Depuis 35 ans, nos élites économiques et politiques, de Valery Giscard d’Estaing à Nicolas Sarkozy ou de Raymond Barre à Christine Lagarde, ont répété que la France devait accepter d’abandonner les emplois de production aux pays émergents.
Dés les années 70, les gouvernements successifs ont promis aux jeunes générations, des emplois propres, bien rémunérés, moins contraignants, qui seraient offerts en nombre suffisant, par les services et les R&D.
L’industrie assurait alors le plein emploi avec un chômage qui ne touchait que 2 % ou 3 % de la population active et le budget de la France n’était pas déficitaire.
Plusieurs dizaines d’années plus tard, la ministre de l’économie, Christine Lagarde n’a tiré aucun enseignement de l’échec de cette désastreuse politique économique et déclarait sur Radio France, le 14 août 2008 : «Il ne serait pas sérieux de vouloir récupérer les industries ne nécessitant pas une main d’œuvre extrêmement qualifiée» ou «que les biens de consommation de base soient fabriqués en Chine, n’est pas le plus grave».
Certes, il est indispensable d’investir dans les technologies du futur, mais cela ne nous autorise pas à sacrifier une industrie manufacturière qui fournissait du travail à des millions d’ouvriers. De plus, l’effet multiplicateur de ces emplois industriels sur les emplois locaux, permettait le développement de territoires entiers, devenus aujourd’hui exsangues.
Pourtant, nous continuons à offrir ces activités de main d’œuvre aux pays émergents pour favoriser l’achat d’armement, de centrales nucléaires, d’avions et d’autres produits de grands groupes français, pour le plus grand bonheur de quelques dirigeants et gros actionnaires proches du gouvernement.
Par ailleurs, nous devons « consommer moins pour consommer mieux » pour préserver la planète et il est irresponsable de se satisfaire du consumérisme provoqué par l’importation d’articles bas de gamme, qui voyagent parfois 30 000 kilomètres pour finir dans nos poubelles après 2 ou 3 lavages ou usages.
Pendant son ministère, Christine Lagarde a préféré avant tout miser sur l’industrie aéronautique qui vient de bénéficier d’une aide de 2 milliards d’euros, sur l’industrie automobile qui délocalise à tour de bras après avoir également bénéficié de plusieurs milliards d’euros d’aides et sur des pôles de développement de très hautes technologies comme les biotechnologies et les nanotechnologies, qui créent, assurément des emplois à très forte valeur ajoutée, mais en nombre très restreint.
Ce discours utopiste ciblant principalement une industrie d’élite, est dépassé car chaque année, 1 500 000 ingénieurs indiens et chinois, sont formés, parfois dans nos écoles et par nos enseignants ou chercheurs, et s’approprient notre avance technologique issue de 50 années de recherches.
Aujourd’hui, la majorité des produits technologiques sont déjà fabriqués en Asie et lorsque nous vendons des centrales nucléaires ou des avions, nous devons, de plus en plus souvent, les réaliser sur place, en partenariat avec un pays émergent acheteur et cela crée peu d’emplois en France. Ainsi, nous offrons notre technologie souvent pour le prix dérisoire d’une commande et à ce rythme, bientôt, il ne nous restera guère d’activité industrielle.
Francis JOURNOT
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