarchie française, c'est sa proximité avec la haute administration. Ses membres ont souvent étudié dans de grandes écoles - sans forcément être des héritiers -, parlent en général très mal l'anglais, sont incroyablement français dans leurs moeurs et n'en finissent pas de se faire rouler par les vrais patrons, l'oligarchie américaine. La soumission à Standard & Poor's et Moody's est une soumission à l'oligarchie américaine. Quant à l'oligarchie allemande, nouvelle venue dans le système de domination, elle s'habitue ces jours-ci à traiter les Français comme de simples vassaux. Le charme singulier de l'oligarchie chinoise est son étroite intrication avec le Parti communiste. La plupart des analystes passent à côté de cette hétérogénéité. La gauche nourrit l'illusion d'une égalité au sommet, alors que l'inégalité caractérise autant le haut que le bas de la structure sociale mondiale.
Si les États ne s'endettaient pas, ils ne s'appauvriraient pas et n'enrichiraient personne en remboursant leur dette.
Cette idée est complètement à côté de la plaque parce qu'elle méconnaît le mécanisme réel de l'endettement. On analyse la dette publique à partir du point de vue d'un emprunteur qui serait coupable d'avoir dépensé sans compter. Les peuples doivent payer parce qu'ils ont vécu à crédit. Or ce ne sont pas les emprunteurs qui sont, fondamentalement, à l'origine de la dette, mais les prêteurs, qui veulent placer leurs excédents financiers. Marx l'avait très bien vu dans "Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte", les riches adorent la dette publique ! Un État qui s'endette est un État qui, grâce au monopole de la contrainte légale, permet aux riches d'obtenir une sécurité maximale pour leur argent.
L'article complet sur LE POINT
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par Francis JOURNOT TRIBUNE SUR MARIANNE
Traité budgétaire : bientôt la ratification d'un traité anticonstitutionnel ?
D'ici la fin du mois de septembre ou le début du mois d'octobre, le Parlement français votera pour ou contre l'adoption du traité budgétaire européen selon les mêmes dispositions que s'il s'agissait d'un projet de loi. Francis Journot, membre du mouvement associatif «Rendez-nous notre industrie», conteste vivement le procédé.
LE DÉBAT AUTOUR DES CONTRAINTES ET DE L’ABANDON DE SOUVERAINETÉ
On peut craindre que le traité budgétaire européen porte atteinte aux conditions essentielles d’exercice de la souveraineté nationale et que contrairement aux conclusions du Conseil constitutionnel, il procède bien à des transferts de compétences en matière de politique économique ou budgétaire et qu’il aurait dû à ce titre, nécessiter une révision de la constitution.
En effet, la cour de justice européenne peut soumettre les états membres à ses décisions et pourrait bientôt leurs infliger de lourdes sanctions financières s’ils dépassaient un seuil de dépenses sur une période donnée.
Certes, la limite du déficit des États à 3 % du PIB existe depuis la création de l’Union européenne mais n’était respectée que par quelques rares pays et son dépassement était peu sanctionné.
La nouvelle règle qui fixe la limite de déficit structurel à 0.5 % du PIB pourrait se révéler plus contraignante.
Cet objectif difficile à atteindre pour la plupart des pays d’une Europe globalement en récession, pourrait constituer une nouvelle astreinte que les opposants à la ratification du traité, interprètent également comme un abandon de souveraineté. Par ailleurs, dans un article du journal les échos du 30 juillet 2012 des experts en droit constitutionnel pensaient que « La révision de la Constitution était inévitable ».
Pourtant, les juges constitutionnels ont balayé tous les arguments d’un revers de la main et astucieusement justifié la constitutionalité du traité en prétendant que le texte n’induit pas de nouvelles contraintes car selon eux, c’est au conseil constitutionnel, c'est-à-dire à eux qu’il appartiendra de contrôler l’application de la « règle d’or ».
De même, ils ont jugé que le texte ne provoque pas de nouveaux transferts de compétences car des règles limitant les déficits des États sont déjà inscrites dans la constitution française depuis la ratification des traités de Maastricht et Lisbonne en 1992 et 2008. Ils n’ont donc pas jugé devoir prendre en compte le durcissement de la limite de déficit qui passe de 3% à 0.5%. Les menbres du conseil constitutionnel allemand n'ont pas fait la même analyse que leurs homologues français et ont estimé à contrario, que leur constitution devait être modifiée. Ainsi, chez nos voisins allemands, le traité a dû être ratifié à la majorité des deux tiers par les deux chambres du parlement allemand. l
Cependant, la cour de justice européenne vérifiera si les états ont bien retranscrit le traité dans leur droit national et il n’est pas certain qu’elle accepte l’interprétation française pour le moins sujette à caution mais la lecture bienveillante des juges constitutionnels aura peut être déjà permis au gouvernement de faire ratifier le traité par le parlement à l’assemblée nationale.
GESTE POLITIQUE ?
L’évaluation de la constitutionalité du traité budgétaire en France peut paraitre assez discutable et on peut se demander si les « sages » n’ont pas obéi à des impératifs plus politiques que juridiques.
Effectivement, le gouvernement, fort de la décision du conseil constitutionnel ne réunira pas le parlement en congrès à Versailles et ne sera pas non plus obligé de consulter les français par référendum.
La majorité des 3/5e obligatoire lors d’un changement de constitution, n’aurait peut être pas été atteinte par le parlement réuni en congrès et un référendum aurait peut être recueilli un « non » comme ce fut le cas en 2005 lors du projet de constitution européenne.
Le projet de loi autorisant la ratification devrait être présenté au cours des prochains jours. Puis, le traité budgétaire, au sein d’un paquet européen comprenant également des textes sur le pacte de croissance, la supervision bancaire et les transactions financières, serait simplement soumis au parlement à l’assemblée nationale au cours d’une nouvelle session parlementaire extraordinaire où une majorité simple suffira à le ratifier.
UNE POSSIBLE RUPTURE AVEC DES ÉLECTEURS ET DES PERSONNALITÉS POLITIQUES DE « GAUCHE »
La ratification du Traité de Lisbonne par le parlement malgré le « non » des français a marqué en 2008 une rupture d’une part des citoyens avec le monde politique.
Aujourd’hui, des électeurs qui ont voté le « changement » au deuxième tour des élections présidentielles, pourraient aussi se sentir floués de voir le gouvernement adopter le traité cher à Nicolas Sarkozy et qui incarne pour beaucoup d’entre eux, une politique européiste et néolibérale dont ils ne voulaient précisément pas.
Le passage en force du traité budgétaire européen pourrait constituer une faute politique majeure et historique dont les lourdes conséquences économiques et politiques ne semblent pas encore avoir été appréhendées par le gouvernement et le PS.
Des économistes renommés et regroupés au sein de l’association « manifeste pour un débat sur le libre échange », craignent que l’abaissement de l’objectif de déficit structurel à 0.5 % du PIB, fasse encore augmenter le chômage en France et, à terme, participe au démantèlement de notre modèle social.
Le sondage Opinionway/Vêtements made in France du 24 juillet 2012 dévoilait que 52 % des français veulent un référendum et peut être conviendrait-il de soumettre la ratification du traité budgétaire européen à l’approbation du peuple français. Un sondage Csa/l’humanité publié fin aout confirme cette tendance avec 72 % d’opinions en faveur d’un référendum.
Certes, nul aujourd’hui ne peut vraiment prédire le verdict des urnes. En optant pour une ratification par cette voie, le gouvernement pourrait essuyer un refus mais il ménagerait la crédibilité de la « gauche » qui s’éviterait ainsi une crise de confiance avec une partie du peuple.
L’Élysée s’épargnerait également une désolidarisation d’une part grandissante du parlement et du gouvernement, hostile à la ratification du TSCG.
Car en l’absence de référendum, ceux-ci et un nombre important de français ne manqueraient pas de pointer ensuite du doigt pendant le reste du quinquennat, la responsabilité de l’Élysée et de son traité budgétaire dans l’aggravation de notre crise économique et notamment dans la hausse d’un chômage qui menace d’atteindre des sommets.
La cote de popularité de François Hollande après 100 jours de présidence s’avère être est la plus basse jamais enregistrée par un président nouvellement élu.
Il est certes difficile de déterminer si l’attitude présidentielle dans le traitement du traité budgétaire a influencé les sondés mais on peut se demander si l’Élysée peut encore raisonnablement se permettre d’ignorer la demande de référendum des français.
Francis JOURNOT
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Traité budgetaire européen : vers un passage en force ?
Par Francis JOURNOT Tribune sur MARIANNE le 18 juillet 2012
Le Parlement pourrait être saisi en urgence pour la ratification du traité de stabilité européen par l'Elysée qui éviterait ainsi la réunion d'un congrès et des discussions avec l'opposition et au sein même de la majorité. Pour Francis Journot, un tel passage en force, sans débats ou référendum pourrait bien laisser des traces aux prochaines élections.
L'assemblée nationale de nuit - Wikipedia - Christophe Eyquem - CC
UN PREMIER PAS VERS UNE EUROPE FÉDÉRALE
Le Mécanisme Européen de Stabilité (MES)), premier volet ratifié du dispositif, constituera selon ses partisans, "un premier pas vers une Europe fédérale avec son propre Trésor public et un budget conséquent"(le Monde, février 2012). En ratifiant maintenant le TSCG, la France pourrait abandonner une part de sa souveraineté budgétaire. Désormais, la commission européenne disposerait d’un droit de regard sur l’ensemble des dépenses publiques françaises dont celles de protection sociale et de santé, (41.4 % et 14.8 % des dépenses publiques françaises) et de fonctionnement de l’État (27 %).
LA CRAINTE D’UN NOUVEAU NON EN CAS DE RÉFÉRENDUM
Lors de son discours de politique générale à l’assemblée nationale, le premier ministre Jean-Marc Ayrault a annoncé la décision de l’Élysée et du gouvernement de ne pas organiser de référendum. Le TSCG sera donc soumis au parlement au sein d’un paquet européen comprenant également des textes sur le pacte de croissance, la supervision bancaire et les transactions financières.
De nombreuses voix s’élèvent pour réclamer une consultation du peuple, mais il semble peu probable que le gouvernement consente à modifier son calendrier.
André Chassaigne, député PCF et chef de file du groupe de la Gauche démocrate et républicaine (GDR) interpellait le 3 juillet à l’assemblée nationale, le ministre des Affaires étrangères et exigeait la tenue d’un référendum. La sénatrice Nicole Borvo Cohen-Seat, chef du groupe des communiste du sénat (CRC), appuyait la requête de son collègue communiste : "Le président de la République veut faire ratifier le traité rapidement. Vous avez plusieurs fois évoqué les citoyens : nous voulons qu’ils soient consultés par référendum sur un traité qui met en cause la souveraineté nationale".
Des économistes et universitaires, dont Jacques Sapir, Emmanuel Todd, jacques Nikonoff, Fréderic Lordon et Philippe Murer, s’inquiètent également d’une perte d’indépendance budgétaire et des effets négatifs qu’une grande rigueur pourrait avoir sur notre économie.
Plusieurs personnalités politiques parmi lesquelles, Marine le Pen, Jean Luc Mélenchon et Nicolas Dupont-Aignan, profitent de chaque interview pour exiger un referendum.
FO et la plupart des branches des autres syndicats, de nombreuses associations citoyennes et petits partis politiques expriment également leur indignation. Le Parti Ouvrier Indépendant (POI) a déjà collecté 60 000 signatures de travailleurs qui s’opposent au TSCG.
En 2005, les français avaient dit non au projet de constitution européenne et refusé le transfert de souveraineté imposé par le traité de Lisbonne. Les parlementaires avaient alors décidé d’ignorer le verdict des urnes et avaient ratifié le traité en 2008.
UNE TRAITÉ QUASIMENT RATIFIÉ
Lors du congrès de Versailles de 2008, parmi les 577 députés et 331 sénateurs, 181 parlementaires avaient exprimé leur refus du traité de Lisbonne.
Le traité budgétaire initié par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy devrait être plébiscité par les députés et sénateurs UMP.
En 2008, la moitié des socialistes avaient exprimé un non mais aujourd’hui on n’imagine guère des députés et sénateurs fraichement adoubés par le parti socialiste, prendre le risque de contrarier l’Élysée et gouvernement.
L’Assemblée nationale et le Sénat comptent 925 parlementaires dont 490 députés et 261 sénateurs, membres et apparentés PS et UMP, qui devraient, hormis quelques dissidents, approuver le traité.
Certes, en l’absence de référendum, la ratification par le parlement à l’assemblée nationale ou réunis en congrès à Versailles, serait acquise mais ce passage en force pourrait laisser des cicatrices. Le reste du quinquennat et les prochaines élections pourraient s’en trouver très affectés.
Francis JOURNOT
Associations citoyennes www.vetements-made-in-france.com, www.international-convention-for-minimum-wage.org , www.rendez-nous-notre-industrie.com , Collectivité Nationale
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Un tiers du chômage français imputable à l’Euro selon Jacques Sapir
L’Euro nous a coûté la moitié du taux de croissance que nous pouvions espérer, et ceci même avant de connaître les politiques de récession qui sont à l’oeuvre depuis 2011.
Sans l’Euro, les Français seraient plus «riches » de 25% à 37,5% qu’ils ne le sont actuellement. Le taux de prélèvement sur l’économie française aurait pu être diminué progressivement, descendant à 40% du PIB, voire en dessous, en fin de période.
Le surcroît de revenu pour les ménages venant accélérer la croissance, et pour les entreprises l’investissement, qui trouve par ailleurs ses débouchés avec la forte croissance.
En terme d’impact sur le chômage, ce serait un chiffre situé entre 1070 000 à 1330 000 chômeurs, soit de 36% à 45% du total de juin 2012, que l’on peut attribuer à l’Euro en pratiquement neuf ans. Une étude signée de l’économiste Jacques Sapir.
Le coût de l’Euro et l’économie française : une tentative d’estimation, par Jacques Sapir
Coût de l’Euro.pdf (887.02 Ko)
Alors que le chômage augmente rapidement désormais en France, et que le débat autour du Traité européen (le TSCG ou traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance) commence à se focaliser sur le maintien ou non de la zone Euro, il convient de tenter d’évaluer ce qu’ont pu être les coûts de l’Euro pour l’économie française. Les effets de la surévaluation de l’Euro sur l’économie française, on le sait, ont été dévastateurs. Ils mettent en avant le problème de la compétitivité externe (par rapport aux pays ayant des monnaies différentes). Mais, ce problème n’est pas le seul. Il y a aussi un problème de compétitivité interne (essentiellement avec l’Allemagne).L’impossibilité de dévaluer par rapport à ce dernier pays a conduit à une dégradation importante de notre compétitivité, ce qui s’est traduit par un déficit de la balance commerciale (qui était positive jusqu’en 2002-2003). Ces effets se sont combinés, jusqu’en 2008, avec les effets des taux d’intérêts imposés par la poursuite de l’inflation « la plus basse possible » par la BCE
Dans le présent texte on discutera l’impact sur la croissance induit par la surévaluation de l’Euro qui devient évidente à partir de 2003, l’impact sur le chômage et enfin l’impact sur les finances publiques.
I. Les effets sur la croissance
L’Euro s’est régulièrement réévalué face au dollar US depuis 2003, ce qui a entraîné une pression nette sur la croissance française. Si nous prenons un taux de change moyen de 1 Euro pour 1,05 Dollars comme correspondant
à une parité économique, on constate que l’Euro, après une période de sous-évaluation qui va de 1999 à 2002, s’est très fortement apprécié par la suite. Le dollar servant de point de référence à de nombreuses monnaies (en particulier en Asie) ceci est représentatif d’une surévaluation globale de la monnaie européenne. La France faisant une part non négligeable de son commerce en dollars ou en monnaies indexées sur le dollar (environ 40% des importations comme des exportations) cette surévaluation a bien un impact important sur notre économie.
Nous notons un taux de change de 1,05 Dollars qui est propre à la France et peut servir de taux d’équilibre. Pour l’Espagne il faudrait probablement un taux de 0,90 – 0,95 Dollars, pour la Grèce probablement 0,70 dollars, et pour l’Italie de 0,95-1,00 Dollars.
La surévaluation de l’Euro a coûté environ 1% de croissance par tranche de 10% de surévaluation selon une étude de 2008. Il est donc en théorie possible de calculer l’effet de freinage induit par cette surévaluation, à partir du niveau considéré comme le taux de change d’équilibre.
Bien entendu, c’est par simplification que l’on suppose que l’effet de la surévaluation sur la croissance est linéaire. En fait, il semble que cet effet soit bien plus faible (avec une pente inférieure) quand l’Euro est proche de sa parité théorique, et beaucoup plus fort quand il s’en éloigne de manière importante. Ceci est en réalité très logique. Les agents économiques, qu’ils soient acheteurs de produits français dans la zone dollar ou acheteur en France de produits fabriqués dans la zone dollar, sont en réalité d’autant plus sensibles au prix du produit que les modifications de ce prix sont élevées.
Ces phénomènes ont été décrits d’un point de vue expérimental il y a de cela près de 20 ans dans des travaux fondateurs. Ces travaux reprennent et systématisent des intuitions datant des années 1950 et 1960 de Maurice Allais.
Lire la suite de l’étude de Jacques Sapir,
Professeur à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales :
Le coût de l’Euro et l’économie française : une tentative d’estimation
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Le détournement de l’argent public des plans de relance
Par Francis JOURNOT TRIBUNE sur AGORAVOX
Les contribuables français pensent que les fonds publics des plans de relance sont utilisés pour le développement d’entreprises qui créent des emplois en France.
En réalité, cet argent est souvent distribué à des entreprises du CAC 40, à l’affut du moindre euro d’aide publique. Celles-ci ne se sentent pas pour autant redevables et n’hésitent pas à délocaliser à chaque fois qu’elles le peuvent.
Une autre part de ces deniers de l’État alimente des fonds d’investissement qui financent essentiellement des projets innovants rarement créateurs d’emplois en France car soumis aux exigences du capital investissement avec l’obligation de produire dans les pays à bas coûts.
Siège de la Caisse des Dépots et Consignations - Wikipedia - Metalheart - CC
LE BUSINESS DES FONDS D’INVESTISSEMENT
Vous disposez d’un réseau relationnel de haut niveau. Vous côtoyez la fine fleur du grand capital et des personnalités politiques parmi les plus influentes mais vous n’avez ni entreprise innovante, ni projet innovant et aucune compétence particulière. Vous n’avez surtout pas envie de vous embarrasser avec une entreprise industrielle, la gestion de son personnel et des semaines de 60 ou 80 heures pour des résultats financiers souvent mitigés. Pourtant vous aimeriez bien vous aussi profiter de la manne financière de plusieurs dizaines de milliards d’euros des plans de relance et autres fonds publics à portée de réseau !
Créez un fonds d’investissement et rejoignez la caste des initiés du microcosme du capital investissement !
Vous pourrez vous aussi jouez au Monopoly avec les impôts des français. Vous vous enrichirez davantage qu’en créant une entreprise industrielle, les risques seront moindres et vous vous fatiguerez moins. Vous pourrez même installer votre siège hors de France.
Investissez ou trouvez 1 ou 2 millions pour amorcer la pompe à fric, puis demandez 1 ou 2 million d’eurosà« CDC entreprises ». Ils alimentent déjà 12 « fonds de fonds » et plus de 200 fonds directs en France et à l’étranger, alors un de plus ou un de moins, cela n’a guère d’importance, surtout si vous êtes introduit par une personnalité de premier plan.
Citons le cas de « CDC capital investissement », une autre filiale de CDC (Caisse des Dépôts et Consignations) qui a fait en octobre 2006, un chèque de 800 millions d’euros au milliardaire belge Albert Frère, pour l’achat de sa chaine de restauration rapide QUICK, qui ne valait deux ans plus tôt, selon son propre PDG, que 300 millions d’euros.
Malgré cette prodigalité, un investissement de la CDC qui, par ailleurs, gère prés de 250 milliards d’euros constitue toujours précieux sésame. Muni de ces premiers fonds, faites ensuite le tour des investisseurs, organismes ou dispositifs et dites que votre fonds, expert en hautes technologies et autres produits innovants, investira uniquement dans des projets novateurs et porteurs de croissance mais surtout pas dans l’industrie manufacturière traditionnelle lorsqu’elle produit en France, source de conflits sociaux, (aucun fonds sérieux ne le fait !) et peu conforme avec votre vision éclairée d’un monde de demain ouvert à la mondialisation et à la construction duquel vous souhaitez apportez votre expertise en ingénierie financière internationale.
Plans de relance, Fonds stratégique d’investissement ou Grand emprunt, tous les dispositifs et organismes seront ravis de vous confier de l’argent public et se féliciteront de créer un effet de levier pourtant peu souvent avéré.
L ‘EXPERTISE DES FONDS D’INVESTISSEMENT
Citons l’exemple de l’entreprise française de prêt à porter pour jeunes femmes « MORGAN de toi ». La marque créée en 1968 était vendue dans prés de 500 point de vents et possédait prés de 200 boutiques en propre, lorsqu’en 2006, le puissant fonds APAX PARTNERS (35 milliards de dollars de capitalisation), propriétaire de 40 % des parts de société depuis 1998, a évincé les fondateurs de l’entreprise pour en prendre la direction.
Deux ans plus tard, après plusieurs erreurs de stratégie, dont la délocalisation de la production en Chine, la clientèle fuyait et l’enseigne déposait le bilan. Fort heureusement, le groupe BEAUMANOIR à repris et sauvé l’entreprise mais ce cas nous interroge sur les compétences et la pertinence des conseils prodigués aux entreprises par les experts du capital investissement.
LA FIN D’UN LEADER
L’ancien leader européen du Photovoltaïque PHOTOWATT, pourtant à la pointe de l’innovation pendant 30 ans, a dû, faute d’aides financières de l’État et de financement des banques, déposer le bilan en novembre 2011 avant de tomber dans le giron d’EDF.
Le FSI (Fonds Stratégique d’Investissement) dont l’objet était « d'apporter les fonds propres indispensables aux entreprises françaises stratégiques, confrontées à la crise », avait refusé d’aider l’entreprise la plus innovante de France ou d’Europe en matière d’énergie solaire !
Ce refus de financement de l’État nous démontre qu’il ne suffit pas de présenter un projet créateur d’emploi ou d’être un champion de l’innovation, pour avoir accès aux dispositifs d’aide aux entreprises. Il semble que l’appartenance à un réseau politique influent ou au réseau du grand capital, constitue la clef pour accéder aux grands dispositifs de relance de l’économie.
ASSAINIR LE FINANCEMENT DES ENTREPRISES
François Hollande a déclaré durant la campagne présidentielle, vouloir assainir le monde de la finance et peut-être devrait-il commencer par mettre fin à ces pratiques plus proches du système mafieux que de la pratique républicaine afin que l’on juge les projets sur des critères plus objectifs. Les fonds d’investissement parasitent les fonds publics destinés au développement des PME et cela génère une déperdition de l’argent public au lieu de l’effet de levier escompté.
Rappelons l’échec de ces mécanismes utilisés à outrance lors du plan de relance de 35 milliards d’euros qui n’a créé ou sauvé, selon les sages de la cour des comptes, que 20 000 à 70 000 emplois et du grand emprunt de 34 milliards d’euros qui en a généré encore moins. Au moment où l’État demande de plus en plus de sacrifices aux contribuables, peut-être conviendrait-il de faire l’économie de ces intermédiaires, en finançant directement les entreprises en recherche d’aide pour leur développement.
Par ailleurs, on peut s’étonner que depuis 2008, Patricia Barbizet, N°2 du groupe PPR (Pinault-Printemps-Redoute), soit l’un des administrateurs du FSI, fonds d’investissement doté de 20 milliards d’euros d’argent public, et en préside également le comité d’investissement.
PPR est un grand groupe du CAC 40 dont la délocalisation de la production des articles vendus dans les magasins (Conforma, Printemps, La Redoute, Fnac), a mis au chômage les dizaines de milliers d’ouvriers employés chez les sous-traitants. Qui peut croire que sa dirigeante choisisse d’aider les entreprises dont le développement créera des emplois en France. Il nous semble que François Hollande devrait maintenant nommer une personnalité moins impliquée avec les grands groupes et le grand capital.
LE LEURRE DE L’INNOVATION
La Banque Publique d’Investissement voulue par François Hollande, sera vraisemblablement composée d’anciens organismes et dispositifs déjà existants qui ne sont jamais parvenus à transformer les milliards d’euros qui leur sont confiés en un nombre significatif de véritables emplois, et investira encore uniquement dans l’innovation.
L’antienne des produits innovants, déjà répétée en boucle depuis 35 ans par nos personnalités politiques, nous est à présent resservie pour exclure les industries manufacturières traditionnelles des dispositifs de financement.de l’économie.
Le mythe des produits innovants qui devaient fournir un emploi à chacun d’entre nous, est associé au dogme néolibéral du libre échange qui préconise la délocalisation de notre industrie manufacturière des biens de consommation. Cette politique dont François Hollande a toujours été un ardent partisan, montre son inefficacité et plusieurs millions de personnes au chômage en paient le prix.
Cependant, il convient d’accorder crédit aux promesses de réindustrialisation de notre nouveau Président et puisque l’emploi est sa priorité, ne doutons pas de recevoir bientôt une invitation de l’Élysée ou du ministère du Redressement Productif pour exposer notre projet de relance de l’industrie manufacturière des biens de consommation.
Francis JOURNOT
Associations citoyennes www.vetements-made-in-france.com, www.international-convention-for-minimum-wage.org , www.rendez-nous-notre-industrie.com , Collectivité Nationale
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Europe : sans croissance, point de salut !
Par Philippe MURER
La rigueur budgétaire, annoncée le 9 septembre par François Hollande devrait entraîner une chute supplémentaire de la croissance. Or, pour Philippe Murer, professeur d'économie, l'absence de programmes de relance forts en Europe ne peut qu'entraîner un accroissement du nombre de chômeurs et une absence de solution au problème de la dette. Ainsi, la situation risque de devenir intolérable aux yeux des Français...
Le discours de François Hollande sur TF1 dimanche 9 septembre était clair et se voulait «convaincant». Les Français en retiendrons pour l’essentiel la notion d’un agenda de deux ans pour :
Ramener le déficit à 3 % par des hausses d’impôts et des baisses de dépenses publiques.
Inverser la courbe du chômage.
En apparence très raisonnable, ce discours s’attaque aux deux problèmes qui comptent pour les Français.
François Hollande demande aux Français l’effort d’austérité le plus important depuis 30 ans soit un peu plus de 33 Milliards d’euros, pour la bonne cause, la baisse du déficit public.
Mais là ou le bat blesse, c’est que tous les pays de la zone euro, à l’exception de l’Allemagne, ont le même programme et que la conjoncture économique mondiale est très dégradée.
L’ÉCONOMIE MONDIALE, DÉPRIMÉE
A l’exception des Etats-Unis dont le rythme de croissance devrait être de 1,5 à 2 % pour la fin de l’année, tous les pays sont fragilisés. On remarquera que les élites politiques américaines se refusent à réduire le déficit budgétaire pour cause de reprise trop fragile (le déficit public américain est compris entre 8 et 10 % depuis 3 ans).
La Chine semble être en récession ce trimestre. Evidemment, n’attendez pas à ce que le gouvernement chinois l’avoue ! Les statistiques chinoises sont rares et souvent incomplètes. Mais deux indicateurs avancés établis par des sociétés privés dignes de foi montrent que l’activité dans l’industrie est en récession depuis 6 mois et que l’activité dans les services est étale.
D’autre part, les indicateurs réels et plus difficiles à trafiquer donnent des signaux très inquiétants : la consommation d’électricité et la consommation de pétrole ne progressent presque pas d’une année sur l’autre. Le transport de marchandises par le rail baisse aussi de façon aussi rapide que fin 2008. Tout cela annonce une récession : sera-t-elle avouée ou cachée, est une autre question.
Mais il y a de grandes chances que le gouvernement chinois ne fasse pas une relance de grande ampleur pour diverses raisons :
Ne pas surinvestir de nouveau dans de gigantesques programmes d’infrastructures inutilisés comme en 2008. (immeubles voir villes vides …)
Ne pas donner un confort économique trop fort au Chinois pour cause de «traumatisme Tienanmen» pour les élites.
«Accepter» une destruction créatrice afin de rationaliser le tissu économique chinois.
Il est vrai que la majorité des dirigeants politiques chinois s’étant fabuleusement enrichis, ils n’ont pas les mêmes préoccupations que le petit peuple. Il est donc très probable que cette récession chinoise, la première depuis plus de 20 ans, soit là pour durer.
Les grands pays exportateurs comme le Japon, Taïwan et la Corée du Sud ont une industrie en récession, témoignant d’un fort ralentissement généralisé. Enfin, presque tous les pays d’Europe auront une croissance négative ce trimestre avec des chutes qui s’accélèrent dans les pays du Sud puisque l’Italie aura 3 % de croissance négative cette année.
Quand on regarde les PIB européens, on a l’impression d’assister à l’effondrement en série de dominos : le premier était la Grèce, le Portugal, l’Italie, l’Espagne suivent et la France et l’Allemagne sont sur le point de basculer.
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Le Pacte budgétaire européen,
un traité immoral et stupide !
Par Philippe MURER
La rentrée approche et une drôle d’atmosphère flotte sur Paris. Après la coupure et la détente des vacances, chacun souhaite prolonger jusqu’au dernier moment cette pause bienvenue avant le déchaînement de la rentrée.
Le gouvernement Hollande vient de nous prévenir : le Pacte Budgétaire Européen au nom barbare de TSCG sera voté début Octobre et gare aux députés récalcitrants. Au même moment, un sondage sorti dans l’humanité montre que 72% des Français pensent qu’un référendum est nécessaire sur ce sujet (l'humanité ) meme s’ils sont prêts en majorité à accepter la solution en apparence responsable de l’austérité budgétaire induite par le Pacte. (sondage réalisé par vêtements made in france et publié en Juillet 2012 dans Marianne2)
Ce traité comprend 16 articles: on peut le lire ici European council
Le voici résumé en 5 points principaux :
1. Règle d’or : le déficit budgétaire hors éléments exceptionnels et intérêts de la dette ne doit pas dépasser 0.5% du PIB.
2. Surplus à la règle d’or (!) : pour les pays dont la dette est supérieure à 60% du PIB (presque tous), ils doivent en sus, chaque année, réduire l’écart entre leur dette et la norme de 60% de 1/20 chaque année: en langue non technocratique, la France devra faire un effort budgétaire supplémentaire de 1.5% chaque année et l’Italie de 3% ! (pour la France 1/20*(90% -60%) soit 1.5% de plus chaque année et pour l’Italie de 1/20*(120%-60%)=3% !
3. La règle d’or sera inscrite « de préférence », dans la Constitution. A défaut, un texte de loi suffira si sa valeur juridique garantit qu’il ne sera pas remis en cause.
4· Sanctions quasi automatiques pour les déficits jugés excessifs supérieur à 3% du PIB. Désormais un pays qui violera cette Règle sera exposé à des sanctions sauf si 72% des votants au Conseil Européen vote contre ces sanctions! On rappellera en passant que le déficit public de la France pour 2011, année de croissance, a été de 5.2%, celui de l’Italie de 3.9%, celui de l’Espagne de 8.5% …
Si le pays est sanctionné, la Commission interviendra dans l’élaboration du budget d’un Etat pour demander des « réformes structurelles » (article 5 du Pacte Budgétaire Européen en bas du texte).
5· Sanctions de la Cour de justice européenne : la Cour de justice européenne vérifiera la mise en place de la Règle d’or. Elle pourra être saisie par un ou plusieurs États (qui se « surveillent » les uns les autres…) et après examen, infliger une amende allant jusqu’à 0,1% du PIB du pays fautif. (2 Milliards d’euros pour la France)
Les critiques de bon sens abondent sur ce traité:
. Nous n’avons pas élu des députés pour qu’ils abandonnent définitivement leur principale attribution (le vote du budget) à des gens non élus de la Commission Européenne et de la Cour de Justice Européenne ! Ce serait une trahison irresponsable des élites politiques de notre pays. Que restera-t’il après cela de notre Démocratie ? Le président et les députés ne serviront à rien, ils devront appliquer les recommandations de la Commission Européenne composée de personnalités non élues ! Après avoir abandonné notre politique monétaire à des gens non élus (la Banque Centrale Européenne), les politiques français souhaitent-ils maintenant abandonner en grande partie la politique budgétaire à la Commission Européenne ? Est-ce sérieux ?
. Les Français doivent être respectés : ils demandent à juste titre un référendum, à 72% selon un sondage paru dans l’Humanité Lundi. S’ils souhaitent délaisser le contrôle de leur budget par leurs élus, ils en ont le droit. Mais les politiques élus pour une durée déterminée ne peuvent céder la politique budgétaire de la France, qui plus est pour une durée indéterminée !
Nous allons voir que ce traité, immoral sur le fond, est en plus stupide économiquement.
. Les politiques pour relancer la croissance mise en place en 2008-2009 seront impossible avec ce traité : on ne pourra plus faire de politique contra cyclique pour relancer l’économie. Nous resterons donc au fond du trou à faire programme d’austérité sur programme d’austérité en laissant toute la population s’enfoncer dans le déclin pour les plus riches, et pour les plus pauvres, advienne que pourra…
. L’austérité généralisée dans tous les budgets des pays européens pour essayer de respecter le traité va accentuer la récession économique et faire rentrer tous les pays d’Europe en dépression. La récession est déjà là presque partout en Europe (voir graphique ci-dessous) et ce n’est que le début : tous les indicateurs avancés montrent la récession va s’accentuer partout en Europe comme en Italie et en Espagne ; l’Allemagne a des indicateurs avancés pire que la France en Août.
Philippe Murer est professeur de finance vacataire à la Sorbonne et membre du www.forumdemocratique.fr
Suite sur Manifeste pour un débat sur le libre échange
Traité budgétaire : la révision de la Constitution paraît inévitable
Le Conseil constitutionnel se prononcera dans les prochains jours sur la conformité du pacte budgétaire européen avec la loi fondamentale. Sauf surprise, il devrait trancher en faveur de sa révision, ouvrant une séquence politique à haut risque pour la majorité.
Le suspense tire à sa fin. Dans quelques jours, quinze tout au plus, le chef de l'Etat saura à quoi s'en tenir. Le Conseil constitutionnel, saisi par ses soins le 13 juillet, va rendre sa décision sur le point de savoir si les mesures à caractère contraignant inscrites dans le pacte budgétaire européen adopté fin juin à Bruxelles, sont compatibles avec la loi fondamentale. Si c'est bien le cas, rien ne s'opposera à ce que le Parlement ratifie rapidement ce traité. Mais si ce n'est pas le cas, il faudra procéder à une révision préalable de la Constitution. Ce qui demandera du temps et ne sera pas forcément aisé. C'est pourtant l'hypothèse la plus probable de l'avis de nombreux experts.
« Cela vaudrait mieux. Ce serait plus clair et cela permettrait de couper court à tout débat ultérieur », estime Didier Maus, professeur de droit constitutionnel à l'université Aix-Marseille. Celui-ci pointe, entre autres, le mécanisme de correction automatique prévu par le traité en cas de dépassement du déficit autorisé. « Ce dispositif prive-t-il les autorités françaises de leur autonomie d'action budgétaire ? Ou s'agit-il simplement de fixer des objectifs dont les modalités de mise en oeuvre leur reviendraient ? » s'interroge cet expert, qui s'inquiète du rôle « extrêmement flou » donné à la Commission européenne. Le Conseil constitutionnel serait en droit d'estimer qu'il s'agit là d'un transfert de compétences de Paris vers Bruxelles qui ne dit pas son nom et porte atteinte « aux conditions essentielles d'exercice de la souveraineté nationale » garantie par la loi fondamentale.
« Règle d'or » : le casse-tête
La révision de celle-ci, en revanche, ne s'imposerait pas forcément pour permettre la mise en oeuvre de la fameuse « règle d'or » qui oblige les Etats à voter leur budget en équilibre ou en excédent. « Cette "règle d'or" peut figurer dans une loi organique. Sauf à vouloir faire à la France un procès d'intention : celui de ne pas vraiment vouloir tenir ses engagements. Sachant tout cela, le Conseil constitutionnel peut très bien conclure que le traité constitutionnel est conforme», estime Guy Carcassonne, professeur de droit public à l'université Paris-Ouest Nanterre-la Défense. C'est en tout cas la ligne que défend l'Elysée. Le 14 juillet, François Hollande a redit que la « règle d'équilibre budgétaire » serait appliquée en France par une simple loi organique. Le traité européen ne l'interdit pas. S'il enjoint bien les pays signataires d'instituer la « règle d'or, » c'est au moyen de « dispositions contraignantes et permanentes, de préférence constitutionnelles ». Libre aux Etats de garantir le respect de ces dispositions « de quelque autre façon ». « En toute hypothèse une loi organique ne suffit pas à lever l'inconstitutionnalité », considère pourtant Frédéric Rouvillois, professeur agrégé de droit public à Paris-V. Selon lui, « il n'est pas possible de dissocier les dispositions du traité ».
De l'avis de tous, une demande en révision de la Constitution est bien le plus probable. Des deux options qui se présenteront alors à la majorité pour y procéder - organiser un référendum ou réunir le Parlement en Congrès -c'est la seconde qui tient le plus la corde. Marqué par le référendum de 2005 sur l'Europe, qui avait profondément divisé le PS, François Hollande, son premier secrétaire à l'époque, ne tient guère à faire revenir les Français devant les urnes. Le chef de l'Etat préférera s'en remettre au Parlement, quitte à s'engager dans une voie à haut risque. La gauche est majoritaire dans les deux chambres, mais ne détient pas les trois cinquièmes des sièges, niveau minimum requis pour réviser la Constitution. Impossible d'atteindre ce seuil sans le renfort de l'opposition. Problème, la droite, à la fin de la précédente législature, avait soutenu l'inscription de la « règle d'or » dans la Constitution. Une position exactement contraire à celle de l'Elysée.
Joel COSSARDEAUX
Article integral sur les Echos.fr
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Article de la redaction de Marianne du 24 juillet 2012 à propos du sondage opinionWay / VETEMENTS MADE IN FRANCE
52% des Français pour un référendum sur le Traité budgétaire
François Hollande souhaite soumettre au Parlement l'adoption du Traité budgétaire ainsi que les autres plans adoptés par l'Union européenne. Mais pourquoi pas un referendum ? C'est la question - un peu tabou depuis le TCE - qu'a voulu poser une association aux Français.
Ce sera peut-être l'un des sujets chauds de la prochaine rentrée : le traité budgétaire européen. A l'origine, le candidat Hollande l'avait déclaré inacceptable en l'état. Mais après l'adoption d'un volet croissance de 120 milliards, le président a finalement décidé de le soumettre au Parlement. Ce devait être choses faite avant la rentrée. Mais l'exament nécessaire du texte par le Conseil consitutionnel va conduire le gouvernement à attendre la fin septembre pour faire adopter le texte.
Ce projet, qui renforce la discipline budgétaire et risque de priver l'Etat de certaines prérogatives doit-il être ratifié par la voie parlementaire ou celle du referendum ? On retrouve ici le fameux dilemme apparu après le référendum sur le Traité constitutionnel européen. Prudent, Nicolas Sarkozy n'avait pas risqué, au début de son quinquennat de soumettre aux électeurs un texte qu'ils avaient refusé dans les urnes. Nul doute que, une fois n'est pas coutume, François Hollande a l'intention de se mettre sur les traces de Sarkozy.
Quoiqu'il en soit, il était intéressant de demander aux Français quel était leur avis sur le sujet. L'association Vêtements Made in France, qui milite pour la renaissance d'une industrie textile en France, a décidé de les tester sans attendre.
Résultats du Sondage
Sondage Opinion Way - Étude réalisée pour VÊTEMENTS MADE IN FRANCE
Le gouvernement proposera cet été aux députés et sénateurs français, l’adoption du traité budgétaire européen (Traité sur la Stabilité, la coordination et la Gouvernance, TSCG). Ce traité recommande l’équilibre des comptes publics et expose à des sanctions financières, les pays dont le déficit structurel dépassera 0.5 % du PIB. Il institue le contrôle préalable des budgets nationaux par la commission européenne. La commission disposerait d’un droit de regard sur l’ensemble des dépenses publiques des États, qu’il s’agisse de protection sociale, de fonctionnement de l’Etat, de dépenses de santé, de remboursement de la dette ou d’investissement.
Pour la ratification de ce traité vous êtes plutôt favorable à ... ?
Mieux vaut un vote que rien. Comme toujours, les Français manifestent plutôt de l'appétit pour les consultations électorales. La majorité qui se dégage en faveur d'un referendum est plutôt composite. L'hypothèse referendaire fait le plein chez les électeurs lepénistes et mélenchonistes (respectivement 76 et 62%), séduit 57% des électeurs sarkozyste, tandis qu'une majorité d'élecgteurs hollandistes fait confiance à « ses » parlementaires.
Méthodologie
- Étude réalisée pour VÊTEMENTS MADE IN FRANCE auprès d’un échantillon de 1001 personnes inscrites sur les listes électorales, issu d’un échantillon de 1062 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
- L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence.
- Mode d’interrogation: L’échantillon a été interrogé en ligne sur système Cawi (Computer Assisted Web Interview).
- Dates de terrain: les interviews ont été réalisées les 18 et 19 Juillet 2012.
- OpinionWay rappelle par ailleurs que les résultats de ce sondage doivent être lus en tenant compte des marges d'incertitude : 2 à 3 points au plus pour un échantillon de 1000 répondants.
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Espagne : quand la rigueur devient un jeu de massacre
Par Philippe MURER
En Espagne, le nouveau plan de rigueur prévoit une augmentation de la TVA et une baisse significative du salaire des fonctionnaires. Pour Philippe Murer, économiste, cette politique « qui continue de vider les caisses de l'Etat et les poches des citoyens » est « suicidaire » et pourrait engendrer de nouvelles violences.
Un nouveau plan de rigueur a fleuri en Espagne juste avant les vacances. La liste des mesures est éloquente :
Baisse de 3 % du pouvoir d’achat de tous par une hausse de la TVA de 18 à 21%. Cela représente environ 415 euros par an pour chaque famille espagnole.
De plus, les fonctionnaires voient leur salaire baisser de 7% après une première érosion de 5% avec le gouvernement de Zapatero. La baisse du salaire des fonctionnaires est donc de 15 % au total (TVA incluse mais sans compter l’inflation).
Enfin, le chômage atteint 24% des Espagnols et 50% des moins de 25 ans mais les allocations chômage seront réduites de 20% à partir du 6ème mois d’inactivité !
Ces mesures ultralibérales ne soulagent en rien les marchés de capitaux auxquels ils sont sensés répondre. En effet, les Marchés souhaitent de telles mesures pour récupérer leur argent mais en même temps les redoutent car les recettes fiscales ne sont pas au rendez vous comme on le voit sur le graphique ci-dessous.
Du coup, avec la hausse des charges dues au chômage, le déficit public ne se réduit pas ou bien trop peu. La dette publique augmente chaque année. Elle atteindra 90% du PIB cette année (100% si les banques avaient dues être sauvées par l’Espagne et non par la Zone Euro).
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Sapir : "Un sommet en trompe-l'oeil"
Jacques SAPIR
Un succès remarquable, ce sommet ? Autant pour l'euro que pour François Hollande, rien n'est moins sûr. D'après l'économiste Jacques Sapir, seule la croissance pourra permettre à la zone euro de respirer... Et c'est une simple bouffée d'air qui a été décidée à Bruxelles. Pas de quoi sabler le champagne pour les peuples européens.
Le sommet de Bruxelles qui s’est déroulé dans la nuit du 28 au 29 juin est vendu au grand public comme un remarquable succès du Président Français, M. François Hollande, face à la Chancelière Allemande, Mme Merkel. Il aurait imposé son pacte de Croissance et surtout, avec les Premiers Ministres Espagnol et Italien, «sauvé» l’Euro en amenant l’Allemagne à accepter des concessions importantes pour faciliter la situation financière de l’Espagne et de l’Italie.
La mise en scène a été soignée. Les marchés financiers ont réagi très positivement dans la journée du vendredi 29 juin, et l’Euro, qui était jusque-là plutôt à la baisse, s’est redressé de 2%. Dans la foulée, François Hollande a donc annoncé que la France ratifierait le pacte de stabilité voulu par l’Allemagne. Pourtant, si l’on y regarde de plus près, la situation apparaît comme nettement moins favorable, tant pour le Président française que pour l’euro. Prenons pour commencer le fameux pacte de croissance. Son montant est parfaitement dérisoire.
Avec 120 milliards d’euros à dépenser sur 3 ans, qui peut penser que cela pèsera sur l’économie de la zone euro, dont la richesse totale (le PIB) est d’environ 12 000 milliards ? De plus, sur ces 120 milliards, 55 étaient prévus de longue date en tant que fonds structurels et 35 milliards avaient été prévus en décembre dernier quand on avait annoncé l’accroissement des moyens de la Banque européenne d’investissements. Les fameux «projects bonds» ne porteront que sur…4,5 milliards.
En fait, il n’y a guère que 30 milliards d’argent frais sur ces 120 milliards, qui seront de toute manière bien insuffisants face à la situation économique de la zone euro. La pacte de croissance apparaît ainsi dans sa réalité : un prétexte pour faire voter le pacte de stabilité exigé par l’Allemagne ! François Hollande ne se contente pas de se parjurer, il se ridiculise.
Article intégral sur http://www.marianne2.fr/Sapir-Un-sommet-en-trompe-l-oeil_a220374.html
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L'économie réelle encore oubliée
Philippe MURER
«Françaises, Français, faites des économies, pour que nous achetions de la dette italienne sur les marchés !» Philippe Murer, professeur à la Sorbonne et membre du Forum démocratique dénonce un abandon de l'économie réelle à une spirale négative de rigueur et de chômage.
Françaises, Français, faites des économies, pour que nous achetions de la dette italienne sur les marchés !
Le sommet européen a débouché sur un accord d’union bancaire et d’une surprise : les gouvernements européens ont signé un accord pour acheter de la dette de pays en difficultés (dette italienne et espagnole) si jamais ceux-ci se sont comportés en bon élève (si l’Espagne et l’Italie ont respecté la règle d’or, tout fait pour être dans les clous et que les marchés les punissent malgré tout avec des taux élevés). François Hollande demande aux Français d’économiser milliard après milliard et de saborder ainsi l’économie française puisque :
- L’investissement des entreprises est en baisse
- La consommation est au point mort avec un pouvoir d’achat en baisse et des licenciements
- Les dépenses de l’Etat seront réduites après inflation de 2% par an
- Une demande extérieure en baisse avec nos principaux partenaires européens qui ont la même politique de Gribouille
Ce qui implique automatiquement une récession avec toutes les composantes de la croissance négatives.
Si jamais cette politique aboutit comme il se doit à une dépression généralisée en Europe à partir de septembre, et que les marchés continuent en réponse à faire monter les taux espagnols et italiens, l’Europe jettera ces milliards patiemment économisés dans les marchés financiers ou se traitent 2.800 milliards de dette italienne et de dette espagnole ! C’est le projet. On ne prêtera même pas à l’Italie et à l’Espagne cet argent, on rachètera de la dette sur les marchés financiers à des assureurs ou banquiers en difficulté.
Article intégral sur http://www.marianne2.fr/L-economie-reelle-encore-oubliee_a220187.html
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Crise européenne : après l'Espagne ce sera l'Italie
Jacques SAPIR
Alors que l'on tente de faire croire à l'opinion qu'il suffira de 100 milliards pour résoudre la crise espagnole, Jacques Sapir montre que celle-ci est le résultat de la politique d'austérité et annonce que l'Italie suivra forcément l'Espagne, mettant à mal le Mécanisme européen de solidarité.
L’euro a accéléré le phénomène de désindustrialisation de l’économie espagnole. Celle-ci s’est donc repliée vers le secteur des services et de l’immobilier. Les banques ont largement financé le secteur de l’immobilier prêtant soit aux marchands de biens, agents immobiliers et entrepreneurs, soit aux ménages. Les professionnels ont été les premiers touchés, incapables de vendre leurs produits soit aux touristes, écartés d’Espagne – sauf les plus riches – par les coûts internes et le taux de change de l’euro, soit à la population. La dynamique de la construction s’est brutalement inversée. On est passé de la construction de 1 million de logements par an à environ 80 000 aujourd’hui, soit une division par un facteur de 12 ! De là découle l’explosion du chômage.
La contraction très rapide de la construction a entraîné dans sa chute l’ensemble de l’économie. Elle a eu des conséquences importantes sur la solvabilité générale du pays. Les ménages, frappés par un chômage grandissant et qui atteint 24,4% de la population active, ont eu de plus en plus de mal à faire face aux intérêts de leur dette et les impayés se sont accumulés. Ceci se traduit désormais par un taux de défaut de 8,3% de l’actif des banques.
Une manière très simple de réaliser une estimation du montant des besoins bancaires est de considérer le stock de 3 millions de logements vides, soit 2,5 millions au-dessus de ce qui est considéré comme « normal » par les agents immobiliers. Si l’on estime le prix moyen d’un logement à 100 000 euros, un stock de 2,5 millions de logements aboutit à un total de 250 milliards de créances actuellement « mortes ». On peut certes considérer en étant optimiste que, à terme (d’ici deux à trois ans) et en admettant des baisses de prix de moitié, ces logements puissent trouver preneur. Cela signifierait cependant que l’on a au minimum 125 milliards d’euros de pertes et rien que pour l’immobilier. A celles-ci, il faut ajouter les pertes qui proviennent de la crise économique engendrée pas les différents plans d’austérité.
Article integral sur http://www.marianne2.fr/Crise-europeenne-apres-l-Espagne-ce-sera-l-Italie_a219597.html
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Comment la gauche troque le social contre le néoliberalisme
Laurent PINSOLLE
La gauche n'est plus ce qu'elle était. C'est le constat fait par Laurent Pinsolle, notre blogueur associé, qui s'appuie sur des articles du «Monde» pour dénoncer les vices, selon lui, de «cette gauche avocate du néolibéralisme».
C’est un des paradoxes de notre vie politique que de voir une partie importante de la gauche défendre mordicus le néolibéralisme le plus antisocial. Entre un PS qui veut augmenter le SMIC de 2% et Le Monde qui annonce qu’augmenter le SMIC détruit des emplois, cette « gauche » surprend.
La mondialisation invente la gauche antisociale
Pour un peu, le journaliste aurait dénoncé l’attachement conservateur aux acquis sociaux des syndicats ! Pas un mot sur la concurrence déloyale d’un certain nombre de compagnies, qu’elles soient issues de pays produisant du pétrole et qui ont fait des compagnies aériennes un axe de leur développement économique ou de toutes les compagnies qui profitent des salaires beaucoup plus bas des pays en voie de développement pour tailler des croupières à la compagnie…
De même, le Monde a publié une interview sidérante pour un journal qui se dit de gauche, dénonçant toute augmentation du Smic au-dela de l’inflation, affirmant que nous avions trop augmenté les salaires dans les dernières années, que cette augmentation détruit des emplois, du fait de la mondialisation. Bref, le Medef peut être content, le quotidien de référence de la gauche reprend un à un ses arguments. Dans un monde mondialisé, il n’est pas possible de monter les salaires en France.
Le monde des bisounours
Mais ce qui est incroyable avec cette interview, c’est l’incapacité de cette gauche à se poser des questions un peu plus fondamentales sur la mondialisation. S’il est impossible de monter les salaires dans ce cadre mondialisé, étant donné les écarts colossaux avec des pays proches (Afrique du Nord, Europe de l’Est), n’y-a-t-il pas carrément un risque de baisse de salaires, comme ce qui se passe dans les pays les plus en difficulté de la zone euro, en Grèce ou au Portugal ?
Et surtout, ceci est-il tout simplement acceptable ? Ne faut-il pas remettre en cause cette mondialisation qui promeut une casse sociale dans nos pays et qui interdit toute progression des salaires pour les classes populaires et moyennes ? Il est curieux que cette gauche n’en vienne pas à se poser cette question. La croissance laisse actuellement 90% de la population sur le bord du chemin. Une petite minorité conserve l’essentiel des profits du peu de croissance qui nous reste.
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Le PS veut-il vraiment réindustrialiser la France ?
Francis Journot fait partie de l'association citoyenne «vêtements made in france». Dans une lettre envoyée au PS et relayée par le blog économique et social, il s'interroge : en cas de victoire, le parti d'opposition lancera-t-il de grands projets industriels pour créer des emplois ?
La sauvegarde de notre industrie et de nos emplois est au coeur des préoccupations des Français et pourrait devenir un enjeu majeur de l’élection présidentielle de 2012.
En cas de victoire, le parti socialiste poursuivra t-il la désindustrialisation entamée depuis plusieurs décennies ou soutiendra t-il de grands projets industriels manufacturiers créateurs d’emplois ?
Trois décennies de désindustrialisation : entre supercherie, incompétence et inconscience
Depuis 35 ans, nos élites économiques et politiques, de Valery Giscard d’Estaing à Nicolas Sarkozy ou de Raymond Barre à Christine Lagarde, ont répété que la France devait accepter d’abandonner les emplois de production aux pays émergents.
Dés les années 70, les gouvernements successifs ont promis aux jeunes générations, des emplois propres, bien rémunérés, moins contraignants, qui seraient offerts en nombre suffisant, par les services et les R&D (Recherche et développement, ndlr).
L’industrie assurait alors le plein emploi avec un chômage qui ne touchait que 2 % ou 3 % de la population active et le budget de la France n’était pas déficitaire.
Plusieurs dizaines d’années plus tard, la ministre de l’économie, Christine Lagarde n’a tiré aucun enseignement de l’échec de cette désastreuse politique économique et déclarait sur Radio France, le 14 août 2008 : «Il ne serait pas sérieux de vouloir récupérer les industries ne nécessitant pas une main d’œuvre extrêmement qualifiée» ou «que les biens de consommation de base soient fabriqués en Chine, n’est pas le plus grave».
Certes, il est indispensable d’investir dans les technologies du futur, mais cela ne nous autorise pas à sacrifier une industrie manufacturière qui fournissait du travail à des millions d’ouvriers. De plus, l’effet multiplicateur de ces emplois industriels sur les emplois locaux, permettait le développement de territoires entiers, devenus aujourd’hui exsangues.
Pourtant, nous continuons à offrir ces activités de main d’œuvre aux pays émergents pour favoriser l’achat d’armement, de centrales nucléaires, d’avions et d’autres produits de grands groupes français, pour le plus grand bonheur de quelques dirigeants et gros actionnaires proches du gouvernement.
Par ailleurs, nous devons « consommer moins pour consommer mieux » pour préserver la planète et il est irresponsable de se satisfaire du consumérisme provoqué par l’importation d’articles bas de gamme, qui voyagent parfois 30 000 kilomètres pour finir dans nos poubelles après 2 ou 3 lavages ou usages.
Pendant son ministère, Christine Lagarde a préféré avant tout miser sur l’industrie aéronautique qui vient de bénéficier d’une aide de 2 milliards d’euros, sur l’industrie automobile qui délocalise à tour de bras après avoir également bénéficié de plusieurs milliards d’euros d’aides et sur des pôles de développement de très hautes technologies comme les biotechnologies et les nanotechnologies, qui créent, assurément des emplois à très forte valeur ajoutée, mais en nombre très restreint.
Ce discours utopiste ciblant principalement une industrie d’élite, est dépassé car chaque année, 1 500 000 ingénieurs indiens et chinois, sont formés, parfois dans nos écoles et par nos enseignants ou chercheurs, et s’approprient notre avance technologique issue de 50 années de recherches.
Aujourd’hui, la majorité des produits technologiques sont déjà fabriqués en Asie et lorsque nous vendons des centrales nucléaires ou des avions, nous devons, de plus en plus souvent, les réaliser sur place, en partenariat avec un pays émergent acheteur et cela crée peu d’emplois en France. Ainsi, nous offrons notre technologie souvent pour le prix dérisoire d’une commande et à ce rythme, bientôt, il ne nous restera guère d’activité industrielle.
Le maintien de l’emploi industriel plébiscité
Nous oeuvrons pour la réalisation d’un important projet industriel manufacturier et commercial depuis plus de 5 ans. Ce projet porteur de nombreux emplois, a été soumis à Christine Lagarde lorsqu’elle était ministre de l’Economie, puis à Augustin De Romanet De Beaune, Directeur général de la CDC (Caisse des Dépôts et Consignations) et à Nicolas Sarkozy, Président de la République, mais les réponses n’ont pas permis une avancée significative du dossier. Pourtant, la plupart de nos concitoyens ont compris depuis longtemps et souvent au prix de leurs emplois, que les secteurs des services et des R&D, ainsi que la production des nouveaux produits issus de ces recherches, sont, à l’exception des services à la personne, souvent délocalisables et ne permettront jamais de remplacer les millions d’emplois industriels perdus et les millions d’autres emplois locaux qui étaient liés à ces activités.
Une enquête du CREDOC, de mai 2011, souligne l’inquiétude des français et démontre l’intérêt des consommateurs pour l’industrie française : 73 % des français déplorent le déclin de l’industrie et sont convaincus que le développement de la France ne peut se passer du secteur industriel et 64 % sont prêts à payer plus cher des produits industriels « made in France », au lieu de 44 % il y a 5 ans.
Le grand emprunt créera-t-il des emplois ?
considérablement notre dette.
Lors de sa conférence du 27 juin 2011 à propos du grand emprunt, rebaptisé « investissements d’avenir », Nicolas Sarkozy s’est obstiné à poursuivre la désindustrialisation de notre pays et nous a confirmé son dédain pour l’industrie de l’habillement, qui pourtant, représente un chiffre d’affaires de plus de 40 milliards d’euros en France et 1 000 milliards d’euros dans le monde, mais appartient selon lui, au 19ème siècle.
Les R&D coûtent déjà 25 milliards d’euros par an aux contribuables, mais ne débouchent que rarement sur une production en France, pourtant ce secteur bénéficiera de la quasi-totalité des fonds dédiés. Les filières industrielles innovantes, parfois situées hors de l’hexagone, obtiendront des subsides de l’état français, mais les industries manufacturières traditionnelles produisant encore en France, potentiellement créatrices de nombreux emplois, ne recevront aucune aide.
Les R&D sont indispensables à notre croissance et à notre développement, mais peut-être conviendrait-il d’investir aussi sur le présent, car l’impact immédiat du grand emprunt sur l’économie et l’emploi en France, risque, selon plusieurs économistes, d’être inexistant.
Si l’on considère que, les fruits des coûteux travaux de R&D, sont souvent, rapidement copiés par des pays concurrents ou, leur sont parfois généreusement offerts, et que les produits issus des recherches, sont, par avidité, la plupart du temps immédiatement fabriqués hors de notre territoire, on peut aussi émettre de sérieux doutes sur la future et hypothétique efficacité économique, dans 15/20 ans, de ce grand emprunt. Il n’est pas certain que ce grand emprunt de 35 milliards soit plus efficace que le précèdent plan de relance de 34 milliards qui n’a sauvegardé ou créé que 18 000 à 72 000 emplois, avec un coût par emploi exorbitant, aggravant ainsi notre dette.
Renouer avec une politique industrielle créatrice d’emploi
Aujourd’hui, la plupart des pays occidentaux déclinent au rythme de la disparition de leurs industries et n’auront désormais plus les moyens d’être sélectifs dans leurs choix de production. Ils devront impérativement produire une plus grande part des biens nécessaires à leur consommation intérieure pour équilibrer leur balance commerciale, contenir le nombre de chômeurs et limiter les déficits publics.
La France affiche au premier semestre 2011, un déficit extérieur record de 37.5 milliards d’euros, probablement plus de 80 milliards à la fin de l’année et la croissance est atone. Le chômage continue d’augmenter malgré 200 000 ou 300 000 radiations mensuelles. Pole Emploi compte 5 millions d’inscrits et le RSA concerne 1.9 million de personnes.
L’absence de politique industrielle réaliste et le chômage qui en résulte, sont responsables d’une part importante de nos déficits publics, dont plus de 100 milliards de dépenses pour l’emploi par an.
Nous ne pouvons plus nous permettre d’être aussi élitistes et devons cesser de rêver à une fabrication exclusive de produits à haute valeur ajoutée ou hautement technologiques.
Peut-être est-il temps de reconnaître nos erreurs pour revenir à une vraie politique industrielle et nous ne devons pas attendre que notre pays s’enfonce davantage dans la crise.
Viabilité d’une production industrielle dans les pays occidentaux
Souvent, afin de justifier les délocalisations, le gouvernement de Nicolas Sarkozy et les industriels invoquent des coûts salariaux trop élevés en France, mais ceux-ci sous-estiment fréquemment les surcoûts. Au final, les différentiels de coûts entre un pays développé et un pays d’Asie sont souvent faibles
Etude McKinsey .
Dans bon nombre de cas, les coûts salariaux ne sont pas vraiment déterminants et la délocalisation de l’activité n’est pas vitale pour la survie de l’entreprise. D’autres raisons animent parfois les dirigeants, parmi lesquelles le recours à la main d’œuvre plus docile et moins syndicalisée des pays émergents et dans les PME, le découragement, face à une administration française jugée peu compréhensive et des banques peu solidaires.
Certes, les donneurs d’ordres uniquement motivés par les gains de coûts et peu regardants sur la qualité, l’age des ouvrières et les conditions de travail, peuvent, même si l’on ajoute les surcoûts, faire des économies très conséquentes.
Il y a sur le continent asiatique, une grande disparité de salaires et ces nouveaux esclavagistes peuvent toujours trouver encore et toujours moins cher. Les grandes usines chinoises qui ont pignon sur rue ont dû, suite aux grèves, augmenter plusieurs fois les salaires mais il y a encore des dizaines de millions d’ouvrières, notamment
en Inde et au Bangladesh, qui sont corvéables à merci, dont parfois des gamines de 12 ou 14 ans travaillant 14 à 16 heures par jour et six à sept jours par semaine avec une rémunération journalière de 1 à 2 euros.
Effectivement, si les boutiques occidentales vendaient les vêtements à des prix en rapport avec ces coûts salariaux presque inexistants, il serait évidemment impossible d’être concurrentiel en fabriquant en France, mais c’est loin d’être le cas !
Lorsqu’une enseigne de prêt-à-porter moyen de gamme ou auto proclamée haut de gamme ou luxe, opte pour la fabrication de vêtements à bas prix et produit ou achète par exemple, un article pour 1 euro en Chine ou en inde, celui-ci n’est pas pour autant revendu 3 ou 4 euros en boutique.
En réalité, le prix de vente dépend davantage du positionnement marketing de la marque et de ses ambitions que du coût réel de fabrication du vêtement et la cliente doit débourser 25, 50 ou 100 euros pour cet article de qualité souvent médiocre.
Ainsi la consommatrice perd du pouvoir d’achat car ce niveau de prix aurait pu naguère, lui permettre, d’acheter un article de meilleure qualité, fabriqué en France. En revanche, l’enseigne prospère très rapidement au frais de sa clientèle et s’offre généralement avec les économies réalisées sur les coûts de fabrication, de nombreuses et coûteuses campagnes de publicité, et des dizaines, centaines ou milliers de nouvelles boutiques ou mégastores qui enrichissent démesurément les actionnaires et fonds d’investissement.
Avant la délocalisation massive de l’industrie du textile habillement, afin que leurs prix soient concurrentiels, les boutiques appliquaient le plus souvent, un coefficient multiplicateur entre 2.2 et 3.5 au prix d’achat hors taxes payé à l’usine de vêtements. En clair, la moitié ou le tiers du prix payé par la consommatrice était constitué par le coût consacré réellement à la fabrication du vêtement et lorsqu’un article était soldé, le coût de fabrication représentait couramment 2/3 du prix acquitté.
Aujourd’hui, il n’y a aucun repère et la plupart du temps les consommatrices sont abusées.
Chez les chaînes de magasins proposant des articles à prix bas ou modérés, les consommatrices ont le sentiment de pouvoir consommer davantage qu’auparavant, mais il n’est pas non plus certain qu’elles aient gagné du pouvoir d’achat car ces produits importés sont souvent rapidement hors d’usage ou démodés et doivent être renouvelés en permanence. Les groupes de distribution l’on bien compris et savent également qu’une profusion d’articles à bas prix génère l’achat d’une plus grande quantité de produits, parfois inutilisés.
L’achat impulsif remplace l’achat réfléchi et ces temples du consumérisme connaissent maintenant l’apogée.
Les Etats-Unis, pourtant au cœur du processus de mondialisation, envisagent maintenant la relocalisation : dans l’article «
Moving back to America », publié sur
The economist, le 12 mai 2011, le BCG (Boston Consulting Group), nous informe que la convergence des salaires américains et chinois, pourrait favoriser une relocalisation de l’industrie aux Etats Unis à l’horizon 2015 et prédit un nouvel avenir pour l’industrie américaine.
Notre voisin allemand, dont la croissance repose sur son modèle industriel et dont le coût de main d’œuvre est proche du notre, a su préserver sur son territoire, une plus grande part de son industrie et reste le deuxième exportateur mondial de biens.
Des économistes compétents tentent de nous faire prendre conscience des dangers liés à la perte d’industrie manufacturière. Parmi eux, Dani Rodrik, professeur d’économie politique internationale à Harvard, dont l’article publié sur le site remarquable «
Project Syndicate » le 8 août 2011, démontre
la nécessité de conserver une industrie manufacturière.
La production en France d’une grande part de nos biens de consommation pourrait être économiquement viable et notre projet a rencontré un bon accueil lors de sa publication :
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Un plan de sauvetage pour l’industrie manufacturière
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« L’emploi industriel ? On dirait qu’ils s’en foutent … »
Recréer 500 000 à 1 million d’emplois
Notre projet prévoit un intéressement motivant qui valoriserait ces emplois industriels et en augmenterait considérablement l’attractivité.
Le mode de financement de l’entreprise et la structure de son capital social, permettraient d’offrir aux salariés, des avantages financiers semblables à ceux d’une coopérative, mais sans nécessiter d’investissement personnel.
Par ailleurs, cette politique de rémunération renforcerait la cohésion dans l’entreprise et atténuerait considérablement les risques de conflits sociaux.
Ces intéressantes perspectives d’emplois seraient offertes à des personnels qualifiés, riches d’un savoir-faire, mais aussi des personnels jeunes et sans formation, souhaitant acquérir un métier dans une entreprise qui n’aurait pas vocation à délocaliser et qui leur assurerait longtemps du travail.
La mise en œuvre de notre modèle économique pourrait susciter un formidable espoir, et offrir un nouvel horizon à des français abandonnés par l’état. Nous pourrions également créer des synergies avec le projet d’emplois jeunes du programme socialiste.
En 10 à 20 ans, avec un mode de gestion adapté à nos coûts de production plus élevés, notre pays, ancienne patrie de la mode, pourrait récupérer 1 à 2 % de la fabrication mondiale de vêtements et créer 125 à 250 000 emplois et encore au moins 125 000 dans la fabrication d’autres biens de consommation. Si l’on ajoute les emplois indirects et induits générés grâce à ces nouvelles activités industrielles régionales, au total, ce sont 500 000 à plus de 1 million d’emplois qui pourraient être créés.
Une réelle volonté politique sera indispensable
Lors d’une interview sur BFM le 6 juillet 2011, Jérôme Cahuzac, député PS, président de la commission des finances et soutien de François Hollande«
la prochaine mandature devra être la mandature de la réindustrialisation si nous souhaitons que la France retrouve son rang », et ajoutait : «
le vrai mal français, c’est que les usines s’en vont ».
François Hollande, fidèle au dogme socialiste, a souvent prôné plus de mondialisme et d’importations «
pour aider les pays du sud ».
Compte tenu du déficit record de la balance commerciale et d’une crise s’aggravant chaque jour, l’ancien Premier secrétaire du PS prendra t-il enfin en compte l’opinion des ouvriers et de la majorité de français qui souhaitent que l’on récupère notre industrie manufacturière ?
Martial Bourquin, Sénateur PS et Président de la commission du Sénat pour la reindustrialisation créée à son initiative, a rendu son rapport en juin 2011, au terme de onze mois de travaux. D’importantes divergences ont opposé les sénateurs socialistes au groupe de sénateurs majoritairement à droite et le rapport final de cette mission n’a pas été signé.
Cette propension à défendre notre industrie pourrait peut-être préfigurer une politique industrielle plus volontariste des élus du Parti Socialiste.
Dans notre article du 25 mai 2011,
Un plan de sauvetage pour l’industrie manufacturière, nous avons évoqué la possibilité d’une renaissance de l’industrie manufacturière française facilitée par l’augmentation des salaires dans les pays émergents et les coûts croissants du transport. Martine Aubry partage semble-il, notre analyse et a présenté ces mêmes arguments lors d’une interview, le 21 août 2011 sur
BFM TV.
L’ancienne ministre du travail a également recommandé : «
il faut remettre l’industrie au cœur de notre développement » et cité «
les textiles innovants ».
Cependant, le marché des textiles techniques est un marché de niches avec une production de petites quantités de produits à forte valeur ajoutée qui emploie à peine 19 000 personnes. Ce marché des textiles innovants, brandi depuis plus de 20 ans par la plupart des personnalités politiques dont Nicolas Sarkozy, comme le remède miracle à la délocalisation du textile habillement, reste malgré tout peu créateur d’emploi.
Par ailleurs, si les ventes explosaient, il est à craindre que les plus grosses entreprises, souvent bénéficiaires du financement en R & D de l’état, s’empressent encore de délocaliser. Peut-être conviendrait t-il de soumettre l’obtention de financement en R & D, à l’engagement à ne pas délocaliser. Certes, cela va à l’encontre d’une politique gouvernementale qui encourage les délocalisations. René Ricol, Commissaire général du grand emprunt de 35 Milliards, a expliqué sur BFM Business, que dans le contexte de globalisation, il devait aussi investir l’argent du contribuable français dans les R & D de sociétés situées à l’étranger !
Au cours de son interview, Martine Aubry a ajouté : « il faut aussi relocaliser un certain nombre d’activités », sans toutefois préciser clairement si elle incluait des industries manufacturières traditionnelles comme celles du textile habillement et du meuble. Pourtant, seuls des marchés de masse sont susceptibles de générer les millions d’emplois industriels indispensables à la santé économique et sociale d’un pays de 65 millions d’habitants.
Nous pensons que la réindustrialisation de la France est surtout affaire de volonté politique et nous ne devons plus feindre de croire que l’invention de quelques produits innovants à forte valeur ajoutée, suffira à compenser la disparition des grandes industries manufacturières.
De plus les produits innovants les plus prometteurs sont souvent acquis par des fonds d’investissement qui délocalisent systématiquement la production dans les pays émergents.
Croissance industrielle et consommation d’importations
Il est, avant toute autre considération, du devoir d’un gouvernement et plus encore d’un gouvernement de gauche, de permettre l’insertion professionnelle du plus grand nombre de citoyens, notamment en favorisant la relance d’industries susceptibles d’offrir des emplois aux millions d’ouvriers et techniciens au chômage. En effet, il convient de baser davantage notre croissance sur une production industrielle créant des emplois plutôt que sur la consommation d’une multitude de produits importés qui n’en crée pas et nous endette.
L’emploi, thème de campagne qui a permis la victoire des socialistes en 1981, demeure encore aujourd’hui la principale préoccupation de nos concitoyens.
Certes, compte tenu de la dette, le PS ne peut raisonnablement envisager une création massive d’emplois dans le secteur public comme il l’a fait en 1981.
Face à Nicolas Sarkozy qui a anéanti notre industrie manufacturière et n’est plus crédible en matière d’emploi industriel, le Parti Socialiste adoptera t-il notre projet économique de relance de l’industrie manufacturière des biens de consommation ?
La croissance de la France est de plus en plus dépendante d’une consommation des ménages payée à crédit et financée par la dépense publique.
Le Parti Socialiste est il prêt à opter pour un modèle de croissance à la fois plus industriel et moins consumériste ?
Verrons-nous enfin en 2012, un gouvernement disposé à renouer avec l’industrie manufacturière, pour recréer des emplois, sauvegarder nos régimes de protection sociale, rétablir notre balance commerciale, augmenter notre croissance et réduire nos déficits ?
Souhaitons que le PS manifeste plus d’intérêt que Nicolas Sarkozy, pour une renaissance de l’industrie manufacturière française des biens de consommation et que l’emploi industriel, enjeu économique et social majeur pour l’avenir de la France, soit au cœur des débats lors de la prochaine campagne pour l’élection présidentielle.
Francis JOURNOT
Associations citoyennes www.vetements-made-in-france.com, www.international-convention-for-minimum-wage.org , www.rendez-nous-notre-industrie.com , Collectivité Nationale
Mouvement associatif "Rendez-nous notre industrie ! "