L’Italie fait d’immenses efforts de rigueur et a un budget en excédent si l’on oublie les intérêts de la dette. Si son taux d’emprunt était comme celui de l’Allemagne de 1%, elle serait en excédent budgétaire. Avec les taux d’emprunt de 7% qu’elle doit supporter à cause des problèmes de la zone euro, l’Italie est en déficit budgétaire de 4% de son PIB et sa population doit souffrir des budgets de rigueur sans cesse renouvelés.
A l’exception de l’Allemagne, les grands pays européens souhaitent que l’on fasse baisser les taux d’emprunt de l’Italie et de l’Espagne en utilisant notamment l’argent gratuit émis par la Banque Centrale Européenne pour faire baisser ces taux d’emprunt. Les Etats-Unis pratiquent cette politique depuis 2009 et 80% des emprunts publics de l’Etat américain sont souscrits par la Banque Centrale américaine à des taux aujourd’hui proches de 1%. Si l’Italie avait sa banque centrale, elle pourrait faire de même et se retrouverait en excédent budgétaire. Mais l’Allemagne, sous prétexte de règles qu’elle a imposées (et que nous avons imprudemment acceptées) lors de la création de l’euro, refuse à l’Italie et à l’Espagne cette facilité. En revanche, grâce aux problèmes de ses voisins, elle sert de pays d’accueil à l’argent en quête de refuge et emprunte à taux très bas, proches de 1%.
L'HYPOCRISIE ALLEMANDE
Ces règles empêchent donc maintenant des pays comme l’Italie et l’Espagne de sortir de leur crise économique. Elles doivent être changées sinon cela signifierait que l’Allemagne ne souhaite aucunement aider ses partenaires à se sortir de leurs problèmes. Quels sens cela a-t-il de partager une monnaie entre pays s’il n’y a aucune volonté de s’entraider ? Il n’y a d’ailleurs pas de transferts budgétaires entre pays prospères et pays en difficultés (on rappellera que les prêts du FESF sont juste là pour se substituer aux prêts bancaires, les banques ne voulant plus prêter aux pays du Sud : ces prêts ne sont pas presque jamais de l’argent frais).
L’argument de l’Allemagne pour ne pas changer les règles est que le fait d’utiliser de l’argent gratuit de la BCE pour faire baisser le taux des emprunts espagnols et italiens créerait de l’inflation. Or, l’Allemagne a accepté que la BCE prête 1000 Milliards d’euros aux banques à un taux de 1% pour les aider. L’Allemagne n’a donc pas ce genre de considération d’inflation dans le cas de prêts aux banques avec l’argent gratuit de la BCE aux banques. D’autre part, la politique de prêt de la Banque Centrale Américaine n’a, semble-t-il, pas créé d’inflation depuis 2009.
EGALITE, FRATERNITE
En fait, on peut suspecter l’Allemagne par le corset des règles qu’elles imposent aux autres pays de la Zone Euro, de chercher à renforcer son pouvoir sur l’Europe en imposant sa politique économique très libérale et en affaiblissant les autres pays. Un certain rêve de Grande Allemagne dominant l’Europe se dessine derrière cette politique de blocage de toutes solutions réalistes aux problèmes de l’Euro. (Une politique de relance avec l’argent gratuit de la BCE serait aussi possible mais est bien sûr empêché par les fameuses règles allemandes).
Notre pays n’a aucun intérêt à être la complice dormante de l’Allemagne dans cette politique qui tue peu à peu l’économie de l’Espagne et de l’Italie après avoir fini de ruiner la Grèce et le Portugal. Un quart de la population au chômage en Espagne et en Grèce, 50% des jeunes au chômage dans ces 2 pays : ceci est scandaleux et absolument injustifiable ; cela signifie que la théorie et la pratique économique de l’Europe sous la houlette de l’Allemagne est une catastrophe pour les populations.
La France n’a pas à participer à de telles politiques de répression économique et d’humiliation des peuples. François Hollande devrait en tirer les conclusions. Conserver l’Euro dans ces conditions, c’est faire souffrir les populations de façon absolument inutile. La France doit entamer un bras de fer avec l’Allemagne et menacer de sortir de l’Euro avec l’Italie et l’Espagne si les règles ne sont pas changées. En effet, l’Allemagne a tout à perdre d’une explosion de l’euro car elle souffrirait une baisse de son PIB de 7% : le Deutsche Mark se renchérirait de 25% par rapport au Franc et de 40 à 50% par rapport à la Lire ou la Peseta et les BMW, Mercedes et autres produits allemands se vendraient évidemment plus mal si leurs prix étaient augmentés entre 25 et 50%.
Egalité et Fraternité seraient-ils de vains mots de notre devise ? Ou bien l’Euro et l’Europe méritent-t-ils tous les reniements et toutes les infamies de nos représentants vis-à-vis des valeurs de la République?